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Des familles de Gaza s'abritent dans les écoles de l'UNRWA.

Conflit entre Israël et le Hamas : le nombre de décès et de déplacés continue d'augmenter

© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Des familles de Gaza s'abritent dans les écoles de l'UNRWA.

Conflit entre Israël et le Hamas : le nombre de décès et de déplacés continue d'augmenter

Paix et sécurité

Le nombre de morts en Israël du fait des attaques des groupes armés palestiniens, et à Gaza en raison des bombardements israéliens, a continué d'augmenter, avec des déplacements massifs dans toute l'enclave, a déclaré mercredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, OCHA.

OCHA a cité les médias israéliens, qui ont rapporté que lundi soir, plus de 1.000 Israéliens, dont des ressortissants étrangers, avaient été tués et qu'au moins 2.806 personnes avaient été blessées, selon le ministère de la Santé.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré qu'au moins 830 Palestiniens avaient été tués et 4.250 blessés.

Les déplacements massifs se sont poursuivis au cours des 24 dernières heures dans la bande de Gaza, où le nombre total de personnes déplacées dépasse désormais 263.934, a indiqué mercredi OCHA, relevant qu’avec la poursuite des bombardements israéliens, « ce nombre devrait encore augmenter ».

Selon OCHA, il s’agit de plus de 10% des 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne.

Parmi ces déplacés internes, près de 175.500 déplacés ont trouvé refuge dans 88 écoles gérées par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.

D’autres déplacés – plus de 14.500 – ont rejoint 12 écoles publiques, tandis que, selon les estimations d’OCHA près de 74.000 personnes se sont réfugiées chez des proches ou des voisins, dans des écoles de l’Autorité palestinienne ou bien dans d’autres lieux tels que des églises.

Le nombre de déplacés à l’intérieur de la bande de Gaza « représente le nombre le plus élevé de personnes déplacées depuis l’escalade de 50 jours [pendant] les hostilités de 2014 », ajoute OCHA dans son dernier rapport consacré à la situation humanitaire dans les Territoires occupés palestiniens. 

« Subvenir aux besoins élémentaires devient de plus en plus compliqué » pour les personnes non déplacées, avertit l’agence onusienne.

Un bâtiment écroulé dans une rue à Gaza.
© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Un bâtiment écroulé dans une rue à Gaza.

Au moins 1.000 logements détruits par les raids

Sur le terrain, il est de plus en plus difficile pour les personnes qui n’ont pas été déplacées de satisfaire leurs besoins essentiels, notamment l’accès à l’eau en raison des dommages et de la réduction de l’alimentation électrique des infrastructures d’assainissement. 

Les bombardements sur la bande de Gaza ont détruit plus de 1.000 logements et 560 autres, lourdement endommagés, ont été rendus inhabitables, selon OCHA, qui cite les autorités palestiniennes. Les premiers rapports indiquent qu’au moins 15 établissements d’enseignement ont été touchés, dont cinq écoles de l’UNRWA endommagées. 

De son côté, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a recensé 37 attaques sanitaires depuis le 7 octobre. Ces attaques ont fait six morts parmi les travailleurs de la santé, huit blessés, et ont touché 13 établissements de santé et au moins 15 ambulances. Les 13 hôpitaux et autres établissements de santé de Gaza ne fonctionnent que partiellement en raison de graves pénuries de fournitures médicales essentielles et du carburant d’urgence nécessaire pour faire fonctionner les générateurs électriques de secours.

Depuis le début de l’escalade, les frappes aériennes israéliennes ont endommagé cinq installations WASH dans le nord de Gaza et dans la ville de Gaza, qui fournissaient auparavant des services d'eau et d'assainissement à plus de 500.000 personnes.

Un homme regarde un bâtiment effondré à Gaza.
© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Un homme regarde un bâtiment effondré à Gaza.

Arrêt total de l’approvisionnement en eau

Dans la soirée du 9 octobre, les autorités israéliennes ont annoncé l’arrêt total des livraisons de nourriture, de carburant, d’électricité et d’eau dans la bande de Gaza. La centrale électrique de Gaza est actuellement la seule source d’énergie, et il semblerait qu’elle sera à court de carburant à la mi-journée du 11 octobre, si les réserves de carburant ne sont pas réapprovisionnées. 

