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Ukraine : réunion d’urgence du Conseil de sécurité au moment où la Russie annonce une offensive

Réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la situation en Ukraine.
© UN Photo/Mark Garten
Réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la situation en Ukraine.

Ukraine : réunion d’urgence du Conseil de sécurité au moment où la Russie annonce une offensive

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’urgence mercredi soir, la deuxième en deux jours, sur la crise ukrainienne, alors que des informations faisaient état de l’imminence d’une offensive russe contre l’Ukraine.

Au moment où le Conseil de sécurité se réunissait, le Président russe Vladimir Poutine a annoncé une "opération militaire" en Ukraine. Il a appelé les soldats ukrainiens à déposer immédiatement les armes. De son côté, le ministère ukrainien de l’Intérieur a annoncé que l’invasion avait commencé et que des explosions ont été signalées notamment à Kiev et Kharkiv.

ONU Info/Florence Westergard
Crise en Ukraine : « Au nom de l'humanité, ramenez vos troupes en Russie ».

 

« C'est le moment le plus triste de mon mandat de Secrétaire général des Nations Unies. J'ai commencé cette réunion du Conseil de sécurité en m'adressant au Président Poutine et en lui disant du fond du cœur : empêchez vos troupes d’attaquer l'Ukraine, donnez une chance à la paix car trop de gens sont morts. Au cours de la réunion, le Président Poutine a annoncé une "opération militaire spéciale" dans le Donbass et a demandé aux troupes ukrainiennes de déposer les armes », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un point de presse à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité.

Président Poutine, au nom de l'humanité, ramenez vos troupes en Russie -  António Guterres

« Donc, dans les circonstances actuelles, je dois modifier mon appel. Je dois dire : Président Poutine, au nom de l'humanité, ramenez vos troupes en Russie. Au nom de l'humanité, ne permettons pas que commence en Europe ce qui pourrait être la pire guerre depuis le début du siècle, avec des conséquences non seulement dévastatrices pour l'Ukraine, non seulement tragiques pour la Fédération de Russie, mais avec un impact que nous ne pouvons même pas prévoir s’agissant des conséquences pour l'économie mondiale à un moment où nous sortons de la (pandémie de) COVID et où tant de pays en développement ont absolument besoin d'avoir de l'espace pour la reprise qui serait très, très difficile, avec les prix élevés du pétrole, avec l'arrêt des exportations de blé d'Ukraine et la hausse des taux d'intérêt causée par l'instabilité des marchés internationaux », a ajouté M. Guterres.

« Ce conflit doit cesser – maintenant », a conclu le Secrétaire général devant la presse au siège de l’ONU à New York.

Ce conflit doit cesser – maintenant - António Guterres

Au début de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, alors que l'offensive n'avait pas encore été annoncée, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a noté que « la journée d’aujourd'hui a été pleine de rumeurs et d'indications qu'une offensive contre l'Ukraine était imminente ». « Dans un passé récent, il y a eu plusieurs situations avec des indices similaires, des rumeurs similaires. Et je n'y ai jamais cru, persuadé que rien de grave n'arriverait. J'avais tort. Et je voudrais ne plus me tromper aujourd'hui », a-t-il déclaré.

La cheffe des affaires politiques de l'ONU, Rosemary DiCarlo (à droite) fait un exposé sur la situation en Ukraine devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Mark Garten
La cheffe des affaires politiques de l'ONU, Rosemary DiCarlo (à droite) fait un exposé sur la situation en Ukraine devant le Conseil de sécurité.

La cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, a expliqué ensuite dans un exposé que « plus tôt dans la journée, les soi-disant autorités des ‘Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk’ ont demandé l'assistance militaire de la Fédération de Russie».

« Aujourd'hui également, les autorités ukrainiennes ont déclaré l'état d'urgence à l'échelle nationale et annoncé d'autres mesures connexes de défense et de sécurité, notamment la mobilisation de réservistes », a-t-elle ajouté. « Tout au long de la journée, nous avons entendu des informations inquiétantes faisant état de bombardements intensifs continus à travers la ligne de contact et de victimes civiles et militaires».

La cheffe des affaires politiques a également noté que des informations font état de ciblages répétés d'infrastructures civiles.

« Ce soir, différents médias font état d'un renforcement militaire à grande échelle en cours et de colonnes militaires se dirigeant vers l'Ukraine. La Fédération de Russie aurait également fermé l'espace aérien aux avions civils près de la frontière avec l'Ukraine », a dit Mme DiCarlo, alors que le Président russe n'avait pas encore annoncé l'offensive.

Un bâtiment détruit à Avdiivka, dans la région de Donetsk, en Ukraine (photo d'archives).
© UNICEF/Ashley Gilbertson
Un bâtiment détruit à Avdiivka, dans la région de Donetsk, en Ukraine (photo d'archives).

Situation extrêmement dangereuse

Mme DiCarlo a souligné que l'ONU ne pouvait vérifier aucune de ces informations. « Mais si ces évolutions se confirmaient, elles aggraveraient fortement une situation déjà extrêmement dangereuse », a-t-elle dit.

Elle a noté que les autorités ukrainiennes signalaient également une nouvelle cyberattaque à grande échelle visant plusieurs institutions étatiques et financières.

« Plus tôt dans la soirée, le Président Zelensky a appelé à la poursuite de la diplomatie. Par ailleurs, le Président Poutine a également parlé de sa volonté continue d'engager le dialogue. Nous encourageons de tels efforts, même à cette heure tardive », a déclaré Mme DiCarlo.

La cheffe des affaires politiques a précisé que le personnel de l'ONU restait sur le terrain pour apporter une aide humanitaire au peuple ukrainien.

« Nous ne pouvons pas prédire exactement ce qui se passera dans les heures et les jours à venir en Ukraine. Ce qui est clair, c'est le coût inacceptablement élevé – en souffrances humaines et en destruction – d'une escalade », a-t-elle conclu. « Le peuple ukrainien veut la paix. Je suis certaine que le peuple russe veut la paix. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la paix prévale ».