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L'ONU déplore la mort de 54 migrants dans un accident de la route au Chiapas, au Mexique

Une caravane de migrants centraméricains traverse le Chiapas, au Mexique.
© Rafael Rodríguez / OIM
Une caravane de migrants centraméricains traverse le Chiapas, au Mexique.

L'ONU déplore la mort de 54 migrants dans un accident de la route au Chiapas, au Mexique

Migrants et réfugiés

Les agences pour les réfugiés et les migrations demandent instamment des réponses régionales au phénomène croissant de la migration. Depuis 2014, plus de 5.700 décès de migrants ont été enregistrés en Amérique centrale, du Nord et dans les Caraïbes.

Sur les 1.060 vies perdues en 2021, au moins 650 sont mortes en tentant de franchir la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Le bureau mexicain de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déploré vendredi le tragique accident survenu la veille dans l'État du Chiapas, près de la frontière avec le Guatemala, qui a coûté la vie à plus de 50 personnes dans un accident de la route. Toutes les victimes étaient des migrants d'Amérique centrale.

Dans un message sur Twitter, le HCR a déploré l'accident, qui a également blessé une cinquantaine de migrants, et a souligné la nécessité de trouver des « alternatives migratoires et des voies légales pour éviter des tragédies comme celle-ci ».

Le Directeur régional du HCR pour les Amériques, José Xavier Samaniego, a utilisé le même réseau social pour commenter l'accident et a appelé à réagir à la tragédie.

« Il est urgent de travailler ensemble sur des réponses régionales pour prévenir les déplacements, assurer la protection des réfugiés et offrir des alternatives de migration aux personnes qui cherchent un meilleur avenir pour leurs familles », a-t-il déclaré.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) s'est exprimée dans des termes similaires, soulignant que l'accident au Chiapas « montre les risques qui existent au quotidien pour des milliers de personnes qui cherchent une vie meilleure en dehors de leur communauté d'origine ». 

« Nous pouvons faire plus pour eux », a-t-il déclaré sur son compte Twitter.

Les migrants expulsés par les États-Unis reçoivent une assistance de l'Organisation internationale pour les migrations à leur arrivée en Haïti.
OIM Haïti
Les migrants expulsés par les États-Unis reçoivent une assistance de l'Organisation internationale pour les migrations à leur arrivée en Haïti.

Frontière entre États-Unis et Mexique : route migratoire la plus meurtrière en 2021

Coïncidant avec les décès survenus au Chiapas, l'OIM a indiqué que depuis 2014, 5.755 décès ont été enregistrés en Amérique centrale, Amérique du Nord et dans les Caraïbes à la suite de voyages migratoires.

Le nombre de décès enregistrés cette année a augmenté sur de nombreuses routes migratoires avec 1060 vies déjà perdues. Au moins 650 d'entre elles sont mortes en tentant de traverser la frontière entre les États-Unis et le Mexique, soit le nombre annuel le plus élevé depuis que l'OIM a commencé à documenter les décès en 2014.

Cette augmentation est inquiétante si l'on considère que la plupart des données de cette région frontalière ne sont pas communiquées avant la fin de l'année.

Pour la Directrice régionale de l'OIM pour l'Amérique centrale, l'Amérique du Nord et les Caraïbes, Michele Klein Solomon, le nombre croissant de décès de migrants dans la région est « alarmant ».

Des enfants migrants se lavent les mains dans la région de Darién au Panama. Les enfants qui traversent le Darien Gap viennent de plus de 50 pays.
UNICEF/Panama
Des enfants migrants se lavent les mains dans la région de Darién au Panama. Les enfants qui traversent le Darien Gap viennent de plus de 50 pays.

Les routes se multiplient

Si les 3.575 décès documentés par l'OIM à la frontière entre les États-Unis et le Mexique depuis 2014 représentent le bilan le plus lourd, de nombreuses autres régions présentent des risques comparables pour les personnes en déplacement malgré le manque de données.

Parmi ces zones, on trouve le Darien Gap, où un nombre croissant de migrants traversent la région de jungle entre la Colombie et le Panama. La route est marquée par un terrain dangereux, la violence et d'innombrables rapports de décès non vérifiables. L'OIM a confirmé 157 décès depuis 2014, dont 42 cette année.

Autre itinéraire peu documenté, celui des migrants vénézuéliens tentent de rejoindre par la mer les pays voisins des Caraïbes, comme Trinidad-et-Tobago. Bien que l'OIM ait dénombré 176 décès depuis 2014 sur cet itinéraire, le nombre réel de vies perdues est probablement beaucoup plus élevé.

Les décès sur les routes traversant le Mexique sont également difficiles à documenter. Toutefois, l'OIM a enregistré plus de 750 vies perdues au cours des processus migratoires depuis 2014, à l'exclusion de celles qui se trouvent près de la frontière nord avec les États-Unis.

La plupart de ces dossiers sont basés uniquement sur les rapports publiés par les médias. Cependant, les estimations des disparitions de migrants par les organisations de la société civile indiquent que beaucoup plus de migrants sont disparus et non identifiés. A l’instar des 2.180 disparitions de migrants au Mexique signalées pour la seule année 2015 par le Service jésuite des migrants.

Des migrants traversant le Chiapas, au Mexique, en route vers les États-Unis. (archives : 2018)
© Rafael Rodríguez / OIM
Des migrants traversant le Chiapas, au Mexique, en route vers les États-Unis. (archives : 2018)

Les méthodes de recherche des migrants ne fonctionnent pas

Malgré les multiples appels à prévenir de nouveaux décès et à aider les familles à la recherche de migrants disparus, l'OIM indique qu'il n'y a pas eu suffisamment d'actions concrètes sur cette situation et souligne que l’objectif huit du Pacte mondial pour des migrations sûres, adopté par un nombre écrasant d'États, appelle à « sauver des vies et à mettre en place des efforts internationaux coordonnés sur les migrants disparus ».

L’OIM souligne également que les systèmes actuels de recherche des migrants disparus en Amérique centrale, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes ne sont ni accessibles ni efficaces.

Par conséquent, ce sont les organisations de la société civile qui comblent souvent les lacunes en documentant et identifiant les cas de migrants disparus ou décédés, ainsi qu’en répondant aux besoins des familles restées au pays.

« Sauver des vies est une priorité absolue. Les États et les autres acteurs doivent de toute urgence prendre davantage de mesures pour faire face au nombre croissant de décès de migrants », a déclaré Mme Klein Solomon.

La Directrice régionale de l'OIM a ajouté que « les familles qui cherchent la vérité sur les membres de leur famille migrants disparus ont besoin de réponses et les décideurs politiques ont besoin de meilleures données pour garantir que la migration soit sûre et digne pour tous ».