L'actualité mondiale Un regard humain

Israël et Palestine : le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à l'arrêt de la spirale de la violence

Un garçon fait du vélo à côté de bâtiments détruits après des attaques israéliennes dans la bande de Gaza, en Palestine, en mars 2022.
© UNRWA/Samar Abu Elouf
Un garçon fait du vélo à côté de bâtiments détruits après des attaques israéliennes dans la bande de Gaza, en Palestine, en mars 2022.

Israël et Palestine : le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à l'arrêt de la spirale de la violence

Droits de l'homme

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a appelé vendredi à mettre fin à la spirale de la violence entre Israéliens et Palestiniens et à lutter contre l’impunité concernant les violations des droits humains.

« Plutôt que de poursuivre les approches ratées de la violence et de la coercition qui ont singulièrement échoué dans le passé, j'exhorte toutes les personnes impliquées à sortir de cette escalade illogique qui ne se termine que par des cadavres, des vies brisées et un désespoir total », a déclaré M. Türk, dans un communiqué de presse. Il a dit craindre que « les récentes mesures prises par le gouvernement israélien ne fassent qu'alimenter de nouvelles violations et abus du droit des droits de l'homme et des violations du droit international humanitaire ».

Il a rappelé que l'année dernière a vu un nombre record de Palestiniens tués en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est – et le plus grand nombre de morts d'Israéliens à l'intérieur d'Israël et en Cisjordanie occupée depuis de nombreuses années.

Prolifération des armes à feu

En 2022, le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies a documenté 151 meurtres de Palestiniens par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, plus un garçon qui a été tué par les forces de sécurité israéliennes ou un colon. Deux autres Palestiniens ont été tués par des colons israéliens. Dans de nombreux cas impliquant les forces de sécurité, il existe de sérieuses inquiétudes quant au recours excessif à la force et aux exécutions arbitraires. Jusqu'à présent cette année, 32 Palestiniens ont déjà été tués en Cisjordanie occupée par les forces de sécurité israéliennes, et deux autres ont été tués par des colons.

En 2022, 24 Israéliens ont été tués à l'intérieur d'Israël et en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, par des Palestiniens, et sept autres ont été tués jusqu'à présent cette année.

Le 29 janvier, les autorités israéliennes ont annoncé des mesures visant à boucler immédiatement les maisons familiales des personnes soupçonnées d'avoir perpétré les attentats des 27 et 28 janvier à Jérusalem-Est occupée, notamment une attaque dans une colonie près d'une synagogue. Plus de 40 personnes, dont des membres de la famille, ont été arrêtées prétendument en relation avec les attaques. Deux familles des agresseurs présumés ont été expulsées de force de leurs maisons.

« Les mesures de punition collective - y compris les expulsions forcées punitives et les démolitions de maisons - sont expressément interdites par le droit international humanitaire et sont incompatibles avec les dispositions du droit international des droits de l'homme », a déclaré M. Türk, pour qui « les projets du gouvernement israélien d’accélérer et d’étendre l’octroi de licences d’armes à feu, avec l’intention déclarée ‘d’ajouter des milliers de civils (israéliens) portant des armes à feu’ – associés à une rhétorique haineuse – ne peuvent que conduire à davantage de violence et d’effusion de sang ».

« Nous savons par expérience que la prolifération des armes à feu conduira à des risques accrus de morts et de blessés tant chez les Israéliens que chez les Palestiniens. Les autorités israéliennes doivent s'efforcer de réduire la disponibilité des armes à feu dans la société », a ajouté le Haut-Commissaire, notant qu’il y a déjà eu plusieurs rapports de violence entre colons israéliens et Palestiniens, en particulier en Cisjordanie occupée au cours de la semaine dernière.

Plutôt que d'alimenter cette spirale de violence qui s'aggrave, M. Türk a exhorté tous ceux qui occupent des fonctions publiques ou d'autres postes d'autorité « à cesser d'utiliser un langage qui incite à la haine de ‘l'autre’ », jugeant que cette haine est « corrosive pour tous les Israéliens, les Palestiniens, toute la société ».

Des enfants se tiennent devant une maison démolie à Beit Sira, un village palestinien du centre de la Cisjordanie.
© UNOCHA
Des enfants se tiennent devant une maison démolie à Beit Sira, un village palestinien du centre de la Cisjordanie.

« L'impunité est monnaie courante »

Le Haut-Commissaire a appelé à des mesures urgentes pour désamorcer les tensions, surtout en veillant à ce que les incidents ayant entraîné des morts et des blessés graves fassent l'objet d'enquêtes conformément aux normes internationales.

« L'impunité est monnaie courante, envoyant le signal que les excès sont autorisés », a-t-il déclaré. « L'obligation en vertu du droit international des droits de l'homme est d'enquêter sur les pertes en vies humaines dans tout contexte d'application de la loi – de manière crédible et efficace – qu'il y ait eu ou non un échange de tirs entre les forces de sécurité et des individus armés ».

Le chef des droits de l’homme a appelé Israël à veiller à ce que toutes les opérations de ses forces de sécurité en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, soient menées dans le plein respect du droit international des droits de l'homme, en particulier des règles régissant l'usage de la force dans les opérations de maintien de l'ordre, rappelant que l'utilisation d'armes à feu n'est autorisée qu'en dernier recours.

« Les populations d'Israël et du territoire palestinien occupé ont besoin que leurs dirigeants travaillent - de toute urgence - pour créer des conditions propices à une solution politique à cette situation prolongée et intenable », a souligné M. Türk.