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Guerre en Ukraine : plus de 900 établissements de santé trop près des lignes de front sont menacés

Un nouveau-né est pesé dans un hôpital en Ukraine le 7 mars 2022.
© UNICEF/Andriy Boyko
Un nouveau-né est pesé dans un hôpital en Ukraine le 7 mars 2022.

Guerre en Ukraine : plus de 900 établissements de santé trop près des lignes de front sont menacés

Santé

Alors que l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a authentifié une soixantaine d’attaques contre le système de santé en Ukraine depuis le début de l’offensive russe le 24 février, plus de 900 établissements de santé sont situés trop près des lignes de front.

« Plus de 300 établissements de soins de santé se trouvent dans des zones où les hostilités sont actives et environ 600 établissements sont situés à moins de 10 kilomètres du conflit en cours », a indiqué l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans son dernier rapport de situation sur la crise ukrainienne.

Selon l’OMS, cela rend le système de santé vulnérable aux dommages causés aux infrastructures et aux graves perturbations des services essentiels.

Avec la poursuite des combats, cette proximité des centres des soins près des lignes de front prive des personnes déjà vulnérables de soins « qui font souvent la différence entre la vie et la mort ». Une façon pour l’OMS de rappeler que les soins de santé ne sont pas - et ne devraient jamais être - une cible.

« Cette crise atteint un point où le système de santé en Ukraine est au bord du gouffre », a d’ailleurs admis Michael Ryan, responsable des opérations d’urgence à l’OMS lors d’une conférence de presse mercredi à Genève.

Plus de 27.000 nouveaux cas et 384 nouveaux décès signalés en une semaine

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, l’OMS a authentifié 64 attaques contre le système de santé, qui ont fait 37 blessés et 15 morts. Il peut s’agir d’attaques contre les installations médicales ou les travailleurs de la santé, a précisé l’agence onusienne qui rappelle que d’autres attaques sont en cours de vérification.

Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, la répartition géographique de ces attaques est variée. Certaines d’entre elles se produisent dans des zones qui sont déjà sous contrôle russe et d’autres qui ne le sont pas encore.

« Je crois que les attaques contre les structures de santé augmentent de jour en jour », a affirmé Ibrahima Socé Fall, Directeur Adjoint de l’OMS en charge de la réponse aux urgences. Il est probable qu’elles seront « plus nombreuses et plus importantes » au fil des jours ou semaines, a ajouté le Dr Fall.

Ces hostilités ont également un impact sur la situation pandémique en Ukraine. Selon l’OMS, l’incidence de la Covid-19 continue de diminuer, avec 27.671 nouveaux cas et 384 nouveaux décès signalés entre le 17 et le 23 mars. Cela indique une augmentation, une évolution que l’OMS a soupçonnée. « Mais nous devons également dire qu’il y a une diminution de l’accès et de la capacité à traiter ces cas », a fait valoir le  Dr Adelheid Marschang, Responsable principal du programme d’urgence à l’OMS.

Baisse drastique des tests de dépistage

Cependant, ces chiffres doivent être interprétés avec précaution car, entre le 23 février et le 23 mars, les tests de dépistage ont considérablement baissé.

« Si le système de surveillance Covid-19 en Ukraine tient bon, est solide et détecte des cas, nous constatons en même temps que les tests ont diminué. Nous avons tout de même détecté, je pense, quelque chose comme plus de 30.000 nouveaux cas et nous essayons de les situer », a fait valoir le  Dr Marschang.

Sur le terrain, les tests de dépistage par PCR et antigéniques rapides ont baissé respectivement de 96% (de 42.460 à 1634) et de 88 % (de 51.484 à 6047). Ce qui suggère une « sous-déclaration des cas et des décès dus au nouveau coronavirus ».

Les laboratoires privés de la plupart des régions d’Ukraine n’ont pas signalé ni effectué de tests. En outre, les taux de vaccination restent faibles, en particulier parmi les populations vulnérables. « L’interruption des tests et des traitements expose les plus vulnérables à un risque accru de maladie grave et de décès », a alerté l’OMS.

Par ailleurs, de plus en plus de lits sont transférés dans le cadre de l’effort de guerre, notamment pour soigner « les traumatismes et les blessures ». Le nombre total de lits disponibles pour les patients atteints de Covid-19 a ainsi diminué de 27 % en un mois. En soins intensif, cette baisse est de 20%. Selon l’OMS, la plus forte baisse a été signalée dans la division administrative de Louhansk (80%).Suivent  Volyn (69%) et de Chernihiv (56%).

Baisse de plus de 80% des lits occupés par des patients Covid-19

En outre, le nombre de lits occupés par des patients Covid-19 a diminué de 83% à l’échelle nationale. Ce qui reflète les difficultés potentielles d’accès aux hôpitaux, la communication limitée des données et une baisse potentielle des hospitalisations réelles après le pic de la vague Omicron plus tôt en février.

L’Ukraine a recensé 4.949.283 cas confirmés dont 107.779 décès, selon un décompte établi par l’OMS le 24 mars. A la date du 27 février 2022, un total de 31,6 millions de doses de vaccin ont été administrées dans le pays.

Sur un autre plan, l’OMS redoute que la couverture vaccinale sous-optimale pour les vaccinations de routine et infantiles, y compris la rougeole et la poliomyélite (polio), augmente le risque de réémergence et de transmission de maladies évitables par la vaccination. D’autant que deux cas de poliovirus circulant de type 2 dérivé d’un vaccin (cVDPV2) ont été signalés en Ukraine en 2021.

Or la campagne nationale de vaccination e contre la polio lancée le 1er février dernier et ciblant près de 140.000 enfants, a été « considérablement ralentie ». Les activités de surveillance visant à détecter et à signaler les nouveaux cas ont également été perturbée. Selon l’OMS, cela augmente le risque de propagation non détectée de la maladie parmi les populations vulnérables.