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Ukraine : le HCR demande aux pays voisins de laisser ouvertes leurs frontières

Une femme au milieu de ce qui était son jardin en Ukraine (photo d'archives).
Danish Red Cross/Jakob Dall
Une femme au milieu de ce qui était son jardin en Ukraine (photo d'archives).

Ukraine : le HCR demande aux pays voisins de laisser ouvertes leurs frontières

Aide humanitaire

Alors que la situation en Ukraine se détériore rapidement après l’attaque militaire russe « en cours » dans ce pays, le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a appelé les pays voisins à garder leurs frontières ouvertes aux personnes cherchant un refuge sûr. 

« Les gens ont commencé à fuir leurs maisons pour chercher la sécurité », a-t-il tweeté, avant d’ajouter dans un communiqué, « des rapports font état de victimes et de personnes commençant à fuir leurs maisons en quête de sécurité ».

Le Haut-Commissaire Grandi a appelé les belligérants à épargner les civils et les infrastructures civiles. Le HCR travaille avec les autorités, l’ONU et d’autres partenaires en Ukraine et est prêt à fournir une aide humanitaire « partout où cela est nécessaire et possible ». À cet effet, la sécurité et l’accès pour les efforts humanitaires « doivent être garantis », a ajouté M. Grandi.

« Aujourd’hui est un jour sombre pour la paix mondiale », a dit le chef du HCR. « Il n’y a pas de gagnants dans la guerre, mais d’innombrables vies seront déchirées », a-t-il ajouté, redoutant des « conséquences humanitaires dévastatrices pour les populations civiles ».

L’agence onusienne a intensifié ses opérations en Ukraine et dans les pays de la région. « Nous sommes prêts à soutenir les efforts de tous pour répondre à toute situation de déplacement forcé », a fait valoir M. Grandi, rappelant la « ferme détermination » de l’ONU à soutenir toutes les populations touchées en Ukraine et dans les pays de la région.

L’ONU déterminée à rester et à apporter une aide humanitaire - Martin Griffiths

Plus largement, les différentes agences onusiennes et leurs partenaires tentent de répondre aux besoins des personnes des deux côtés de la ligne de contact en Ukraine malgré des hostilités volatiles et des fonds limités. « Nous sommes déterminés à rester et à apporter une aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin », a dit pour sa part, Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint chargé des secours d’urgence de l’ONU.

« Je suis gravement préoccupé par la dernière escalade en Ukraine et fais écho à l’appel du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pour un cessez-le-feu immédiat », a-t-il tweeté, relevant « l’impact élevé » du conflit « sur la vie des civils ».

De son côté, la Coordinatrice humanitaire de l’ONU en Ukraine a souligné que les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires sont déterminés à rester et à livrer l’aide humanitaire.

« Nous sommes ici pour soutenir les populations épuisées par des années de conflit et nous sommes prêts à intervenir en cas d’augmentation des besoins humanitaires », a affirmé dans un communiqué, Osnat Lubrani, Coordinatrice résidente du système des Nations Unies et Coordinatrice humanitaire de l’ONU en Ukraine.

L’objectif est de toujours fournir aux civils les plus vulnérables des fournitures et des services de secours humanitaires essentiels aux populations « quelles qu’elles soient et là où elles sont ». Une façon pour l’ONU de rappeler que l’aide humanitaire est guidée par les « quatre principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance ».

Alors que les agences onusiennes continuent « de comprendre l’évolution de la situation dans différentes parties du pays », Mme Lubrani a exprimé la solidarité de l’ONU avec le peuple ukrainien. Elle exhorte aussi toutes les parties à « respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ».

Le PAM prêt à intervenir en 72h

Alors que l’Ukraine s’enfonce dans le conflit, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est également dit « prêt à se déployer ses équipes pour venir en aide aux populations touchées ». Selon l’agence onusienne basée à Rome, son personnel pourrait être « sur le terrain en trois jours pour aider les civils ».

Premier intervenant en cas d’urgence humanitaire, le PAM indique avoir la capacité d’intervenir dans les 72 heures suivant le déclenchement d’une crise, « à condition que l’accès soit accordé et que les ressources soient disponibles ». « Au fur et à mesure que la situation évolue, il est nécessaire de s’assurer que les communautés affectées ont un accès continu à tout soutien humanitaire dont elles peuvent avoir besoin et que la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain est garantie », a déclaré Margot van der Velden, Directrice des urgences du PAM.

Entre novembre 2014 et avril 2018, le PAM a mené des opérations dans l’est de l’Ukraine, en venant en aide à plus d’un million de personnes par le biais d’argent liquide, de bons alimentaires ou de rations alimentaires achetées localement. Cette aide a été fournie aussi bien dans les zones contrôlées par le gouvernement ukrainien que dans celles qui sont sous la responsabilité des autorités de facto des régions « séparatistes » du Donbass.

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale

Par ailleurs, alors que la Russie et l’Ukraine comptent parmi les plus importants exportateurs de blé du monde, les agences humanitaires redoutent les graves conséquences d’un tel conflit sur la sécurité alimentaire dans le monde. D’autant que selon le PAM, le bassin de la mer Noire est « l’une des régions du monde les plus importantes pour les exportations de céréales et de produits agricoles ».

Dans ces conditions, l’impact du conflit sur la sécurité alimentaire se fera probablement sentir au-delà des frontières de l’Ukraine ». « Si les chaînes d’approvisionnement sont perturbées, les acheteurs des régions vulnérables d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient risquent de payer plus cher le pain et la viande ».

En attendant, le PAM rappelle que les conflits sont l’une des principales causes de presque toutes les grandes urgences alimentaires auxquelles le PAM répond. « Avec jusqu’à 276 millions de personnes actuellement en situation d’insécurité alimentaire aiguë ou à haut risque dans 81 pays, et 45 millions de personnes déjà au bord de la famine, le monde ne peut pas se permettre un autre conflit », a fait remarquer Mme van der Velden, relevant « l’impact dévastateur des combats sur des millions de vies » dans le monde.