L'actualité mondiale Un regard humain
Des étudiantes mauritaniennes retournent à l'école après plusieurs mois de fermeture des écoles en raison de la COVID-19.

Le virus qui a confiné le monde : la crise de l’éducation

© UNICEF/Raphael Pouget
Des étudiantes mauritaniennes retournent à l'école après plusieurs mois de fermeture des écoles en raison de la COVID-19.

Le virus qui a confiné le monde : la crise de l’éducation

Culture et éducation

Cette année, l'éducation des enfants du monde entier a été gravement perturbée, alors que les écoles ont lutté pour faire face aux fermetures et réouvertures répétées et au passage à la scolarité en ligne, lorsque celle-ci était possible. Les enfants défavorisés ont cependant été les plus touchés par les mesures d'urgence.

Les enfants d'Odisha, en Inde, prennent des cours en plein air par mesure de précaution contre le COVID-19.
UNICEF India

 

L’impact mondial d'une perturbation sans précédent

Les fermetures d'écoles dues à des crises sanitaires ne sont pas nouvelles, du moins dans le monde en développement, et les conséquences potentiellement dévastatrices sont bien connues : perte d'apprentissage et taux d'abandon plus élevés, violence accrue contre les enfants, grossesses d'adolescentes et mariages précoces.

Ce qui distingue la pandémie de Covid-19 de toutes les autres crises, c'est qu'elle a touché les enfants partout et en même temps.

Ce sont les enfants les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus touchés lorsque les écoles ferment. C’est pourquoi les Nations Unies se sont empressées de plaider pour la continuité de l'apprentissage et l'ouverture des écoles en toute sécurité, lorsque cela était possible,quand les pays ont commencé à mettre en place des mesures de confinement.

« Malheureusement, l'ampleur et la rapidité de la perturbation actuelle de l'éducation à l'échelle mondiale est sans précédent et, si elle se prolonge, cela pourrait menacer le droit à l'éducation », a averti en mars la Directrice de l'agence des Nations Unies pour l'éducation (UNESCO), Audrey Azoulay.
 

Une jeune fille de 14 ans suit des cours d'anglais et de sciences à Juba, la capitale du Soudan du Sud.
UNICEF/Helene Sandbu Ryeng

 

Division numérique 

Les étudiants et les enseignants se sont retrouvés aux prises avec une technologie de conférence peu familière, une expérience que beaucoup ont trouvé difficile à gérer, mais qui était, pour beaucoup de personnes vivant en confinement, la seule façon d'assurer la continuité de l'éducation.

Cependant, pour des millions d'enfants, l'idée d'une classe virtuelle en ligne est un rêve inaccessible. En avril, l'UNESCO a révélé des écarts surprenants dans l'enseignement numérique à distance, avec des données montrant que quelque 830 millions d'étudiants n'ont pas accès à un ordinateur.

 Le tableau est particulièrement sombre dans les pays à faible revenu : près de 90% des étudiants d'Afrique subsaharienne n'ont pas d'ordinateur à domicile, tandis que 82% ne peuvent pas se connecter à Internet. 

« Une crise de l'apprentissage existait déjà avant que la Covid-19 ne frappe », a déclaré un responsable de l'UNICEF en juin, ajoutant : « Nous sommes maintenant confrontés à une crise de l'éducation qui divise encore plus et qui s'aggrave ».
 

Soundcloud

 

Cependant, dans de nombreux pays en développement où l'apprentissage en ligne ou par ordinateur n'est pas une option pour la plupart des élèves, la radio a encore le pouvoir d'atteindre des millions de personnes et est utilisée pour maintenir une certaine forme d'éducation. 

Au Soudan du Sud, Radio Miraya, une source d'information très fiable gérée par la mission des Nations Unies dans le pays (MINUSS), a commencé à diffuser des programmes éducatifs pour les nombreux enfants qui, en raison des mesures contre la Covid-19, ne pouvaient pas être en classe.

En République démocratique du Congo, c’est Radio Okapi, la radio de la mission des Nations Unies (MONUSCO), qui a relayé des programmes pédagogiques sur ses ondes.
 

Une fillette de sept ans étudie en ligne chez elle à Kiev, en Ukraine, car les écoles restent fermées en raison de la pandémie de COVID-19.
Photo : ©UNICEF/Filippov

 

Une génération perdue ?

Malgré ces efforts, l'ONU a averti en août que l'impact à long terme de l'interruption de l'éducation pourrait créer une « génération perdue » d'enfants en Afrique. Une enquête de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) portant sur 39 pays d'Afrique subsaharienne a révélé que les écoles étaient ouvertes dans six pays seulement et partiellement ouvertes dans 19.

À la fin de l'année, quelque 320 millions d'enfants à travers le monde étaient toujours exclus des écoles et l'UNICEF s'est senti obligé de lancer un appel aux gouvernements pour qu'ils donnent la priorité à la réouverture des écoles et rendent les salles de classe aussi sûres que possible.

 

Soundcloud

 

« Ce que nous avons appris sur la scolarisation pendant la période de Covid est clair : les avantages de garder les écoles ouvertes, dépassent de loin les coûts de leur fermeture, et les fermetures d'écoles à l'échelle nationale devraient être évitées à tout prix », a déclaré Robert Jenkins, chef de l'éducation mondiale à l'UNICEF.

Selon lui, des politiques plus nuancées sont nécessaires de la part des autorités nationales plutôt que des fermetures générales, alors qu'une grande partie du monde connaît un pic de cas de Covid-19, et que les vaccinations sont toujours hors de portée de la plupart des gens.

« Les faits montrent que les écoles ne sont pas les principaux moteurs de cette pandémie. Pourtant, nous constatons une tendance alarmante, à savoir que les gouvernements ferment une fois de plus les écoles en premier recours plutôt qu'en dernier ressort. Dans certains cas, cela se fait à l'échelle nationale, plutôt que communauté par communauté, et les enfants continuent de souffrir des effets dévastateurs sur leur apprentissage, leur bien-être mental et physique et leur sécurité », a précisé M. Jenkins.