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Yémen : alors que la trêve est respectée, l’envoyé de l’ONU appelle à construire une paix durable

Un homme avec sa fille de trois ans dans le quartier de Harat Al-Masna'a à Sana'a, au Yémen.
© UNOCHA/Giles Clarke
Un homme avec sa fille de trois ans dans le quartier de Harat Al-Masna'a à Sana'a, au Yémen.

Yémen : alors que la trêve est respectée, l’envoyé de l’ONU appelle à construire une paix durable

Paix et sécurité

Quatre mois et demi depuis le début de la trêve au Yémen, celle-ci continue d’être respectée sur le plan militaire, s’est félicité lundi l’envoyé de l’ONU dans ce pays, Hans Grundberg, qui a encouragé les belligérants à commencer à construire une paix durable. 

Il y a deux semaines, les belligérants ont convenu de prolonger la trêve au Yémen, qui a débuté le 2 avril, selon les mêmes termes pour deux mois supplémentaires, jusqu'au 2 octobre.

« La trêve continue d'être largement respectée sur le plan militaire. Aucune opération militaire majeure ni modification des lignes de front n'a eu lieu et il n'y a eu ni frappes aériennes confirmées à l'intérieur du Yémen ni attaques transfrontalières émanant du Yémen », a expliqué l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, devant les membres du Conseil de sécurité.

« Nous continuons d'observer une baisse significative du nombre de victimes civiles, la première semaine d'août ayant enregistré le plus faible nombre de victimes civiles depuis le début de la trêve et depuis le début de la guerre », a-t-il ajouté. Il a noté que la plupart des victimes civiles continuent d'être le résultat de restes explosifs de guerre, y compris des mines terrestres et des munitions non explosées. Toutefois, une évolution inquiétante est l'augmentation du nombre d'enfants victimes, qui représentent désormais environ 40% des victimes civiles signalées.

Hans Grundberg (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, fait un exposé devant le Conseil de sécurité sur la situation dans ce pays.
Photo ONU/Mark Garten
Hans Grundberg (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, fait un exposé devant le Conseil de sécurité sur la situation dans ce pays.

Construire la confiance

M. Grundberg a souhaité que les belligérants profitent de la trêve prolongée pour poursuivre les négociations afin de parvenir à un accord de trêve élargi d'ici le 2 octobre. « L'absence d'un accord pour prolonger la trêve conduirait à de nouveaux cycles d'escalade et de violence, avec des conséquences prévisibles et dévastatrices pour la population yéménite. Le Yémen doit de toute urgence éviter ce scénario. Et j'appelle les parties à faire le choix de construire la confiance nécessaire pour éviter un retour à la guerre et commencer à construire une paix durable », a-t-il dit.

L’envoyé de l’ONU a précisé que l'ouverture de routes dans le gouvernorat de Taëz et dans d'autres gouvernorats continue d'être au premier plan de ses efforts. « Plusieurs propositions avec différents ensembles de routes et options de séquencement ont été présentées aux parties. Il est regrettable qu'en dépit de ces efforts, il n'y ait pas eu plus de progrès réalisés sur les ouvertures de routes à ce jour », a-t-il indiqué. « Dans l'intérêt des habitants de Taëz, de l'ensemble de la population et de l'économie, les parties doivent s'entendre sur l'ouverture des routes dès que possible ».

Concernant les importations de carburant, il s’est félicité que depuis le début de la trêve, 33 navires au total ont été autorisés à entrer dans le port de Hodeïda, apportant près d'un million de tonnes de divers produits pétroliers.

Un autre élément clé de l'accord de trêve actuel est l'ouverture de l'aéroport international de Sanaa aux vols commerciaux. À ce jour, 31 vols aller-retour ont été opérés depuis et vers Sanaa, transportant plus de 15.000 passagers. « J'espère voir le nombre et la fréquence des vols augmenter encore davantage pour permettre aux hommes et aux femmes yéménites de retrouver leurs familles et de rechercher des traitements médicaux et des opportunités d'éducation à l'étranger », a dit M. Grundberg.

L’envoyé de l’ONU a précisé que sa proposition pour l'accord de trêve élargi comprend :

 

  • un accord sur un mécanisme de décaissement transparent et efficace pour le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et des pensions civiles,

     

  • l'ouverture de routes supplémentaires à Taëz et dans d'autres gouvernorats

     

  • des vols supplémentaires à destination et en provenance de l'aéroport international de Sanaa

     

  • un approvisionnement régulier en carburant vers les ports de Hodeïda.

     

« Un accord élargi permettrait d'avancer pour résoudre d'autres problèmes humanitaires et économiques et créer un environnement plus propice pour entamer des discussions sur un cessez-le-feu durable et préparer la reprise d'un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l'ONU », a dit M. Grundberg. « Nous devons mettre fin au conflit, pas seulement le gérer ».

Ghada Mudawi, Directrice par intérim des opérations et de plaidoyer à OCHA, devant le Conseil de sécurité.
Photo ONU/Mark Garten
Ghada Mudawi, Directrice par intérim des opérations et de plaidoyer à OCHA, devant le Conseil de sécurité.

Une assistance fournie à 11 millions de personnes

De son côté, la Directrice par intérim des opérations et du plaidoyer au Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), Ghada Eltahir Mudawi, a noté que bien que les combats et les pertes civiles aient fortement diminué depuis avril, ils n'ont jamais complètement cessé, prenant pour exemple, un bombardement, le 23 juillet, sur la ville de Taëz qui a tué un enfant et blessé dix autres.

Mme Mudawi, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a estimé qu’on ne pouvait s'attendre à ce que la trêve résolve à elle seule la crise humanitaire au Yémen, y compris le risque de famine qui menace certaines régions.

« Les approvisionnements alimentaires à l'intérieur du pays sont actuellement assez stables, mais la chaîne d'approvisionnement alimentaire - qui dépend des importations commerciales - reste précaire », a-t-elle expliqué.

Les agences humanitaires continuent de fournir une assistance à travers le pays, atteignant en moyenne plus de 11 millions de personnes chaque mois, mais elles sont souvent confrontées à de sérieuses contraintes pour le faire, le travail d’assistance restant « plus difficile et plus dangereux qu'il ne le devrait ».

L'insécurité reste un problème. À Lahej, les agences ont fait face à au moins trois tentatives de détournement de véhicule au cours des deux dernières semaines. À Sanaa, les autorités houthies détiennent toujours les deux membres du personnel de l'ONU qu'elles ont promis de libérer en novembre dernier. Et cinq membres du personnel de l'ONU enlevés à Abyan en février sont toujours portés disparus, a précisé Mme Mudawi, qui a réitéré l’appel à la libération immédiate de tous les travailleurs humanitaires détenus.

Elle a également noté que les déficits de financement - en particulier dans les secteurs chroniquement sous-financés comme l'eau, l'assainissement et le logement - restaient un défi.