L'actualité mondiale Un regard humain

« On ne saurait trop insister » sur l'importance d'élections saines et ouvertes à tous en Iraq

Recomptage manuel des votes de l'élection nationale de 2018, à Bagdad, en Iraq (photo d'archives).
Photo MANUI
Recomptage manuel des votes de l'élection nationale de 2018, à Bagdad, en Iraq (photo d'archives).

« On ne saurait trop insister » sur l'importance d'élections saines et ouvertes à tous en Iraq

Paix et sécurité

À la suite des élections législatives « durement gagnées » du 10 octobre, les Iraquiens de tous bords doivent faire preuve de retenue, éviter la violence et attendre la certification finale des résultats par la Cour suprême fédérale, a déclaré mardi au Conseil de sécurité la haute responsable des Nations Unies dans le pays.

Jeanine Plasschaert, Représentante spéciale et cheffe de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI), a déclaré que des affrontements ont éclaté dans les semaines qui ont suivi le vote, avec des manifestations et des sit-in qui ont dégénéré en violence et des victimes signalées.

Le 7 novembre, le Premier ministre Mustafa al-Kadhimi a été victime d'une tentative d'assassinat lorsqu'un drone a explosé dans sa résidence de la zone verte de Bagdad.

Demandes et doléances

Décrivant les perspectives actuelles de l'Iraq comme « précaires », la Représentante spéciale a rappelé que les élections d'octobre ont elles-mêmes émergé d'une vague sans précédent de manifestations dans tout le pays en 2019.

Marquées par la violence, le recours excessif à la force, les enlèvements et les assassinats ciblés, ces manifestations ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés.

La paix fragile qui règne actuellement dans le pays fait également suite à des décennies de conflit, qui ont empêché les civils ordinaires de faire entendre leur voix.

« L'absence de perspectives politiques, économiques et sociales a poussé de très nombreux Iraquiens à descendre dans la rue », a déclaré Mme Plasschaert.

« Leurs demandes et leurs doléances restent plus pertinentes que jamais », a-t-elle ajouté.

De quoi être fiers

Si le taux de participation aux élections qui viennent de s'achever n'a été que de 41 %, le scrutin s'est déroulé dans l'ensemble de manière pacifique et dans de bonnes conditions.

« Les Iraquiens ont de quoi être fiers de cette élection », a fait valoir la Représentante spéciale.

Le 22 octobre, le Conseil de sécurité a publié une déclaration félicitant le peuple et le gouvernement iraquiens pour le bon déroulement d'une « élection techniquement saine » et déplorant les menaces de violence.

La MANUI a fourni une assistance technique au processus électoral et a mis en garde contre les menaces de violence et de désinformation.

Les Iraquiens ont de quoi être fiers de cette élection - Jeanine Plasschaert, Représentante spéciale de l'ONU en Iraq

En outre, de nombreux experts ont noté que la récente élection offre un nouvel espoir que les défis de l'Iraq peuvent être abordés démocratiquement à l'avenir.

Appels à la retenue

La Représentante spéciale des Nations Unies a reconnu que les élections et leurs résultats peuvent susciter des sentiments forts, en Irak ou dans toute démocratie à travers le monde.

Si les résultats peuvent être décevants pour certains, elle a fortement mis en garde contre le fait de laisser le débat civil - le fondement du pluralisme et de l'engagement politique - céder la place à la désinformation, aux accusations sans fondement, à l'intimidation ou aux menaces de violence.

« En aucun cas, le terrorisme, la violence ou tout autre acte illégal ne doivent être autorisés à faire dérailler le processus démocratique irakien », a-t-elle souligné.

Appelant à la patience, Mme Plasschaert a déclaré que toute tentative illégale de prolonger ou de discréditer le processus des résultats électoraux - ou pire, de modifier les résultats électoraux par l'intimidation et la pression - ne peut que se retourner contre elle.

« J'appelle toutes les parties prenantes à ne pas s'engager dans cette voie », a souligné la cheffe de la MANUI.

« On ne saurait trop insister sur l'importance d'un processus de formation du gouvernement solide et inclusif », a-t-elle conclu.