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Yémen : l’envoyé de l’ONU appelle à briser le cycle sans fin de la violence à la veille d’une conférence de bailleurs de fonds

Trois soeurs vont à l'école près d'une zone de combat à Taëz, au Yémen, en février 2021.
© UNICEF/Ahmed Al-Basha
Trois soeurs vont à l'école près d'une zone de combat à Taëz, au Yémen, en février 2021.

Yémen : l’envoyé de l’ONU appelle à briser le cycle sans fin de la violence à la veille d’une conférence de bailleurs de fonds

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a appelé mardi les Yéménites et la communauté internationale à briser le « cycle sans fin de la violence » au Yémen, où la guerre fait rage depuis plus de sept ans.

« Nous avons besoin d'un effort conjoint et concerté des Yéménites et de la communauté internationale pour briser ce cycle de violence sans fin et jeter les bases d'une paix durable », a déclaré M. Grundberg dans un exposé devant les membres du Conseil de sécurité.

Il a souligné la poursuite des hostilités au cours du mois écoulé dans plusieurs endroits du pays, notamment des échanges de tirs d’artillerie à Taëz qui ont fait des victimes civiles et des frappes aériennes sur les lignes de front à Marib et Hajjah.

« A Marib, Ansar Allah poursuit son offensive, qui depuis plus de deux ans cause d'énormes dégâts aux civils. Dans les districts du sud de Hodeïda, les hostilités se poursuivent, avec des rapports faisant état de victimes civiles, dont des femmes et des enfants », a-t-il précisé.

Il a également indiqué que la violence continue de se répandre dans la région. Le 21 février, des éclats d'obus d'un drone interceptés au-dessus d’un aéroport de la ville de Jizan, en Arabie saoudite, ont blessé 16 civils.

Réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen.
Photo : ONU/Manuel Elias
Réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen.

La crise économique s’aggrave

« Des années de combats n'ont fait que détruire les institutions, l'économie, le tissu social et l'environnement du Yémen », a observé l’Envoyé spécial.

Alors que les combats se poursuivent, la crise économique continue de s'aggraver. « La dépréciation de la monnaie et les pénuries de carburant ont un impact sur les besoins quotidiens des Yéménites : eau potable, nourriture, transport, électricité et soins de santé », a-t-il dit.

Selon M. Grundberg, des mesures concrètes sont nécessaires pour stabiliser la monnaie.

Il a aussi noté que les Yéménites continuent de vivre avec de sévères restrictions à leur liberté de mouvement à l’intérieur du pays, mais aussi vers l’extérieur avec la fermeture de l'aéroport de Sanaa.

L’Envoyé spécial a expliqué qu’il explorait activement les options avec les parties belligérantes « sur des mesures de désescalade immédiates qui pourraient réduire la violence, atténuer la crise du carburant et améliorer la liberté de mouvement ».

Cependant, il a rappelé que toute mesure de désescalade potentielle ne tiendra que si elle est soutenue par un processus politique. Il a indiqué qu’il poursuivait ses consultations pour tracer la voie vers un règlement politique.

Une conférence de donateurs le 16 mars 

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, a rappelé au Conseil de sécurité qu’une conférence de bailleurs de fonds serait organisée mercredi 16 mars, alors que les agences humanitaires estiment avoit besoin de près de 4,3 milliards de dollars pour aider plus de 17 millions de personnes à travers le Yémen cette année.

De nouvelles évaluations confirment que 23,4 millions de personnes ont désormais besoin d'aide dans tout le pays. Cela représente environ trois personnes sur quatre.

Depuis 2015, les bailleurs de fonds ont dépensé près de 14 milliards de dollars pour répondre aux appels de l'ONU pour réduire les souffrances créées par la guerre et l'effondrement économique du Yémen. Plus de 75% de cet argent provient de six bailleurs de fonds : les États-Unis, l'Arabie saoudite, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis, l'Allemagne et la Commission européenne.

Grâce à cet argent, « il n'y a pas eu de famine massive au Yémen », a dit M. Griffiths. « Le pays s'est engagé à plusieurs reprises sur cette voie, y compris au début de l'année dernière, pour être sauvé par une action humanitaire opportune et bien financée. C'est un succès important ».

L'action humanitaire a aussi contribué à maintenir les taux de morbidité et de mortalité stables pendant le conflit. « En d'autres termes, sans le niveau de réponse, beaucoup plus de personnes au Yémen tomberaient presque certainement malades et mourraient. C'est un autre résultat crucial », a dit le chef de l’humanitaire de l’ONU.

Mais, selon lui, « toutes ces réalisations sont aujourd'hui menacées », alors que les agences humanitaires sont confrontées à des pénuries de financement « alarmantes et sans précédent ».

« Les deux tiers des principaux programmes de l'ONU ont déjà été réduits ou fermés, y compris des coupes profondes dans les services de base comme l'aide alimentaire, l'eau, les soins de santé et les secours aux personnes fuyant la violence à Marib et ailleurs », a-t-il ajouté.

« Si nous avons un message pour le monde aujourd'hui, c'est celui-ci : ne vous arrêtez pas maintenant ».