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Syrie : sept ans après le début du conflit, 6,5 millions de personnes sont en état d'insécurité alimentaire (PAM)

Des Syriens recevant des rations alimentaires du PAM. (archive)
Photo PAM/Dina Elkassaby
Des Syriens recevant des rations alimentaires du PAM. (archive)

Syrie : sept ans après le début du conflit, 6,5 millions de personnes sont en état d'insécurité alimentaire (PAM)

Aide humanitaire

Alors que la guerre en Syrie entre jeudi dans sa huitième année, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) tire la sonnette d’alarme sur la détresse humanitaire vécue par les civils qui paient le plus lourd tribut.

Plus d'un tiers de la population syrienne est déplacée à l'intérieur du pays. Environ 6,5 millions de personnes sont en état d'insécurité alimentaire et quatre autres millions - deux fois plus qu'il y a un an - risquent de l'être.

« Chaque jour qui passe sans que la crise ne soit résolue est un jour de plus qui témoigne de notre échec vis-à-vis du peuple syrien », a déclaré Jakob Kern, le représentant du PAM en Syrie. « Notre seule priorité doit être de mettre un terme à ce conflit. L'Histoire nous tiendra pour responsables », a-t-il prévenu.

Jeudi, un convoi conjoint de l’ONU, du Comité international de la Croix rouge et du Croissant rouge a pu livrer une aide alimentaire à 26.100 personnes dans le besoin à Douma, dans la Ghouta orientale. « Mais beaucoup plus (de produits) sont nécessaires, tels que des médicaments, des fournitures médicales et d’autres produits indispensables », a souligné le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Syrie.

Bien que le Conseil de sécurité ait réclamé le 24 février un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien, l’acheminement de l’aide humanitaire s’est heurté à des problèmes d’accès et de sécurité dans la Ghouta orientale, en raison de la persistance des combats.

« Nous avons besoin de huit heures pour pouvoir acheminer l’aide à travers les convois humanitaires pour atteindre l’enclave assiégée, charger la nourriture dans les camions et pour ensuite la distribuer à la population locale », a expliqué Déborah Nguyen, porte-parole du PAM en France. « Donc les trêves de moins de huit heures ne nous permettent pas d’apporter cette aide humanitaire, et cela met en danger la population ».

Depuis le début du conflit en Syrie, les prix des denrées alimentaires se sont envolés, bien au-delà des moyens dont disposent de nombreuses personnes. Le prix du pain est désormais huit fois plus élevé qu'avant la guerre. Aujourd'hui, sept syriens sur dix vivent dans une pauvreté extrême, rappelle le PAM.

En Syrie, la « tragédie sanitaire doit cesser » (OMS)

Les sept ans de guerre en Syrie n’ont pas épargné le secteur de la santé. Les attaques contre les établissements, les agents et les infrastructures de santé continuent à un niveau alarmant. 67 attaques ont été recensées au cours des deux premiers mois de 2018 soit représentent plus de 50% du nombre total d’attaques vérifiées pour toute l’année 2017.

« Cette tragédie sanitaire doit cesser », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Chaque attaque ébranle les communautés et se répercute sur les systèmes de santé en endommageant les infrastructures et en réduisant l’accès aux soins pour les populations vulnérables », a ajouté le Dr. Tedros.

Le porte-parole de l’OMS, Tarik Jašarević, a rappelé que « les hôpitaux, les centres de santé ne devraient être jamais pris pour cible. C’est contre le droit humanitaire international ».

Le système de santé syrien a été dévasté par les sept années de conflit. Plus de la moitié des hôpitaux publics et des centres de santé du pays sont fermés ou partiellement opérationnels. 11,3 millions de personnes ont besoin d’une assistance sanitaire, dont 3 millions ayant des blessures et des incapacités sérieuses.

L’OMS s’efforce de fournir une assistance sanitaire dans de nombreuses zones difficiles d’accès ou assiégées sans y disposer toutefois d’un accès régulier. La situation sanitaire est particulièrement alarmante dans la Ghouta orientale où toutes les fournitures médicales de base sont épuisées. Sur place, plus de 1.000 personnes sont toujours en attente d’une évacuation médicale immédiate.

Le PAM et l’OMS appelle de nouveau toutes les parties au conflit à permettre un accès humanitaire aux populations assiégées dans le besoin.