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L'activité physique contribue à la prévention et à la gestion des maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.

L'OMS signale une stagnation des progrès en matière de santé à cause des trois années de Covid-19

Unsplash/Gabin Vallet
L'activité physique contribue à la prévention et à la gestion des maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.

L'OMS signale une stagnation des progrès en matière de santé à cause des trois années de Covid-19

Santé

Un nouveau rapport de l’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), publié vendredi et portant sur des données allant jusqu’en 2022, souligne la stagnation des progrès en matière de santé à cause des trois années de pandémie de Covid-19.

Avec les nouveaux chiffres sur l’impact de la pandémie de Covid-19 et les dernières statistiques sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé, le document alerte également sur la menace croissante des maladies non transmissibles (MNT) et du changement climatique, et appelle à une réponse coordonnée et renforcée.

« Le rapport envoie un message brutal sur la menace que représentent les maladies non transmissibles, qui prélèvent un tribut immense et croissant sur les vies, les moyens de subsistance, les systèmes de santé, les communautés, les économies et les sociétés », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS

Si certaines avancées ont indéniablement été accomplies ces dernières années, notamment en matière de mortalité maternelle et infantile, les progrès stagnent globalement par rapport aux tendances observées au cours de la période 2000-2015.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce ralentissement est accentué par la Covid-19 et la violente rupture dans l’accès aux soins qui en a résulté.

Coût de la Covid-19 en termes de vies perdues et de progrès

Le rapport de l’OMS présente des statistiques actualisées sur le coût de la pandémie pour la santé mondiale, contribuant à la baisse continue des progrès vers la réalisation des ODD. Au cours de la période 2020-2021, la Covid-19 aurait entraîné la perte de plus de 336 millions d’années de vie dans le monde.

La Covid-19 aurait entraîné une moyenne de 22 années de vie perdues pour chaque décès excédentaire

Cela équivaut à une moyenne de 22 années de vie perdues pour chaque décès excédentaire, interrompant brusquement et tragiquement la vie de millions de personnes.

Depuis 2000, l’OMS a constaté des améliorations significatives en matière de santé maternelle et infantile, les décès ayant chuté respectivement d’un tiers et de moitié.

L’incidence des maladies infectieuses telles que le VIH, la tuberculose et le paludisme a également diminué, de même que le risque de décès prématurés dus aux maladies non transmissibles et aux blessures.

L’ensemble de ces facteurs a contribué à l’augmentation de l’espérance de vie mondiale, qui est passée de 67 ans en 2000 à 73 ans en 2019.

Pour une hausse substantielle des investissements dans la santé

Toutefois, la pandémie a fait déraper de nombreux indicateurs liés à la santé et a contribué aux inégalités d’accès à des soins de santé de qualité, aux vaccinations de routine et à la protection financière. En conséquence, les tendances à l’amélioration du paludisme et de la tuberculose ont été inversées, et moins de personnes ont été traitées pour des maladies tropicales négligées (MTN).

Si cette tendance se poursuit, les maladies non transmissibles devraient représenter environ 86% des 90 millions de décès annuels d’ici le milieu du siècle, soient 77 millions, une augmentation de près de 90% en chiffres absolus depuis 2019.

« Le rapport appelle à une augmentation substantielle des investissements dans la santé et les systèmes de santé afin de se remettre sur la voie des Objectifs de développement durable », a ajouté le Dr Tedros.

Par ailleurs, des tendances plus récentes montrent des signes de ralentissement du taux annuel de réduction pour de nombreux indicateurs. Par exemple, le taux mondial de mortalité maternelle doit diminuer de 11,6% par an entre 2021 et 2030 pour finalement atteindre les ODD.

De même, la réduction nette de l’incidence de la tuberculose entre 2015 et 2021 ne représente qu’un cinquième du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de 2025 de la stratégie de l’OMS visant à mettre fin à la tuberculose.

La pollution de l'air, principalement due à l'utilisation de combustibles fossiles, est un problème grave dans les villes indiennes.
Unsplash/Hassan Afridhi

Des progrès « insuffisants » dans la lutte contre la pollution atmosphérique

Malgré une réduction de l’exposition à de nombreux risques sanitaires - tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, la violence, l’eau insalubre et l’assainissement, et le retard de croissance des enfants - les progrès ont été insuffisants et l’exposition à certains risques, tels que la pollution atmosphérique, reste élevée.

Il est alarmant de constater que la prévalence de l’obésité augmente sans qu’il y ait de signe immédiat d’inversion de la tendance. En outre, l’élargissement de l’accès aux services de santé essentiels s’est ralenti par rapport aux progrès réalisés avant 2015.

Selon l’OMS, aucun progrès significatif n’a été enregistré dans la réduction des difficultés financières liées aux coûts des soins de santé. Cette situation limite considérablement la capacité de la planète à atteindre la couverture sanitaire universelle d’ici à 2030.

« La pandémie de Covid-19 est un rappel important que les progrès ne sont ni linéaires ni garantis », prévient la Dre Samira Asma, Sous-Directrice générale de l’OMS chargée des données à l’OMS.

Le rapport de cette année comprend pour la première fois une section dédiée au changement climatique et à la santé.

« Pour rester sur la voie du programme 2030 des ODD, nous devons agir de manière décisive et collective pour produire un impact mesurable dans tous les pays », a conclu la Dre Asma.