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La paix avec les Palestiniens exige volonté politique et courage, selon Guterres

Scènes de la crise à Gaza en 2014: un Palestinien fouille dans les décombres de sa maison détruite touchée par les frappes israéliennes à Towers Al-andaa - dans le nord de la bande de Gaza (archive)
Phot ONU/Shareef Sarhan
Scènes de la crise à Gaza en 2014: un Palestinien fouille dans les décombres de sa maison détruite touchée par les frappes israéliennes à Towers Al-andaa - dans le nord de la bande de Gaza (archive)

La paix avec les Palestiniens exige volonté politique et courage, selon Guterres

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU a déploré mercredi l’aggravation des tensions dans le territoire palestinien occupé et l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en plaidant pour des négociations politiques significatives. 

« La situation dans le territoire palestinien occupé n’a pas été aussi proche de l’embrasement depuis des années », a déclaré António Guterres à l’ouverture d’une session du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien au siège de l’ONU à New York. 

Rappelant que le matin même, un affrontement lors d’une opération des forces de sécurité israéliennes à Naplouse a fait dix morts et 80 blessés palestiniens, il a observé que 2022 a été l'année la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis que l'ONU a commencé à recenser systématiquement les décès en 2005.   

Chaque nouvelle colonie est un obstacle à la paix 

« Les cycles meurtriers de violence ne cessent de s'accélérer. Les tensions sont très fortes. Et le processus de paix reste au point mort », a-t-il déploré, ajoutant que la situation à Jérusalem/Al-Qods, de plus en plus fragile au milieu des provocations et des actes de violence à l’intérieur et autour des Lieux saints, « irradie l’instabilité dans la région et au-delà ». 

Le chef de l’ONU a réitéré que le statut de Jérusalem ne peut être modifié par des actions unilatérales et que le caractère démographique et historique de la ville doit être préservé. Il a martelé qu’au moment où « le désespoir s’étend dans toute la Cisjordanie occupée et à Gaza, alimentant la colère et le désespoir », « chaque nouvelle colonie est un obstacle supplémentaire sur la voie de la paix ».  

« Cela doit cesser », a-t-il répété, ajoutant que « rien ne justifie le terrorisme » et qu’une nouvelle escalade doit être évitée, en réduisant les tensions et en rétablissant le calme. 

António Guterres s’est aussi dit profondément préoccupé par les récentes mesures punitives prises par Israël à l'encontre de l'Autorité palestinienne à la suite de la résolution de l'Assemblée générale demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l'occupation israélienne.  

« Le temps joue contre nous » 

Ces représailles, selon lui, risquent de déstabiliser davantage l'Autorité palestinienne à un moment où elle est déjà aux prises avec une grave crise financière qui sape sa capacité à fournir des services à la population, alors qu’une autre bouée de sauvetage vitale des Palestiniens, l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), voit son financement stagner, et que s’impose à ses yeux une levée complète des restrictions à la circulation des biens et des personnes à Gaza. 

« Le temps joue contre nous », a-t-il rappelé. « Plus longtemps nous restons sans négociations politiques significatives, plus ces objectifs nous échappent. Ce qu’il faut, c'est la volonté politique et le courage de faire les choix difficiles pour la paix », a dit le Secrétaire général. 

Sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, des Musulmans sortent de la prière du vendredi. Photo: <a href=http://bit.ly/1OWQmYK>Edward Parsons/IRIN</a> (archives)
Edward Parsons/IRIN
Sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, des Musulmans sortent de la prière du vendredi. Photo: <a href=http://bit.ly/1OWQmYK>Edward Parsons/IRIN</a> (archives)

En Israël, des réformes du judiciaire nuisibles aux plus vulnérables 

La veille, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, avait demandé la suspension des changements aux systèmes judiciaire israélien qui pourraient nuire aux droits de l’homme et à l’indépendance de la justice. 

Il s’est dit préoccupé par les réformes législatives examinées actuellement par le parlement israélien, la Knesset, qui, selon lui, « présenteraient de graves risques pour l’efficacité du pouvoir judiciaire à défendre l’Etat de droit, les droits de l’homme et l’indépendance de la justice ».

Les propositions dans leur forme actuelle limiteraient la capacité de la Cour suprême de soumettre une loi à un contrôle judiciaire et nécessiteraient soit une majorité qualifiée de juges, soit même l’unanimité, pour que la plus haute juridiction du pays puisse annuler une loi. Elles permettraient également à la Knesset de rétablir, à la majorité simple, toute loi invalidée par la Cour suprême et limiteraient les bases sur lesquelles les lois pourraient être révisées. De plus, des modifications dans les procédures de nomination des juges exposeraient ce processus à des pressions politiques plus importantes.

« Rompant avec des décennies de pratique établie, une telle loi saperait considérablement la capacité du pouvoir judiciaire à faire valoir les droits individuels et à faire respecter l’Etat de droit en tant que contrôle institutionnel efficace du pouvoir exécutif et législatif », a déclaré Volker Türk.

Il a souligné le risque que ces changements affaiblissent la protection des droits de l’homme pour tous, et surtout pour les communautés et les groupes les plus vulnérables qui sont moins en mesure de faire valoir leurs droits en étant représentés dans les branches exécutive et législative du gouvernement, comme c’est le cas, entre autres, pour les Arabes israéliens, les demandeurs d’asile et les personnes de la communauté LGBTI+. 

Un large consensus est nécessaire

Rappelant l’inquiétude du public et l’ampleur des manifestations contre ces propositions de loi en Israël, Volker Türk a souligné que « les changements qui vont au cœur de la structure constitutionnelle de longue date d’un pays, et qui affectent des garanties institutionnelles bien établies, ne devraient être entrepris qu’après de vastes consultations et avec un large consensus politique et public ».

Après avoir exhorté le gouvernement israélien à suspendre ces projets, le chef des droits de l’homme de l’ONU a ajouté que des changements devraient promouvoir plutôt que diminuer la capacité du pouvoir judiciaire, et des autres branches du gouvernement, à protéger les droits de tous les peuples en Israël.