Dans la soirée du 8 octobre, les autorités israéliennes ont décidé de couper l’approvisionnement en eau de Gaza. Cette décision affecte plus de 610.000 personnes à Gaza et entraînera une pénurie d’eau potable.

Par ailleurs, le siège décrété par les forces israéliennes a un effet néfaste sur la sécurité alimentaire dans la bande de Gaza, selon OCHA, qui informent que les agences humanitaires onusiennes se préparent à distribuer des rations alimentaires prêtes à consommer à 100.000 personnes déplacées dans les abris de l’UNRWA, ainsi qu’à 100.000 personnes en dehors des abris, avec une valeur de transfert de 12 dollars par personne pour un mois.  

Les partenaires humanitaires visent à reprendre l’aide alimentaire à 136.000 personnes parmi les plus vulnérables et à fournir un complément en espèces à 205.000 personnes qui avaient reçu leur assistance en octobre.

L’UNRWA reconstitue les stocks de produits alimentaires pour 150.000 personnes déplacées, pour une durée de 10 à 30 jours. 

S’agissant des restrictions d’accès à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza, les points de passage d’Erez et de Kerem Shalom restent fermés en raison des hostilités. 

Des employés de l'UNRWA tués

L'UNRWA a rapporté mercredi que le nombre de morts parmi ses employés s'élevait à onze. L’agence a souligné à plusieurs reprises l’importance de protéger les civils, y compris en cas de conflit.

L’agence onusienne constitue une bouée de sauvetage pour la plupart des quelque deux millions de réfugiés palestiniens à Gaza, fournissant des services essentiels tels que l’éducation et les soins de santé. Le conflit a forcé la fermeture de ses 14 centres de distribution alimentaire ainsi qu'une réduction des opérations.

S'exprimant mardi, la Directrice de la communication de l'UNRWA a déclaré à ONU Info que de nombreux membres du personnel travaillaient toujours.

« Nous avons des gens qui répondent aux besoins des personnes dans les abris. Ils leur donnent des matelas, un endroit où dormir, de l'eau potable, de la nourriture, en coopération avec le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) », a-t-elle déclaré.

Des enfants de familles réfugiées dans une école de l'UNRWA à Gaza mangent du pain distribué par le Programme alimentaire mondial (PAM).
© WFP/Ali Jadallah
Des enfants de familles réfugiées dans une école de l'UNRWA à Gaza mangent du pain distribué par le Programme alimentaire mondial (PAM).

Une situation « dévastatrice »

Le PAM et d'autres agences des Nations Unies ont réclamé des couloirs humanitaires et un passage sûr et sans obstacle pour leur personnel.

Le PAM a commencé à distribuer du pain frais, des aliments en conserve et des plats préparés à environ 100.000 personnes dans les abris de l'UNRWA. L'objectif est d'atteindre plus de 800.000 personnes, ce qui nécessitera 17,3 millions de dollars pour une réponse immédiate et près de 45 millions de dollars au cours des six prochains mois.

« La situation est dévastatrice », a déclaré mercredi Samer Abdeljaber, Directeur pays du PAM pour la Palestine. « Nous sommes sur le terrain et faisons tout ce que nous pouvons pour être sûrs que les personnes dans le besoin – celles qui ont fui leur foyer, celles qui vivent dans des refuges – reçoivent la nourriture et l'aide dont elles ont besoin pour survivre ».

Le PAM déploiera son aide sous forme de bons électroniques afin que les gens puissent acheter de la nourriture dans les magasins encore ouverts.

« Nous faisons tout ce que nous pouvons, mais très bientôt les réserves alimentaires et les besoins fondamentaux de Gaza vont s'épuiser », a-t-il dit. « Nous avons besoin du couloir humanitaire pour pouvoir soutenir les personnes touchées et leur nombre augmente chaque jour. Nous avons besoin d’un accès sûr et sans entrave ».