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Le Conseil de sécurité reste divisé sur les responsabilités dans l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

Vue de la salle du Conseil de sécurité de l'ONU.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Vue de la salle du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil de sécurité reste divisé sur les responsabilités dans l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité a examiné lundi la question de l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie, au moment où la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’apprête à rendre ses conclusions sur l’utilisation présumée de produits chimiques toxiques à Douma, le 7 avril 2018.

La Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a déclaré devant le Conseil de sécurité que des « lacunes, incohérences et disparités » demeuraient concernant la déclaration initiale de Damas sur les armes chimiques.

Le représentant syrien a catégoriquement nié l’utilisation d’armes chimiques par son gouvernement, ou même le fait qu’il continuerait d’en posséder, puisque le reste de ses stocks a été « détruit en 2014 en Méditerranée, sur le navire américain MV Cape Ray ». « Il n’y a plus de question en suspens », a-t-il affirmé.

Le rapport présenté devant le Conseil rappelle que la destruction des 27 installations syriennes déclarées de fabrication d’armes chimiques a été vérifiée. La Haut-Représentante s’est ensuite félicité que, conformément à la décision prise par le Conseil exécutif de l’OIAC, des inspections soient en cours dans les installations du Centre d’études et de recherches scientifiques de Barzah et Jamarayah.

Mme Nakamitsu a rappelé que le Secrétariat de l’OIAC a été chargé de mettre en place des arrangements en vue d’identifier les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, notamment dans les cas où la Mission d’établissement des faits détermine l’utilisation avérée ou probable de ces armes.

Plusieurs membres du Conseil, dont le Koweït, le Royaume-Uni et la Bolivie ont plaidé en faveur de la création d’un nouveau mécanisme international d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie pour prendre la relève du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, qui n’avait pu être reconduit en raison du droit de veto exercé par la Fédération de Russie le 24 octobre 2017.

La décision des États parties à la Convention, adoptée en juin dernier, doit maintenant se traduire en termes de moyens accordés à l’OIAC, a exhorté la France. 

Les Pays-Bas ont déploré les « tentatives d’obstruction » de la Fédération de Russie, qui, en exerçant une « pression » budgétaire sur l’Organisation, tenterait d’empêcher la création d’un « mécanisme d’attribution de responsabilités » dans l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.

La délégation russe a en revanche considéré que la « pression » était davantage exercée sur la Syrie. Le défunt Mécanisme d’enquête conjoint était « connu pour son parti-pris et son manque de professionnalisme », a-t-elle avancé. 

La Syrie a également mis en cause l’impartialité de la Mission d’établissement des faits de l’OIAC, chargée de déterminer si des attaques chimiques ont été commises sans chercher à établir les responsabilités. Le représentant syrien a ainsi proposé de revoir la composition de l’équipe d’évaluation afin qu’il y ait « plus de scientifiques et moins d’agents de renseignement ».