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En Syrie, des « lacunes et incohérences » suscitent des interrogations sur l’élimination des armes chimiques

Des armes chimiques auraient été utilisées à Alep, en Syrie, en novembre 2018. (archives)
© UNHCR/Mohamed Jertila
Des armes chimiques auraient été utilisées à Alep, en Syrie, en novembre 2018. (archives)

En Syrie, des « lacunes et incohérences » suscitent des interrogations sur l’élimination des armes chimiques

Paix et sécurité

La cheffe du désarmement de l’ONU a déclaré, mardi, devant le Conseil de sécurité que plusieurs « problèmes en suspens » concernant le programme d’armes chimiques en Syrie ne permettent pas, à ce jour, de confirmer l’élimination complète de ce dernier. 

Dans sa résolution 2118 adoptée le 27 septembre 2013, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait condamné l’emploi d’armes chimiques en Syrie, « qui constitue une violation du droit international », et en particulier l’attaque du 21 août 2013 à la Ghouta au cours de laquelle de nombreux civils ont été tué par un gaz sarin.

Le même jour de l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité, le Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait décidé l'établissement de procédures spéciales pour la destruction rapide du programme d’armes chimiques de la Syrie sous vérification rigoureuse. Le Conseil de sécurité avait souscrit à cette décision et demandé qu’elle soit intégralement appliquée, de la manière la plus rapide et la plus sûre qui soit.

Le Conseil avait, en outre, décidé que Damas devait « s’abstenir d’employer, de mettre au point, de fabriquer, d’acquérir d’aucune manière, de stocker et de détenir des armes chimiques ou d’en transférer, directement ou indirectement, à d’autres États ou à des acteurs non étatiques ».

Le 11 décembre dernier, le Directeur général de l’OIAC, Fernando Arias, avait déclaré au Conseil de sécurité que des progrès avaient été enregistré sur trois « problèmes en suspens » sur la déclaration initiale du gouvernement syrien concernant l’élimination de ses armes chimiques mais que 19 autres demeuraient.

« L'un des problèmes en suspens restants concerne un site de production d’armes chimiques déclarée par l'Autorité nationale syrienne comme n'ayant jamais été utilisé pour la fabrication d’armes chimiques », a déclaré, mardi, Izumi Nakamitsu, la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement.

« Cependant, l'examen de tous les informations et autres documents recueillis par l’équipe d’évaluation de la déclaration (syrienne sur les armes chimiques) depuis 2014, indiquent que la production et/ou la militarisation d'agents neurotoxiques de guerre chimique ont eu lieu sur ce site », a-t-elle précisé.

La Haute Représentante a indiqué au Conseil de sécurité que le Secrétariat technique de l'OIAC a donc demandé à la Syrie de déclarer les types et quantités exacts d'agents chimiques produits et/ou militarisé sur ce site. A ce jour, le Secrétariat technique de l'OIAC n’a pas encore reçu de réponse à sa demande. Par conséquent, il estime qu’à ce stade, « en raison des lacunes, des incohérences et des écarts identifiés non résolue », la déclaration soumise par Damas ne peut être considérée comme précise et complète conformément aux à la Convention sur les armes chimiques.

« Tant que ces problèmes en suspens ne sont pas réglés, la communauté internationale ne peut pas avoir pleinement confiance sur le fait que le programme d’armes chimiques la République arabe syrienne a été éliminé », a réitéré Mme Nakamitsu.

La Haute- Représentante a, de nouveau, souligné qu’il ne peut y avoir « aucune justification pour l'utilisation d’armes chimiques par n'importe qui, n'importe où et en toutes circonstances ».

« L'utilisation de ces armes en toute impunité et sans responsabilité constituent une menace pour la paix et la sécurité et un danger pour nous tous. Il est donc impératif de tenir responsable de tous ceux qui ont utilisé des armes chimiques », a insisté la cheffe du désarmement de l’ONU.