L'actualité mondiale Un regard humain

Israël-Palestine : l’ONU appelle à mettre fin à la spirale de violence

La porte de Damas, l'une des entrées principales de la vieille ville de Jérusalem
Photo : ONU / John Isaac
La porte de Damas, l'une des entrées principales de la vieille ville de Jérusalem

Israël-Palestine : l’ONU appelle à mettre fin à la spirale de violence

Paix et sécurité

Les Nations Unies ont, de nouveau, fait part, mardi, de leur vive préoccupation face à l’escalade de la violence en Israël et dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est.

Le Secrétaire général de l’ONU s’est dit « gravement préoccupé par les dangereuses escalades » dans le territoire palestinien occupé et en Israël, y compris celle dans la bande de Gaza, « qui aggravent les tensions et la violence à Jérusalem-Est occupée ».

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a également exprimé sa « profonde préoccupation » concernant l’escalade de la violence ces derniers jours.

M. Guterres s’est dit profondément attristé d'apprendre le nombre de plus en plus important de victimes, dont des enfants, suite aux frappes aériennes israéliennes à Gaza, et des victimes israéliennes causées par des roquettes lancées depuis la bande de terre palestinienne. « Les pensées du Secrétaire général vont aux familles des victimes », a dit son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une déclaration de presse publiée le 11 mai.

« Cette escalade en spirale doit cesser immédiatement », a déclaré M. Dujarric, précisant que l’ONU travaille « avec toutes les parties concernées » pour désamorcer cette situation d’urgence. « Nous appelons à redoubler d'efforts pour calmer la situation et éviter toute nouvelle violence », a, pour sa part, déclaré le porte-parole du HCDH, Ruper Colville, lors d’un point de presse mardi à Genève.

« Cessez le feu immédiatement », a, supplié le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, sur Twitter lundi soir, alertant que « nous nous dirigeons vers une guerre à grande échelle ». Selon l’envoyé onusien, les dirigeants de tous bords doivent assumer la responsabilité de la désescalade. « Arrêtez la violence maintenant », a-t-il demandé. 

Roquettes tirées depuis Gaza sur Israël, frappes israéliennes en représailles

Des groupes armés palestiniens ont lancé quelque 250 roquettes vers Israël au cours des dernières 24 heures, blessant au moins 17 civils israéliens.  Le porte-parole du Secrétaire général a qualifié d’« inacceptable » le tir aveugle de roquettes et de mortiers vers des zones de population israélienne.

« L’utilisation d’armes aveugles, telles que les roquettes tirées sur Israël, est strictement interdite par le droit international humanitaire et doit cesser immédiatement », a, pour sa part, déclaré le porte-parole du HCDH.

Les forces de défense israéliennes ont mené en rétorsion des frappes aériennes sur la bande de Gaza. Selon le ministère de la santé de Gaza, 24 Palestiniens, dont neuf enfants et une femme, ont été tués et 103 autres ont été blessés à ce jour.

« Israël doit respecter le droit international humanitaire, en particulier les principes cardinaux sur la conduite des hostilités, à savoir la distinction, la proportionnalité et les précautions », a rappelé M. Colville, ajoutant que « toute attaque, y compris les frappes aériennes, doit être dirigée uniquement contre des objectifs militaires et toutes les précautions possibles doivent être prises pour éviter la mort de civils, les blessures et les dommages aux biens de caractère civil ».

« Les forces de sécurité israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue et calibrer leur recours à la force », a déclaré, de son côté, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.

Le Comité des Nations Unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien s’est, pour sa part, dit alarmé par l'intensification de la force par Israël dans la bande de Gaza. « Il n'y a aucune justification pour la mort d'innocents. Toutes les attaques aveugles contre les civils doivent cesser », a déclaré le Comité dans un communiqué publié lundi soir.

Le droit aux libertés d’expression, d’association et de réunion doit être garanti

Le 3 mai dernier, des heurts ont éclaté dans le quartier de Sheikh Jarrah, proche de la vieille ville à Jérusalem-Est, en marge d’une manifestation de soutien à des familles palestiniennes menacées d’éviction au profit de colons juifs. Depuis plusieurs jours, les violences se sont intensifiées et on abouti à des affrontements sur l’esplanade des Mosquées entre manifestants palestiniens et forces de l’ordre israéliennes.

Selon le Croissant-Rouge palestinien, 915 Palestiniens ont été blessés entre le 7 et le 10 mai à Jérusalem-Est et plus de 200 en Cisjordanie. La plupart de ces personnes ont été blessées par les forces de sécurité israéliennes. Un Palestinien de nationalité israélienne aurait été tué en Israël. A la date du 10 mai, une vingtaine d’Israéliens, dont la majorité appartenaient aux forces de sécurité, auraient également été blessés.

Pour le HCDH, les forces de sécurité israéliennes doivent permettre et garantir l’exercice du droit aux libertés d’expression, d’association et de réunion. « Y compris de ceux qui protestent contre les expulsions », a déclaré, lundi, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui a appelé les autorités israéliennes à garantir le respect de l'égalité des Palestiniens et à les protéger contre les discours de haine et les incitations à la haine.

« Aucune force ne doit être utilisée contre ceux qui exercent pacifiquement leurs droits », a dit M. Colville. « Lorsque le recours à la force est nécessaire, il doit être pleinement conforme aux normes internationales relatives aux droits de l’homme. Cela comprend l'interdiction de l'usage inutile ou disproportionné de la force. Cela n'a pas été le cas ces derniers jours », a-t-il déploré.

« Nous condamnons toutes les violences et toutes les incitations à la violence et aux divisions et provocations ethniques », a déclaré le porte-parole du HCDH.

Eviter les mesures punitives qui punissent l’ensemble de la population civile de Gaza

Le HCDH s’est dit particulièrement préoccupé par l'impact des violences sur les enfants et a réitéré l'appel lancé par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour que les mineurs soient protégés. « Les enfants détenus devraient être libérés », a déclaré M. Colville.

« Israël doit également s’abstenir de prendre des mesures punitives, telles que des bouclages et des restrictions supplémentaires, qui punissent l’ensemble de la population civile de Gaza », a ajouté le porte-parole du HCDH.

« Le coût de la guerre à Gaza est dévastateur et est payé par les gens ordinaires », a rappelé le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland.

Gravement préoccupé par les « perspectives d’une nouvelle déstabilisation », le Comité des Nations Unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a appelé à des « efforts immédiats » pour désamorcer cette situation dangereuse dans le but de mettre un terme à la violence, de protéger la vie de civils innocents et de rétablir le calme.

« Le Conseil de sécurité a des responsabilités particulières à cet égard. Le Conseil doit agir immédiatement pour faire respecter ses résolutions sur la question de Palestine et s'acquitter de ses obligations au titre de la Charte », a dit le Comité.

Présidé par la Chine, le Conseil de sécurité a tenu, lundi matin, une réunion d’urgence sur la situation à Jérusalem-Est qui n’a pas donné lieu à de communication commune de ses 15 membres. « (Le Conseil) ne peut rester paralysé dans cette situation, qui constitue une menace à la paix et la sécurité internationales », a insisté le Comité. A la demande de la Chine, de la Norvège et de la Tunisie, le Conseil de sécurité se réunira à huis-clos mercredi avec la participation de M. Wennesland.