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Une colonie israélienne en Cisjordanie, près de Jérusalem (photo d'archives).

Le Conseil de sécurité est consterné par l’expansion des colonies israéliennes

Photo IRIN/Erica Silverman
Une colonie israélienne en Cisjordanie, près de Jérusalem (photo d'archives).

Le Conseil de sécurité est consterné par l’expansion des colonies israéliennes

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité, réuni lundi pour discuter de la situation au Moyen Orient, a adopté une déclaration déplorant la construction et l’expansion de colonies de peuplement par Israël et appelant les parties au conflit à créer les conditions nécessaires à la promotion de la paix.

Dès le début de la réunion, le Conseil a adopté par consensus cette déclaration, dans laquelle il exprime sa « profonde préoccupation et sa consternation » face à l’annonce par Israël, le 12 février 2023, de la poursuite de la construction et de l’expansion de colonies de peuplement et de la « légalisation » des avant-postes de colonies.

Il ajoute que la poursuite des activités de peuplement israéliennes met gravement en péril la viabilité de la solution des deux États (Israël et Palestine) fondée sur les frontières de 1967.

Les mesures unilatérales entravent la paix

Le Conseil « s’oppose fermement à toutes les mesures unilatérales qui entravent la paix, notamment, entre autres, la construction et l’expansion de colonies de peuplement par Israël, la confiscation de terres palestiniennes et la ‘légalisation’ des avant-postes de colonies, la destruction de maisons palestiniennes et le déplacement de civils palestiniens ».

Il condamne par ailleurs tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terrorisme, et souligne fermement la nécessité pour les parties israélienne et palestinienne de respecter leurs obligations et engagements internationaux.

L’organe de 15 membres appelle toutes les parties de faire preuve « de calme et de retenue », de s’abstenir de tout acte de provocation et d’incitation à la violence, et de toute déclaration incendiaire, dans le but, notamment, « de désamorcer la situation sur le terrain, de rétablir la confiance, de montrer, par leurs politiques et leurs actes, un véritable attachement à la solution des deux États et de créer les conditions nécessaires à la promotion de la paix ».

Une flambée de violence

Lors de la réunion du Conseil de sécurité lundi, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a souligné qu’on assistait « à une flambée de violence, y compris certains des incidents les plus meurtriers depuis près de 20 ans ». « Nous avons vu des signes inquiétants de ce qui nous attend si nous ne parvenons pas à faire face à l’instabilité actuelle », a-t-il ajouté.

Le Coordonnateur spécial s’est dit inquiet de voir les développements sur le terrain continuer sur une trajectoire négative, gagnant à la fois en rythme et en intensité, et a déclaré que les actions unilatérales éloignent encore plus les parties, aggravent les tensions et alimentent le conflit.

À ce jour, 2023 a connu un nombre record de décès et Tor Wennesland a indiqué que depuis sa dernière réunion d’information du Conseil en janvier, 40 Palestiniens et 10 Israéliens ont été tués. « Je suis particulièrement consterné que des enfants continuent d’être victimes de violence et impliqués dans des incidents violents », a-t-il déclaré. « Les enfants ne doivent jamais être la cible de violences, ni utilisés ou mis en danger. »

Un nombre important de victimes palestiniennes a été observé lors des opérations de perquisition et d’arrestation par les forces de sécurité israéliennes et des affrontements avec des Palestiniens armés, y compris en Cisjordanie.

Des enfants palestiniens à la fenêtre de leur maison à Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Des enfants palestiniens à la fenêtre de leur maison à Gaza.

Un leadership responsable est nécessaire de toute urgence

« Des efforts immédiats sont nécessaires pour réduire les tensions, mais le rétablissement du calme n’est pas, en soi, une recette pour le progrès », a-t-il averti, soulignant que l’ONU, ainsi que les partenaires régionaux et internationaux, doivent s’engager intensément avec toutes les parties pour désamorcer la situation.

Un leadership responsable est nécessaire de toute urgence pour éviter les mesures unilatérales, prendre des mesures concrètes pour contrer les tendances négatives et renforcer l’Autorité palestinienne à court terme, a-t-il préconisé.

À cet égard, il a appelé les parties à associer les efforts de sécurité à des mesures politiques susceptibles de mettre fin à la trajectoire actuelle de la violence et de redonner l’espoir d’une fin du conflit et des perspectives d’une solution viable prévoyant deux États.

Du fait que le Ramadan et la Pâque juive coïncident en avril, il a rappelé que des efforts étaient nécessaires pour assurer la paix pendant ces périodes de fêtes religieuses musulmane et juive.

« Prévenir davantage de violence est une priorité urgente, qui nécessite non seulement des mesures de sécurité coordonnées, mais aussi des efforts politiques considérables », a-t-il dit, exhortant les deux parties à éviter de prendre des mesures unilatérales qui pourraient envenimer davantage la situation.

Au bord du désespoir

Lors de la réunion du Conseil, la Commissaire générale adjointe de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Leni Stenseth, a constaté qu’un nombre croissant de Palestiniens sont « au bord du désespoir » après avoir subi les effets de crises mondiales comme la pandémie de Covid-19 et la hausse des prix de l’alimentation.

« Nous pouvons nous attendre à ce que les semaines à venir apportent plus de violence en Cisjordanie », a-t-elle déclaré, en se joignant aux appels à réduire les tensions. « Ce cycle de violence doit prendre fin avant qu’il ne soit trop tard ».

Les conditions actuelles ont rendu les efforts de l’UNRWA vulnérables, interrompant des services essentiels tels que les centres de santé. Notant que les écoles de l’UNRWA sont généralement les seuls refuges pour ceux qui fuient la violence, elle a appelé les parties à respecter le rôle de l’Office dans l’apport d’une aide vitale.

« Les espaces urbains densément peuplés à l’intérieur et autour des camps de réfugiés ne devraient pas être le lieu d’affrontements avec des armes automatiques et des gaz lacrymogènes », a-t-elle dit.

À Gaza, des années de conflit ont isolé la population du reste du monde, a-t-elle souligné. Presque tous les habitants de Gaza dépendent de l’UNRWA pour l’aide alimentaire, et environ la moitié des enfants scolarisés montrent des signes de traumatisme. Elle a ajouté que « les réfugiés palestiniens se sentent abandonnés par la communauté internationale et trouvent dans l’UNRWA et ses programmes l’un des rares socles de stabilité ».

Leni Stenseth a souligné que les besoins connaissent une croissance exponentielle et que les fonds de l’agence n’ont pas augmenté depuis 2013.

« Le statu quo n’est plus viable », a-t-elle conclu. Il est de notre intérêt collectif d’éviter l’implosion de l’UNRWA, a-t-elle plaidé, notant que la contribution de l’Office à la paix et à la sécurité est « extrêmement » rentable et qu’il « ne peut y avoir de paix ou de sécurité dans la région sans le respect des droits de tous ».