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Yémen : 10.000 enfants tués ou blessés depuis le début du conflit (UNICEF)

Un médecin vérifie le fonctionnement des prothèses d'un jeune garçon dans un hôpital d'Aden, au Yémen.
© UNICEF Yemen
Un médecin vérifie le fonctionnement des prothèses d'un jeune garçon dans un hôpital d'Aden, au Yémen.

Yémen : 10.000 enfants tués ou blessés depuis le début du conflit (UNICEF)

Aide humanitaire

Plus de 10.000 enfants ont été tués ou blessés en plus de six ans de conflit au Yémen, a dénoncé mardi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui a appelé à une aide d’urgence à Mareb où les violences font régulièrement des centaines de victimes.

« Le conflit au Yémen vient juste de franchir une étape honteuse avec la marque de 10.000 enfants tués ou blessés, depuis le début des combats en mars 2015. Ce qui fait quatre enfants tous les jours », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, James Elder, porte-parole de l’UNICEF, qui est rentré lundi d’une mission l’ayant conduit dans le nord et le sud du Yémen. 

« La gravité de la situation humanitaire ne peut être surévaluée », a-t-il ajouté, relevant que sans financement rapide, davantage d’enfants vont décéder. « Bien sûr ce sont les chiffres que les Nations Unies peuvent confirmer, un bien plus grand nombre d’enfants tués et blessés ne sont pas connus si ce n’est de leur famille », a-t-il souligné. 

Quatre enfants sur cinq au Yémen ont besoin d’aide humanitaire

Selon l’agence onusienne, le Yémen est l’endroit « le plus difficile au monde pour être un enfant ». Et, chose incroyable, la situation empire. « J’ai rencontré des dizaines d’enfants, beaucoup inspirants, tous souffrants. J’ai rencontré des pédiatres, des enseignants, des infirmières - tous ont partagé des histoires personnelles qui reflètent celles de leur pays : ils sont au bord de l’effondrement total », a témoigné M. Elder. 

Selon l’UNICEF, « la crise humanitaire au Yémen - la pire du monde - est le fruit de la convergence tragique de 4 menaces : un conflit violent qui perdure, une économie dévastée, des services réduits en ruines pour tous les systèmes d’aide, que ce soit la santé, la nourriture, l’eau ou l’assainissement, la protection et l’éducation, et une opération de l’ONU qui manque sévèrement de fonds ».

Sur le terrain, 5 millions de personnes sont au bord de la famine. Quatre enfants sur cinq au Yémen ont besoin d’aide humanitaire, soit un total de 11 millions, a aussi rappelé M. Elder. 400.000 souffrent de malnutrition aiguë et 2 millions sont privés d’école. Dans le même temps, deux tiers des enseignants – soit plus de 170.000 - n’ont pas reçu de salaire régulier depuis plus de quatre ans.

Un père et son enfant traversent un camp de personnes déplacées près de la ville de Marib, au Yémen.
© PAM/Annabel Symington
Un père et son enfant traversent un camp de personnes déplacées près de la ville de Marib, au Yémen.

1,8 million d’enfants sont déplacés par le conflit

De plus, près de 1,8 million d’enfants sont déplacés.  « À mesure que la violence s’intensifie, notamment autour de Mareb, de plus en plus de familles fuient leur foyer », a détaillé James Elder. 

Plus largement, l’UNICEF estime que la gravité de la situation humanitaire au Yémen ne peut être exagérée. L’économie est dans un état critique. Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 40% depuis 2015, année de l’escalade de la violence. 

Dans ces conditions, un nombre important de personnes ont perdu leur emploi et les revenus des familles se sont effondrés. « Environ un quart des personnes - dont un grand nombre de travailleurs médicaux, d’enseignants, d’ingénieurs et d’agents d’assainissement - dépendent des salaires des fonctionnaires qui sont payés de manière erratique, voire pas du tout », a expliqué le porte-parole de l’UNICEF. 

Mais ces personnes sont à court d’options. Ce qui signifie qu’elles sont obligées de tout vendre, des bijoux aux casseroles, juste pour nourrir leurs propres enfants. « En résumé, les enfants du Yémen ne meurent pas de faim par manque de nourriture, mais parce que leurs familles n’ont pas les moyens de se nourrir. Ils meurent de faim parce que les adultes continuent de mener une guerre dans laquelle les enfants sont les plus grands perdants », a fait valoir M. Elder.

L’UNICEF a besoin de 235 millions de dollars d’ici juin prochain

Face à cette situation « honteuse », l’agence onusienne soutient le traitement de la malnutrition aiguë sévère dans 4.000 établissements de soins de santé primaires et 130 centres d’alimentation thérapeutique. L’UNICEF fournit également chaque trimestre des transferts d’argent liquide d’urgence à 1,5 million de ménages - au bénéfice d’environ 9 millions de personnes.

De l’eau potable est servie à plus de 5 millions de personnes. « Et rien que cette année, nous avons aidé 620.000 enfants à accéder à l’éducation formelle et non formelle, et fourni des vaccins - notamment une campagne contre la polio qui a touché plus de cinq millions d’enfants », a dit M. Elder.

L’UNICEF a besoin de 235 millions de dollars d’ici juin prochain pour maintenir son assistance auprès de millions de personnes. A défaut de ces fonds, l’agence onusienne sera contrainte de réduire ou d’arrêter son aide vitale aux enfants vulnérables. Aux niveaux de financement actuels, et sans la fin des combats, l’UNICEF ne pourra pas atteindre tous ces enfants.

« Il n’y a pas d’autre façon de le dire : sans un soutien international accru, davantage d’enfants - ceux qui n’ont aucune responsabilité dans cette crise – mourront », a conclu le porte-parole de l’UNICEF.