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Mines antipersonnel : hausse de 20% du nombre de victimes de mines en pleine pandémie de Covid-19 en 2020

Une équipe de démineurs dans un champ en Iraq.
DMA/RMAC-S Iraq
Une équipe de démineurs dans un champ en Iraq.

Mines antipersonnel : hausse de 20% du nombre de victimes de mines en pleine pandémie de Covid-19 en 2020

Paix et sécurité

Le nombre de victimes de mines antipersonnel, de restes explosifs de guerre et de mines improvisées a augmenté de plus de 20% en 2020 dans le monde, a indiqué mercredi l’Observatoire des mines, qui pointe du doigt l’impact de la pandémie sur les efforts de déminage à travers la planète.

Selon le rapport, le nombre des victimes causé par ces armes est toujours élevé. De 5.853 un an auparavant, il a atteint 7.073 en 2020. Ce total représente exactement une augmentation de 21% par rapport à 2019. Selon l’Observatoire, cela reste le nombre le chiffre le plus élevé depuis six années consécutives.

Il est même plus de deux fois supérieur aux 3.456 victimes enregistrées en 2013, bilan annuel de victimes le plus bas enregistré par l’Observatoire. Il y avait en moyenne 10 victimes par jour en 2013 ; en 2020, le taux a grimpé en flèche pour atteindre 19 victimes par jour.

Impact du coronavirus sur l’action contre les mines

« Le nombre toujours élevé de victimes et la lenteur décevante des opérations de déminage mettent en évidence les graves et persistants de la mise en œuvre du traité », a déclaré lors d’un point de presse au Palais des Nations de Genève, Marion Loddo, Responsable éditoriale de l’Observatoire et auteure du rapport. « Si nous voulons parvenir à un monde sans mines, les Etats doivent redoubler d’efforts pour mettre en œuvre rapidement leurs obligations ».

Apparemment, les mesures prises contre la pandémie de Covid-19 ont eu un impact sur l’action contre les mines en 2020. Selon le document, les restrictions ont empêché les victimes d’accéder aux services dont elles avaient besoin (réadaptation, services sociaux, etc.) dans plusieurs pays touchés par les mines.

De plus, le déminage a été temporairement suspendu ainsi que les sessions d’éducation aux risques qui ont été adaptées aux contraintes et aux restrictions liées à la pandémie.

Les États parties au Traité d’Ottawa ont déclaré avoir déminé près de 146 km² de terrain, avec plus de 135.000 mines terrestres détruites. Cela représente une diminution de 6% par rapport aux 156 km² déminés en 2019 mais une augmentation de 10% par rapport aux 122.270 mines détruites en 2019.

La majorité des victimes causée par des mines improvisées

Plus largement, 80% des personnes tuées en 2020 étaient des civils, dont 1.872 enfants. Les victimes n’ayant pas pu être comptabilisées dans de nombreux Etats et régions, leur nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.

« Le nombre de personnes tuées et blessées par des mines terrestres a augmenté en raison des conflits en cours dans quelques pays, mais les besoins des victimes ne sont pas satisfaits à l’échelle mondiale », a déclaré Loren Persi, l’un des auteurs du rapport de l’Observatoire des mines 2021.

Pour la cinquième année consécutive, le nombre le plus élevé de victimes annuelles a été causé par des mines improvisées. Sur le total de 7.073 victimes de enregistrées en 2020, les mines improvisées sont responsables d’environ un tiers (2.119) des victimes. Les restes explosifs de guerre ont quant à eux causé 1.760 victimes.

Syrie et Afghanistan plus touchés

C’est en Syrie (2729) et en Afghanistan (1474) que sont rapportés le plus de cas liés à ces armes. Suivent le Mali (368), le Yémen (350), le Myanmar (280), l’Ukraine (277), le Nigéria (226), la Colombie (167), l’Iraq (161) et le Burkina Faso (111). Au total, des victimes de mines ont été enregistrées dans 50 États et trois territoires.

Par ailleurs, l’Observatoire confirme également de nouvelles utilisations de mines antipersonnel par les forces gouvernementales du Myanmar entre juin 2020 et octobre 2021. Durant cette même période, le rapport évoque également des allégations pas encore confirmées selon lesquelles des mines auraient été utilisées par des groupes armés non étatiques au Cameroun, en Egypte, au Niger, aux Philippines, en Thaïlande, en Tunisie et au Venezuela.

La publication du rapport 2021 de l’Observatoire des mines intervient à moins d’une semaine de la conférence annuelle du Traité d’interdiction des mines  prévue à La Haye du 15 au 19 novembre prochain. À ce jour, 94 États parties ont détruit plus de 55 millions de mines terrestres stockées, dont plus de 106.500 détruites en 2020. Des mines qui ne feront jamais de victimes. Le Sri Lanka est le dernier État à avoir achevé la destruction de son stock en 2021.