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Un calme précaire règne aujourd’hui en Syrie mais le pays souffre d’une crise économique profonde

Des enfants se tiennent à l'extérieur de la tente où ils vivent dans un camp isolé du désert du sud de la campagne de Homs, en Syrie.
© UNICEF/Abdulaziz Aldroubi
Des enfants se tiennent à l'extérieur de la tente où ils vivent dans un camp isolé du désert du sud de la campagne de Homs, en Syrie.

Un calme précaire règne aujourd’hui en Syrie mais le pays souffre d’une crise économique profonde

Paix et sécurité

La Syrie connaît actuellement un calme précaire et relatif mais une crise économique profonde affecte durement la population alors que 13 millions de Syriens ont besoin d’une assistance humanitaire, ont expliqué mercredi deux hauts responsables onusiens devant le Conseil de sécurité.

« Les 10 derniers mois ont été les plus calmes de l'histoire du conflit. Les lignes de front ont à peine changé. Mais c'est un calme fragile. Il pourrait s'effondrer à tout moment », a expliqué l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, devant les membres du Conseil de sécurité.

Il a pris pour exemple, le mois dernier, une escalade brutale de la violence autour d'Ein Issa dans le nord-est de la Syrie; une intensification des frappes aériennes attribuées à Israël; des attaques continues de l'EIIL (appelé aussi Daech) dans la zone est et centrale; des bombardements et des frappes aériennes mutuelles dans et autour d'Idlib; et des turbulences dans le sud-ouest du pays.

« C'est aussi un calme très relatif. Des civils continuent d'être tués dans des tirs croisés et des attaques à l’engin explosif improvisé. Et ils continuent de faire face à une série d'autres dangers - instabilité, détentions et enlèvements arbitraires, criminalité et activités de groupes terroristes », a souligné M. Pedersen.

L’Envoyé spécial a également noté que des mesures qui pourraient renforcer la confiance ne sont pas vraiment prises, comme par exemple un accès humanitaire complet et sans entrave ; des progrès concernant les détenus, les personnes enlevées et les disparus; un cessez-le-feu à l'échelle nationale; une approche coopérative et efficace pour lutter contre les groupes terroristes inscrits sur la liste des Nations Unies; des mesures pour créer un environnement sûr, calme et neutre ; des mesures pour faire face à la crise socio-économique.

« En outre, il n'y a pas de discussions politiques entre les Syriens, à part la voie constitutionnelle. Et des élections libres et équitables (…) semblent loin dans le futur », a souligné M. Pedersen.

Il a rappelé que le conflit « est hautement internationalisé, avec cinq armées étrangères actives en Syrie ». « Nous ne pouvons pas prétendre que les solutions sont uniquement entre les mains des Syriens, ou que l'ONU peut agir seule », a-t-il dit. « C’est pourquoi nous avons besoin d’une diplomatie internationale plus sérieuse et plus coopérative ». 

Il a rappelé qu’il continuait de faciliter le Comité syrien chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Une réunion doit avoir lieu à Genève la semaine prochaine, du 25 au 29 janvier, si les conditions liées à la Covid-19 le permettent.

Une profonde crise économique

De son côté, le chef de l’humanitaire de l’ONU a rappelé que les Syriens sont affectés par une profonde crise économique marquée par des prix de denrées alimentaires à des niveaux historiquement élevés et 13 millions de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire.

« Les Syriens commencent 2021 avec une monnaie dont la valeur a considérablement baissé et les prix des denrées alimentaires sont à des niveaux historiquement élevés, en partie parce que les subventions pour des produits clés comme le pain ont été réduites », a déclaré Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, devant le Conseil de sécurité.

En décembre, selon le Programme alimentaire mondial, les prix des denrées alimentaires ont augmenté à nouveau, de 13% par rapport à novembre et de 236% par rapport à décembre 2019.

« Les pénuries de pain se poursuivent dans de nombreux endroits », a souligné M. Lowcock, qui a noté également le recours croissant au travail des enfants. Une famille sur dix déclare devoir compter sur ses enfants pour contribuer au revenu familial. Les pénuries de carburant et les coupures d'électricité en plein hiver « sont une autre manifestation de la profonde crise économique ». 

Treize millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire en Syrie et 10,1 millions de personnes supplémentaires (dont 5,5 millions de réfugiés syriens) dans la région.

Risque d’une nouvelle vague d’infections au coronavirus

L’impact de la pandémie de Covid-19 aggrave la crise économique et il y a des indications que la Syrie pourrait connaître une nouvelle vague d'infections. Les cas signalés dans les zones gouvernementales ont augmenté de 64% entre novembre et décembre.

S’agissant de l’accès humanitaire, M. Lowcock a indiqué que l'ONU n'avait pas été en mesure de procéder à une première mission prévue à travers la ligne de front de Damas à Idlib, les parties des deux côtés restant incapables de s'entendre sur la composition de la mission. 

En attendant, les opérations transfrontalières dans le nord-ouest de la Syrie ont envoyé en moyenne 1.000 camions d'aide par mois en 2020, atteignant 2,4 millions de personnes chaque mois tout au long de l'année. L'opération humanitaire coordonnée par l'ONU a aidé en moyenne 7,6 millions de personnes par mois à travers le pays en 2020, soit une augmentation d'environ 20% par rapport à 2019.