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Iraq : l’envoyée de l’ONU plaide pour des réformes économiques et réclame des élections crédibles

Jeanine Hennis-Plasschaert (à gauche), la Représentante spéciale des Nations Unies pour l'Iraq et la Représentante adjointe, Irena Vojáčková-Sollorano, rencontrent des responsables des forces de sécurité de Sinjar en janvier 2021.
MANUI/Salar Brifkani
Jeanine Hennis-Plasschaert (à gauche), la Représentante spéciale des Nations Unies pour l'Iraq et la Représentante adjointe, Irena Vojáčková-Sollorano, rencontrent des responsables des forces de sécurité de Sinjar en janvier 2021.

Iraq : l’envoyée de l’ONU plaide pour des réformes économiques et réclame des élections crédibles

Paix et sécurité

Il est temps pour l’Iraq de mettre en oeuvre des réformes économiques afin de sortir le pays de sa dépendance à l’égard du pétrole, a déclaré mardi la Représentante spéciale du Secrétaire général dans ce pays, Jeanine Hennis-Plasschaert, devant le Conseil de sécurité.

 L'envoyée de l'ONU a tout d'abord condamné l'attaque meurtrière à la roquette à Erbil, la nuit passée. « Ces tentatives d'attiser les tensions constituent de graves menaces pour la stabilité de l'Iraq. Une étroite collaboration entre Bagdad et Erbil, pour traduire les coupables justice, est désormais de la plus haute importance », a-t-elle dit.

S’agissant de l’économie, Mme Hennis-Plasschaert a noté que l'Iraq continuait de connaître de graves difficultés financières et économiques, comme en témoigne la dévaluation du dinar iraquien de plus de 20% fin décembre.

« Néanmoins, une augmentation de près de 40% des revenus pétroliers depuis novembre 2020 a atténué la crise de liquidité, laissant une certaine marge de manœuvre au gouvernement », a-t-elle ajouté. « À présent, l'augmentation continue prévue des prix du pétrole devrait permettre au gouvernement d'aller de l'avant sur des questions urgentes telles que la prestation des services publics et les salaires des fonctionnaires ».

Mais, selon elle, « peu de progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre des mesures de réforme indispensables ».

« L’Iraq ne peut se permettre ni de continuer à dépendre de l’extraction des ressources, ni de supporter le fardeau excessif d’un secteur public démesuré », a-t-elle dit. « De nombreuses opportunités de réformes significatives et nécessaires ont été gaspillées depuis 2003. Et il est plus que temps de donner la priorité à la diversification économique durable, ainsi qu'au développement d'un secteur privé à valeur ajoutée et créateur d'emplois ».

« Je le répète : une dépendance à l'égard des prix volatils des matières premières n'est pas du tout une stratégie », a-t-elle ajouté.

Convenir d’un code de conduite pour les élections

S’agissant des élections, l’envoyée de l’ONU a noté que la Haute Commission électorale indépendante a décidé d'une nouvelle date pour ces élections, le 10 octobre 2021, soit quatre mois plus tard que prévu initialement.

Entre-temps, le parlement a adopté la législation nécessaire pour financer les élections, et l'enregistrement des candidats et des alliances dans tout le pays, ainsi que les mises à jour de l'inscription des électeurs, sont en cours.

« Cependant, le Parlement n'a pas encore finalisé la loi en vigueur sur la Cour suprême fédérale. Comme ce tribunal certifie les résultats des élections, d'autres retards ne peuvent être acceptés. Je voudrais exhorter toutes les parties à agir immédiatement », a dit Mme Hennis-Plasschaert.

Selon elle, pour que des élections crédibles aient lieu, « il est impératif que les partis et les candidats opèrent dans un environnement libre et sûr ». « Il en va de même pour les membres des médias », a-t-elle ajouté.

Elle a appelé tous les partis politiques, parties prenantes et autorités à convenir d'un ‘code de conduite’ et à permettre à tous les candidats iraquiens d'opérer librement - indépendamment de leur appartenance ethnique, de leur sexe, de leur langue, de leur religion, de leur croyance ou de leur passé.

« Tout Iraquien qui souhaite participer à ces élections, en tant que candidat ou militant, doit pouvoir le faire sans crainte d’intimidation, d’attaque, d’enlèvement ou d’assassinat. Et cela va sans dire : les électeurs doivent se sentir entièrement libres de choisir leur candidat préféré », a dit Mme Hennis-Plasschaert.

Selon l’envoyée de l’ONU, des élections crédibles exigent un effort collectif et l'engagement de tous les Iraquiens.

« Pour que les élections soient fiables, les théories non fondées doivent être réfutées, les accusations sans fondement réfutées, l'intimidation remplacée par la responsabilité. La transparence doit régner et les loyautés ne peuvent être vendues », a-t-elle conclu. « En cette année électorale très importante, j’espère que les Iraquiens pourront continuer à compter sur l’appui et la solidarité indéfectibles du Conseil ».