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Syrie : en 4 ans, presque 500 attaques contre la santé ont tué 470 patients et personnel de santé (OMS)

En Syrie, des mères et des enfants attendent une consultation dans un centre de soins et de nutrition soutenu par l'UNICEF dans le village d'Al-Juhman, dans le sud d'Idlib.
© UNICEF/Omar Sanadiki
En Syrie, des mères et des enfants attendent une consultation dans un centre de soins et de nutrition soutenu par l'UNICEF dans le village d'Al-Juhman, dans le sud d'Idlib.

Syrie : en 4 ans, presque 500 attaques contre la santé ont tué 470 patients et personnel de santé (OMS)

Santé

Alors que le conflit en Syrie entre ce mois-ci dans sa dixième année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné mercredi « dans les termes les plus fermes » les attaques contre les centres de soins de santé qui sont « une caractéristique de la crise humanitaire complexe » dans ce pays.

« Les données que nous pouvons maintenant révéler sur les attaques contre la santé en Syrie sont un sinistre témoignage d’un manque flagrant de respect pour le droit international humanitaire et la vie des civils et des agents de santé », a déclaré Richard Brennan, Directeur régional des urgences du bureau l’OMS en Méditerranée orientale.

Selon l’agence onusienne, 494 attaques contre la santé ont été confirmées en quatre ans. Entre 2016 et 2019, deux tiers des attaques, soit 337 attaques, ont été enregistrées dans le nord-ouest de la Syrie, parmi les dernières zones du pays qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement. « Le fait que le nord-ouest - Idlib, Alep et Hama - ait subi la part du lion des attaques par rapport aux autres régions de la Syrie, est notable », relève l’OMS.

Les données compilées par l’OMS montrent également que ces violences ont atteint un pic en 2016. « Mais elles ont été les plus faibles en 2019, probablement en raison de la taille réduite de la zone où des combats actifs avaient lieu », précise l’OMS. L’année dernière, 82% des attaques ont eu lieu dans le nord-ouest, 49% en 2018, 58% en 2017 et 85% en 2016.

Le nord-ouest de la Syrie représente également le nombre total de décès le plus élevé au cours de ces quatre années du rapport, soit 309 morts ou 66% d’un bilan total de 470 décès. Le pic a été répertorié en 2016 avec 241 décès confirmés. Le nombre de décès le plus faible a été enregistré en 2019, avec 54 morts, toujours en raison d’une réduction de zones soumises aux opérations militaires. En plus des décès, 968 personnes ont été blessées par ces attaques dans toute la Syrie entre 2016 et 2019. Beaucoup d’entre elles se retrouvent en incapacité permanente.

Depuis janvier, 9 attaques confirmées ont fait 10 morts et 35 blessés

Avec de telles chiffres alarmants, l’OMS estime que de tous les conflits armés dans le monde, la Syrie est depuis des années l’un des pires exemples de violence affectant les soins de santé.

« Les attaques aveugles dans les zones civiles peuvent également entraîner des dommages aux soins de santé, reflétant un mépris impitoyable pour la vie et le bien-être des plus vulnérables » regrette l’agence onusienne.

Jusqu’à présent, en 2020, les attaques confirmées contre la santé sont au nombre de neuf. Toutes ces attaques ont eu lieu dans le nord-ouest de la Syrie, entraînant 10 morts et 35 blessés.  « Ce qui est troublant, c’est que nous sommes arrivés à un point où les attaques contre la santé - ce que la communauté internationale ne devrait pas tolérer - sont désormais considérées comme allant de soi, ce à quoi nous nous sommes habitués » a ajouté M. Brennan.

Selon l’OMS, ces violences se poursuivent. Deux hôpitaux du gouvernorat d’Idlib ont été attaqués il y a seulement deux semaines, blessant quatre agents de santé et suspendant temporairement les services.

Avec autant de violences au nord-ouest de la Syrie, seule la moitié des 550 établissements de santé restent ouverts soit à cause de l’insécurité, des dommages causés par les attaques précédentes, des menaces d’attaques futures. L’autre conséquence autour de ces structures sanitaires, ce sont zones environnantes qui sont complètement désertées car « les gens sont forcés de quitter leur maison ».

« Les établissements de santé sont aujourd’hui les endroits les moins sûrs de la région », a déclaré un médecin, quelques jours après que deux hôpitaux de Darat Izza aient été touchés par un raid aérien le 17 février 2020. Un autre médecin travaillant dans un hôpital pour enfants et une maternité à Harim, dans le gouvernorat d’Idlib, a décrit aux équipes de l’OMS comment lui et son équipe médicale travaillaient dans la crainte constante des bombardements.