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Le Conseil de sécurité affiche ses divisions sur le nucléaire iranien et l’usage d’armes chimiques en Syrie

Le président des États-Unis, Donald Trump, s'entretient avec le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avant une réunion du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive le 26 septembre
Photo : ONU/Manuel Elias
Le président des États-Unis, Donald Trump, s'entretient avec le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avant une réunion du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive le 26 septembre

Le Conseil de sécurité affiche ses divisions sur le nucléaire iranien et l’usage d’armes chimiques en Syrie

Paix et sécurité

Lors d’une réunion consacrée mercredi à la non-prolifération des armes de destruction massive, les membres du Conseil de sécurité ont affiché leurs divisions sur le nucléaire iranien et l’usage d’armes chimiques en Syrie.

La réunion était présidée par le Président des Etats-Unis, Donald Trump, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de septembre.

Dans son intervention, le Président américain a rappelé qu’il avait condamné récemment l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques contre son propre peuple, des attaques rendues possibles, selon lui, grâce aux alliés du Président syrien Bachar el-Assad, à savoir la Russie et l’Iran.

C’est aussi, a ajouté le Président américain, l’une des raisons pour lesquelles Washington s’est retiré de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, appelé Plan d’action global commun. Selon M. Trump, il s’agit d’un « accord horrible et déséquilibré », qui permet à l’Iran de continuer sur la voie de la conception d’une bombe atomique.

Suite à leur retrait, les États-Unis ont continué d’imposer des sanctions à titre national à ce pays, qui prendront toute leur force à partir de novembre, et ils en imposeront de nouvelles, « plus sévères que jamais », a déclaré M. Trump, en avertissant que « tout pays qui contournera ces sanctions sera confronté à des conséquences regrettables ». 

Le Président américain s’est ensuite félicité que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’ait pas procédé à des essais nucléaires depuis septembre 2017 ou à des tirs de missiles balistiques depuis novembre de la même année. Tout en saluant les progrès accomplis par Pyongyang, il a souligné l’importance de les consolider, en « mettant en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité jusqu’à une dénucléarisation complète de la péninsule ». 

M. Trump a annoncé « d’excellentes nouvelles en provenance de la RPDC » dans les mois à venir, à la suite de « nombreuses choses » qui se passent « derrière la scène, inconnues des médias », mais « très positives ».

Le président français Emmanuel Macron prend la parole à la réunion du Conseil de sécurité sur  la non-prolifération des armes de destruction massive.
Photo : ONU/Manuel Elias
Le président français Emmanuel Macron prend la parole à la réunion du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive.

La France constate les divisions du Conseil

Pour sa part, le Président français, Emmanuel Macron, a constaté les divisions du Conseil sur les dossiers du nucléaire iranien et de l’usage d’armes chimiques par le régime syrien.

Le régime de non-prolifération repose sur des concessions mutuelles, des interdépendances et une confiance réciproque, a-t-il dit. « Notre responsabilité, c’est de préserver et de renforcer ce régime. »

Le Président français a apporté son soutien à l’initiative prise par le Président des États-Unis de dialoguer avec le Président nord-coréen, tout en invitant le Conseil à ne perdre de vue que la RPDC continue de représenter une menace nucléaire et balistique pour le monde. « La France attend du régime de Pyongyang des gestes concrets, démontrant sa volonté réelle de s’engager dans un processus de démantèlement de son programme nucléaire et balistique de façon complète, vérifiable et irréversible », a-t-il dit.

S’agissant du nucléaire iranien, M. Macron a noté les trajectoires divergentes des États signataires du Plan d’action global commun. Selon lui, le Plan d’action, même imparfait, reste déterminant. « Alors qu’une grave crise de confiance a été ouverte par la réimposition des sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires », a-t-il dit. Il a appelé à une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise, « qui ne peut se réduire à une politique de sanctions et containment ».

Le Président de la France a par ailleurs déploré le manque d’unité sur l’élimination des armes chimiques syriennes et rappelé l’utilisation d’un agent neurotoxique sur le territoire du Royaume-Uni.

Le Ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Le Ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov devant le Conseil de sécurité.

La Russie regrette le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien

Le Ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a aussi regretté le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Ce retrait constitue une « menace pour le régime de non-prolifération », a-t-il dit.

M. Lavrov a par ailleurs mis en garde contre toute frappe illégitime contre le régime syrien, affirmant que Damas avait détruit l’ensemble de son arsenal chimique. En revanche, des groupes terroristes ont en leur possession des substances toxiques, a-t-il soutenu.

Selon lui, certains pays occidentaux cherchent à instrumentaliser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en refusant de coopérer avec la Russie pour mener des enquêtes. Il en a voulu pour exemple le cas de Salisbury, au Royaume-Uni, en posant la question suivante : « Si l’on ne veut pas coopérer avec nous, c’est peut-être que l’on a quelque chose à cacher ? »

La Première ministre britannique Theresa May devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Photo : ONU/Evan Schneider
La Première ministre britannique Theresa May devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Royaume-Uni dénonce l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

La Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, a en revanche estimé que l’érosion des normes en vigueur en matière de non-prolifération a été constatée à Salisbury, où une attaque à l’arme chimique a été commise, selon elle, par des éléments russes.

« Moscou cherche à dissimuler ces méfaits », mais un membre permanent du Conseil de sécurité ne peut pas se dissocier du consensus existant autour des armes chimiques, a-t-elle ajouté.

La Première ministre britannique a également déclaré que les progrès accomplis dans l’élimination des armes de destruction massive au cours des décennies passées avaient été remis en cause au cours des 17 derniers mois, notamment en pointant du doigt l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

Elle a regretté que la Russie ait exercé son droit de veto à plusieurs reprises pour empêcher l’établissement des responsabilités dans les attaques à l’arme chimique commises dans ce pays.

S’agissant de l’Iran, Mme May a rappelé son soutien au Plan d’action global commun, tout en dénonçant le comportement de l’Iran, ses tirs de missiles balistiques et le transfert d’armes et de technologies militaires sophistiquées au Hezbollah au Liban et aux forces houthistes au Yémen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.

Lors de la réunion du Conseil de sécurité, le Ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a, pour sa part, proposé de renforcer le régime de non-prolifération, en plaidant notamment pour son universalisation.

S’agissant du nucléaire iranien, le ministre chinois a estimé que « le Plan d’action global commun est une victoire du multilatéralisme ». Même imparfait, il demeure un accord viable, a-t-il dit, en appelant les pays à penser à l’intérêt de long terme sur ce dossier.

Il a ensuite rappelé que la Chine appuyait les efforts diplomatiques s’agissant de la péninsule coréenne, notamment ceux entrepris lors du Sommet de Singapour, en vue de parvenir à une paix durable.