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En Iraq, le gouvernement fait face à « de multiples tempêtes »

Une femme avec un bébé se rend à un centre de santé dans la ville de Bassorah, en Iraq (photo d'archives).
© UNICEF/Shehzad Noorani
Une femme avec un bébé se rend à un centre de santé dans la ville de Bassorah, en Iraq (photo d'archives).

En Iraq, le gouvernement fait face à « de multiples tempêtes »

Paix et sécurité

L’envoyée de l’ONU en Iraq a rappelé mercredi aux membres du Conseil de sécurité des Nations Unies les nombreux défis auxquels est confronté le pays du Moyen-Orient, notamment le coronavirus et l’augmentation de la pauvreté.

L’Iraq n’a pas été épargné par le coronavirus. « Au contraire. La pandémie a aggravé les défis économiques, sociaux et politiques actuels et profonds », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général dans le pays, Jeanine Hennis-Plasschaert, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. « Le gouvernement iraquien opère au milieu de multiples tempêtes à la fois ».

La pauvreté en Iraq a augmenté de 10% ces derniers mois et un tiers des Iraquiens vit sous le seuil de pauvreté. La réduction du pouvoir d’achat de la population a eu des conséquences sur sa consommation alimentaire. Plus de 11 millions d’élèves et étudiants du pays ont dû interrompre leurs études. 1,4 million d’Iraquiens sont toujours déplacés sur le territoire.

Face à cette situation alarmante, le peuple ne décolère pas. « Les griefs non résolus et de longue date n'ont pas disparu. Les Iraquiens veulent que leurs voix soient entendues », a rappelé Mme Hennis-Plasschaert. Les troubles sociaux quelque peu atténués par la pandémie de Covid-19, se sont poursuivis dans tout le pays ces derniers mois.

Instaurer une véritable justice

L’ONU demeure préoccupée par les meurtres et les attaques ciblant les défenseurs des droits humains. « Faire taire des voix pacifiques - en exerçant une pression sur les militants et les médias, en perturbant la situation ou pire encore, en versant du sang - est un affront aux droits fondamentaux et à la dignité », a dit la Représentante spéciale.

Mme Hennis-Plasschaert, qui dirige la Mission des Nations Unies en Iraq (MANUI), a appelé à ne pas oublier les personnes portées disparues, celles qui ont besoin de soins médicaux ainsi que celles qui ont dû fuir le pays, « vivant souvent dans des conditions difficiles et incapables de rentrer en raison de graves menaces et intimidations ».

Si l’envoyée de l’ONU note des « signes encourageants », elle estime que de nouvelles mesures sont nécessaires de toute urgence pour instaurer une véritable justice et que les responsables rendent des comptes. « Condamner les violences et annoncer des enquêtes ne sont qu'une première étape », a-t-elle insisté.

Avec trop de parties poursuivant leurs propres intérêts et affaiblissant l'État de l'intérieur, la situation en Iraq peut paraître « déroutante », a reconnu Mme Hennis-Plasschaert, qui déplore les luttes partisanes et les calculs politiques qui continuent, selon elle, d'être des obstacles majeurs aux progrès.

Menace des groupes armés et de Daech

La Représentante spéciale a noté l’activité continue des groupes armés en Iraq, cherchant à créer un environnement d'intimidation brutale. Selon elle, les citoyens iraquiens ont désespérément besoin d’un environnement stable et ne peuvent guère se permettre un autre cycle d’escalade de la violence.

Exploitant les divisions internes et les failles de sécurité, l’organisation terroriste Daech continue de faire des victimes en Iraq. Le pays fait également face à un contexte géopolitique régional particulièrement difficile et est confronté aux ingérences extérieures.

« J'espère sincèrement que l'Iraq bénéficiera d'une plus grande marge de manœuvre pour se concentrer sur sa résilience intérieure, au lieu d'être utilisé comme un lieu pour différentes compétitions de pouvoir », a dit Mme Hennis-Plasschaert, qui s’est dit préoccupée par la récente escalade dans les zones frontalières avec la Turquie. « Nous continuons d'exhorter les deux pays à résoudre leurs différends par le dialogue et la coopération dans le plein respect de la souveraineté nationale ».

Face aux revendications populaires pour la tenue d'élections anticipées, la date du 6 juin 2021 a été annoncée. Mais des écueils subsistent sur la répartition des sièges au parlement et la délimitation des circonscriptions, tout comme sur les procédures électorales et la composition et l’intégrité de la Haute Commission électorale indépendante (IHEC)

« Rétablir la confiance du public est un travail difficile. Et dans ce contexte, des élections libres et équitables s'avéreront cruciales », a dit l’envoyée de l’ONU, soulignant que la MANUI est prête à apporter son aide.

Pour l’ONU, cette « réinitialisation » électorale pourrait ouvrir un nouveau chapitre important pour l’Iraq. « Mais pour que cela se produise, les élections doivent être crédibles », a prévenu Mme Hennis-Plasschaert. Une responsabilité qui, selon elle, incombe non seulement à l'IHEC et au gouvernement, mais aussi à tous les acteurs politiques et acteurs électoraux iraquiens.