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Armes chimiques en Syrie : un nombre de problèmes non résolus préoccupant, selon l'ONU

Des garçons errent au milieu des décombres des bâtiments détruits à Idlib, en Syrie. (archive)
© UNICEF/Giovanni Diffidenti
Des garçons errent au milieu des décombres des bâtiments détruits à Idlib, en Syrie. (archive)

Armes chimiques en Syrie : un nombre de problèmes non résolus préoccupant, selon l'ONU

Paix et sécurité

La cheffe du désarmement de l’ONU a indiqué, jeudi, au Conseil de sécurité qu’un nombre préoccupant de lacunes et incohérences demeurent non résolues concernant la présence et l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.

 

Une équipe de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) poursuit ses travaux pour clarifier les « problèmes non résolus » concernant la déclaration que lui a faite la Syrie concernant l’élimination de son programme d’armes chimiques.

La Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a présenté aux membres du Conseil de sécurité un aperçu de ces problèmes en suspens.

« Concernant la question d'un ancien site de fabrication d'armes chimiques qui a été déclaré comme n'ayant jamais été utilisé pour fabriquer et/ou militariser des armes chimiques, la République arabe syrienne a réaffirmé que ce site n'a jamais été utilisée pour la production d’armes chimiques », a rapporté Mme Nakamitsu.

« Cependant, le Secrétariat technique de l'OIAC reste d'avis que la République arabe syrienne doit déclarer tous les agents de guerre chimique produits et/ou militarisés sur ce site », a-t-elle ajouté, soulignant ainsi la divergence de vue entre Damas et l’organisation internationale siégeant à la Haye.

Un agent de guerre chimique pur dont la production n'a pas été déclarée

En septembre 2020, une équipe de l’OIAC a effectué des prélèvements sur plusieurs gros conteneurs en Syrie. « Selon le Secrétariat technique de l'OIAC, l'un des produits chimiques détectés dans ces prélèvements est un agent de guerre chimique pur, dont la production n'a pas été déclarée par la République arabe syrienne », a dit Mme Nakamitsu. « La présence de ce produit chimique à l'intérieur des conteneurs d'un site d'armes chimiques précédemment déclaré peut impliquer une production d’activités non déclarées », a-t-elle ajouté, précisant que Damas a fourni à l’OIAC des explications qui n’ont pas convaincu l’équipe d'évaluation.

« En raison des lacunes, des incohérences et des écarts identifiés et qui ne sont toujours pas résolus, le Secrétariat technique de l'OIAC continue d'évaluer qu'à ce stade, la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut être considéré comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques », a déclaré la Haute-Représentante.

Selon la haute responsable onusienne, le nombre de questions en suspens et leur nature sont préoccupants. « Comme je l'ai noté à maintes reprises, la confiance de la communauté internationale dans l’élimination complète des armes chimiques de la Syrie dépend de la finalisation de ces questions », a-t-elle rappelé.

Du chlore utilisé comme arme chimique à Saraqib en 2018

Entre avril 2020 et mars 2021, une équipe de l’OIAC a mené une enquête concernant un incident survenu à Saraqib, en Syrie.

Le rapport de cette équipe présenté le 12 avril indique qu’« il existe des motifs raisonnables de croire que le 4 février 2018, à environ 21H22, lors d’attaques en cours contre Saraqib, un hélicoptère militaire de l'armée de l'air arabe syrienne sous le contrôle des forces Tiger a frappé l'est de Saraqib en larguant au moins un cylindre ».

« Le cylindre s'est rompu et a libéré un gaz toxique, le chlore, qui s’est dispersé sur une vaste zone affectant 12 individus nommés », précise le rapport dont les conclusions ont été qualifiées de « profondément préoccupantes » par Mme Nakamitsu.

« Il n'y a aucune justification pour l'utilisation de produits chimiques toxiques en tant qu’armes par quiconque, n'importe où et en toutes circonstances », a-t-elle dit, saisissant l’occasion de son intervention au Conseil de sécurité pour réaffirmer son plein appui à l’intégrité, au professionnalisme, à l’impartialité, à l’objectivité et à l’indépendance du travail de l'OIAC, après avoir évoqué la décision des Etats membres de cette organisation de suspendre les droits de la Syrie en tant que membre le mois dernier.

« Toute utilisation d’armes chimiques est totalement inacceptable et constitue une grave violation du droit international », a rappelé la Haute-Représentante qui a appelé à ce que les responsables d’une telle utilisation rendent des comptes. « Si nous ne pouvons pas le faire, nous autorisons l’utilisation d’armes chimiques en toute impunité, ce qui ne doit pas être toléré », a-t-elle ajouté.