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Guerre en Ukraine : « montée en flèche » des besoins humanitaires, préviennent deux responsables de l’ONU

Des Ukrainiens ont trouvé refuge dans le métro à Kiev à la suite des opérations militaires russes contre l'Ukraine (24 février 2022).
© UNICEF/Vyacheslav Ratynskiy/UNIAN
Des Ukrainiens ont trouvé refuge dans le métro à Kiev à la suite des opérations militaires russes contre l'Ukraine (24 février 2022).

Guerre en Ukraine : « montée en flèche » des besoins humanitaires, préviennent deux responsables de l’ONU

Aide humanitaire

Deux hauts responsables de l’ONU ont prévenu lundi les membres du Conseil de sécurité de l’ampleur « alarmante » des pertes civiles et des dommages aux infrastructures civiles causés par l’offensive militaire russe en Ukraine.

« Les besoins humanitaires montent en flèche dans les zones les plus durement touchées. Des enfants, des femmes et des hommes civils ont été blessés et tués. Des maisons ont été endommagées et même détruites », a déclaré le chef de l’humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, dans un exposé par visioconférence lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire en Ukraine.

Dimanche, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a fait état d'au moins 406 victimes civiles, dont au moins 102 morts. « Le chiffre réel pourrait être considérablement plus élevé, car de nombreuses victimes signalées doivent encore être confirmées », a dit M. Griffiths, ajoutant qu’au moins 160.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et que ce chiffre est probablement sous-évalué.

Selon lui, « le tableau est sombre – et pourrait encore empirer ». Les attaques aériennes et les combats dans les zones urbaines endommagent des installations civiles essentielles et perturbent les services essentiels tels que la santé, l'électricité, l'eau et l'assainissement. Des ponts et des routes ont également été détruits, coupant l'accès des populations aux fournitures et services essentiels, a-t-il noté, estimant cela « particulièrement préoccupant dans des endroits comme Kiev et Kharkiv ».

« Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire et veiller en permanence à épargner à tous les civils et biens de caractère civil tout au long de leurs opérations militaires », a rappelé M. Griffiths, soulignant que « plus cette offensive se prolonge, plus le coût humain pour les civils sera élevé ».

L’ONU a élargi sa présence humanitaire

Le chef de l’humanitaire de l’ONU a précisé que les travailleurs humanitaires faisaient de leur mieux pour répondre aux besoins. « L'ONU a élargi sa présence humanitaire en Ukraine et nous continuerons à le faire », a-t-il souligné. « Nous travaillons 24 heures sur 24 pour nous assurer que nous pouvons étendre nos opérations le plus rapidement possible ».

Il a expliqué que la communauté humanitaire a « besoin de l'assurance des parties au conflit que les travailleurs et les mouvements humanitaires seront protégés ». « Deuxièmement, nous avons désespérément besoin de plus de ressources », a-t-il dit.

Mardi, le Secrétaire général de l’ONU doit lancer un appel de fonds humanitaire comprenant deux volets : un appel éclair de trois mois pour la situation à l'intérieur de l’Ukraine et un plan régional de réponse pour les réfugiés concernant la situation à l'extérieur.

Une famille de réfugiés de Mikolaiv, en Ukraine, dans un centre d'accueil près de la frontière entre la Moldavie et l'Ukraine, le 26 février 2022.
© UNICEF/Constantin Velixar
Une famille de réfugiés de Mikolaiv, en Ukraine, dans un centre d'accueil près de la frontière entre la Moldavie et l'Ukraine, le 26 février 2022.

Le nombre de réfugiés augmente de manière exponentielle

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a souligné, pour sa part, devant les membres du Conseil qu’en plus de la grave situation à l'intérieur de l'Ukraine, des centaines de milliers de personnes cherchent refuge dans les pays voisins.

« Ils ont besoin de sécurité et de protection avant tout, mais aussi d'un abri, de nourriture, d'hygiène et d'autres formes de soutien ; et ils en ont besoin de toute urgence », a dit M. Grandi dans un exposé par visioconférence.

« Au moment où nous parlons, il y a 520.000 réfugiés ukrainiens dans les pays voisins. Ce chiffre augmente de façon exponentielle, heure après heure, depuis jeudi. J'ai travaillé sur des crises de réfugiés pendant près de 40 ans et j'ai rarement vu un exode de personnes aussi incroyablement rapide - le plus important, sûrement, en Europe, depuis les guerres des Balkans », a-t-il ajouté.

Plus de 280.000 personnes ont fui vers la Pologne, 94.000 autres en Hongrie, près de 40.000 sont actuellement en Moldavie, 34.000 en Roumanie, 30.000 en Slovaquie, ainsi que des dizaines de milliers dans d'autres pays européens. Un nombre important de personnes sont allées en Fédération de Russie.

Le chef du HCR a encouragé les gouvernements à continuer de maintenir l'accès à leur territoire pour tous ceux qui fuient : les Ukrainiens, mais aussi les ressortissants de pays tiers vivant en Ukraine. « À ce stade critique, il ne peut y avoir de discrimination à l'encontre d'une personne ou d'un groupe », a-t-il dit.

Selon M. Grandi, à moins qu'il n'y ait un arrêt immédiat du conflit, les Ukrainiens continueront de fuir. « Nous planifions actuellement — je répète : planifions — jusqu'à quatre millions de réfugiés dans les jours et les semaines à venir. Une augmentation aussi rapide représenterait un énorme fardeau pour les États d'accueil », a-t-il souligné.

« Comme tous les pays qui accueillent des réfugiés dans le monde, ils ne peuvent être laissés seuls pour assumer cette responsabilité », a-t-il ajouté.