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Yémen : dialogue et compromis sont la seule voie à suivre pour mettre fin au conflit, rappelle l’envoyé de l’ONU

Des personnes déplacées reçoivent une aide d'urgence à Mareb, au Yémen.
Photo OCHA/Giles Clarke
Des personnes déplacées reçoivent une aide d'urgence à Mareb, au Yémen.

Yémen : dialogue et compromis sont la seule voie à suivre pour mettre fin au conflit, rappelle l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

Un règlement politique négocié global est nécessaire pour mettre fin à la violence au Yémen « une fois pour toutes », a déclaré jeudi l'Envoyé spécial de l'ONU pour ce pays, Hans Grundberg, au Conseil de sécurité.

« Les Yéménites, sans exception, soulignent la nécessité de mettre fin à la guerre », a-t-il déclaré, insistant sur le besoin urgent de stabiliser l'économie, d'améliorer les services de base et de faciliter la libre circulation tant à l'intérieur du pays qu'à travers ses frontières.

Le responsable de l'ONU a souligné que les Yéménites reconnaissent également que leur pays ne peut pas être efficacement dirigé par un seul groupe et qu'« une paix durable nécessitera le pluralisme ».

Les Yéménites ont fait part de leurs inquiétudes à l'envoyé de l'ONU concernant l'érosion systématique des droits fondamentaux et des institutions de l'État ainsi qu'une génération d'enfants traumatisés par la guerre qui manquent d'éducation de base, a-t-il déclaré.

« Mettre fin à la guerre n'est donc qu'une première étape, mais une étape essentielle d'un long rétablissement », a-t-il dit.

Pas de conditions préalables

Notant un fossé grandissant dans la confiance entre les parties belligérantes, M. Grundberg a observé qu'« une solution durable ne peut être obtenue que par un règlement politique négocié global ». Selon lui, « il ne devrait y avoir aucune condition préalable » à des pourparlers politiques urgents et les opérations humanitaires « ne doivent pas être utilisées comme levier politique ».

« Le dialogue et le compromis sont la seule voie durable à suivre… [et] les mesures visant à atténuer l'impact immédiat du conflit sur les civils sont d'une importance capitale », a déclaré l'envoyé de l'ONU.

En plus de payer les salaires, les routes à Taëz, Mareb et ailleurs doivent être ouvertes et les restrictions sur le carburant et les marchandises qui transitent par le port crucial de Hodeïda sur la mer Rouge doivent être levées. Ces mesures, qui peuvent « améliorer sensiblement » des vies dans l'immédiat, doivent être abordées de toute urgence par les parties et doivent être encouragées par la communauté internationale, en particulier les États membres régionaux, a-t-il déclaré.

Réunion du Conseil de sécurité sur le Yémen.
Photo : ONU/Manuel Elias
Réunion du Conseil de sécurité sur le Yémen.

La région de Mareb, épicentre de la guerre

M. Grundberg a déclaré aux ambassadeurs que l'escalade militaire sur le terrain a pris « une tournure alarmante » alors que Mareb et ses environs restent « l'épicentre de la guerre ». « Nous réitérons l'appel à toutes les parties pour qu'elles facilitent un accès humanitaire sûr, rapide et durable aux zones touchées », a-t-il dit.

Il a dénoncé les violations des droits humains, notamment les exécutions publiques, les disparitions forcées, les meurtres et l'utilisation de balles réelles contre des manifestants.

Malgré l'impunité persistante et le non-renouvellement du mandat du Groupe d'experts éminents, M. Grundberg a déclaré que l'ONU « continuerait à exiger des comptes ».

Lors d’une visite à Aden, il a souligné l'importance de la reprise économique et de la prestation de services de base, mais a observé que des améliorations durables seraient impossibles à moins que les acteurs politiques ne surmontent les divisions politiques.

Selon lui, un règlement politique inclusif sera « une tâche laborieuse et compliquée qui prendra du temps ». « Mon objectif est de forger un accord sur une voie à suivre », a-t-il ajouté.

Effondrement économique

« Le Yémen devient de plus en plus violent – pas moins », a noté, de son côté, le Coordinateur adjoint des secours d'urgence des Nations Unies, Ramesh Rajasingham, dressant un sombre tableau de l'instabilité, de l'effondrement économique et du besoin urgent d'assistance.

Il a noté que les organisations humanitaires manquent de fonds et devront bientôt couper des programmes qui bénéficient à des millions de personnes. 

« Les agences se sont engagées à faire leur part pour aider les donateurs à maintenir leur soutien », a-t-il déclaré, ajoutant que dans les mois à venir, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) publierait une évaluation impartiale des besoins à l'échelle nationale et un plan de réponse fondé sur des preuves, couvrant l'année prochaine.

« Votre soutien continu sera crucial pour ce travail, et nous vous tiendrons au courant au fur et à mesure que nous progressons », a-t-il déclaré aux ambassadeurs.