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Le vélo à tout âge : les personnes âgées ne doivent pas renoncer à la bicyclette

Les personnes âgées ne doivent pas renoncer au vélo.
© Cycling Without Age
Les personnes âgées ne doivent pas renoncer au vélo.

Le vélo à tout âge : les personnes âgées ne doivent pas renoncer à la bicyclette

Droits de l'homme

Les personnes âgées doivent souvent renoncer à faire du vélo par peur de blessures, mais Cycling Without Age, un mouvement né au Danemark, leur permet de retrouver leur mobilité et les plaisirs du vélo en toute sécurité.

À l’occasion de la Journée mondiale de la bicyclette (3 juin), les États membres sont encouragés à mettre en avant et à promouvoir l’utilisation du vélo en tant que moyen de transport simple, accessible, fiable, propre et durable.

Dans son message, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que le vélo était « bon pour la santé - physique et mentale - et bon pour notre seule et unique planète. Les vélos sont populaires et pratiques, ils permettent de faire de l'exercice et nous transportent non seulement à l'école, dans les magasins et au travail, mais aussi vers un avenir plus durable ».

En vieillissant, nos yeux, nos jambes et notre condition physique générale commencent à limiter notre capacité à faire du vélo. Les personnes âgées, souvent à contrecœur, doivent arrêter par peur de se blesser, renonçant ainsi à la liberté et à la joie que le vélo procure.

Alors comment aider les personnes agées à se remettre en selle, malgré leur mobilité réduite ?

Ole Kassow avec des passagers au Luxembourg
© Cycling Without Age
Ole Kassow avec des passagers au Luxembourg

Une promenade qui change la vie

À vélo sans âge (Cycling Without Age) est un mouvement lancé en 2012 par Ole Kassow à Copenhague, au Danemark.

Comme de nombreux Danois, Ole Kassow se rend au travail à vélo. En passant devant une maison de retraite, il a remarqué un homme âgé qui regardait les gens passer. Il s’appelait Thorkild, et Ole s’est demandé à quel point les personnes à mobilité réduite regrettaient la sensation de liberté qu’offre une balade à vélo ?

Thorkild (à droite) lors d'une randonnée à Copenhague, au Danemark.
© Cycling Without Age
Thorkild (à droite) lors d'une randonnée à Copenhague, au Danemark.

Il a décidé de louer un cyclo-pousse et de se rendre à la maison de retraite dans l’espoir de proposer aux résidents d’y faire un tour. Sa première passagère fut Gertrud, qui demanda à se rendre dans le quartier de Langelinie à Copenhague. Un endroit cher à son cœur ; elle a vécu au Groenland après la Seconde Guerre mondiale et c’est ici que les navires en provenance du Groenland avaient l’habitude d’accoster.

Elle a évoqué tous ses souvenirs en détail et, en l’espace d’une heure, un lien s’est créé. L’expérience a été si enrichissante pour le conducteur comme pour la passagère que le lendemain, le directeur de la maison de retraite appelle Ole et lui demande ce qu’il a bien pu faire à Gertrud, avant de rapidement ajouter que tous les autres résidents voulaient maintenant eux aussi faire un tour.

Ole a donc décidé de renouveler l’expérience et a emmené d’autres pensionnaires en balade. Thorkild a lui aussi eu droit à son tour à vélo. Sa promenade avec Ole les a menés devant les casernes de Rosenborg où, 76 ans auparavant, il avait servi comme garde royal.

Les histoires et les expériences étaient trop belles pour ne pas être partagées. Ole a ainsi pris contact avec Dorthe Pedersen, une consultante de la société civile de la ville de Copenhague, qui était intriguée par l’idée et ensemble ils ont acheté cinq cyclo-pousses.

Équipés de leurs nouveaux pousse-pousse, ils ont rassemblé des conducteurs bénévoles et ont emmené dix résidents en virée. Grâce au bouche-à-oreille, 30 nouveaux volontaires se sont inscrits dès le lendemain. Très vite, d’autres villes danoises ont voulu participer et depuis le mouvement n’a cessé de croître. Aujourd’hui, le mouvement s’est étendu à 50 pays dans le monde, avec plus de 2.500 sections.

Cyclistes et passagers dans les montagnes Rocheuses, à Canmore, au Canada.
© Cycling Without Age
Cyclistes et passagers dans les montagnes Rocheuses, à Canmore, au Canada.

Récits, rencontres et lutte contre l’âgisme.

« Le vélo est un vecteur d’égalité, au-delà des générations, des barrières sociales, des pays, c’est un outil fantastique pour créer du lien entre les générations », a déclaré Ole.

Parmi ses objectifs, À vélo sans âge s’est attaché à combattre l’âgisme, la discrimination basée sur l’âge, en donnant naissance à des rencontres entre les générations, entre les pilotes et les passagers, les soignants et les familles. « Les relations humaines sont si importantes qu’elles devraient être considérées comme un droit de l’homme, le droit au lien social. Ainsi, nous ne construisons pas des villes et des communautés qui empêchent les gens de nouer des liens ».

Ces relations permettent d’instaurer un rapport de confiance, d’améliorer la qualité de vie et de tout simplement apporter du bonheur. Elles sont essentielles pour préserver les histoires des anciennes générations qui, autrement, seraient oubliées. Les conducteurs bénévoles s’engagent auprès de leurs passagers, écoutent leurs récits et, à leur tour, les partagent avec leurs amis et leur famille, garantissant ainsi qu’elles perdurent dans le temps.

Joyce et Maude lors d'une randonnée avec Cycling Without Age à Musselburgh, en Écosse.
© Cycling Without Age
Joyce et Maude lors d'une randonnée avec Cycling Without Age à Musselburgh, en Écosse.

Le mouvement a montré comment une simple promenade à vélo peut avoir des effets considérables sur la vie des personnes âgées à mobilité réduite. Des résidents qui n’avaient pas parlé depuis des années ont raconté leurs aventures à leurs voisins de quoi égayer le lieu de vie. Pour les personnes malvoyantes, il s’agit de sentir le vent dans leurs cheveux, de profiter des odeurs et des sons.

L’objectif d’À vélo sans âge est d’améliorer le bien-être des personnes âgées en les remettant sur leur vélo. Le mouvement joue un rôle actif dans la promotion des Objectifs de développement durable (ODD), avec une attention particulière aux objectifs 3, 10 et 11 sur la santé et le bien-être, la réduction des inégalités, et les villes et communautés durables.

Tout savoir sur La Grande Evasion

Covid-19 et regard vers l’avenir

Avec près de 99% des opérations suspendues dans le monde au plus fort de la pandémie de Covid-19, les sections d’À vélo sans âge ont cherché d’autres moyens de se rendre utile.

Dans plusieurs pays, les cyclistes ont fait des courses pour fournir de la nourriture et du matériel à des personnes isolées.

À Lisbonne, une section locale a organisé des discussions sur les balcons, en utilisant ses pousse-pousse pour véhiculer des psychologues et des travailleurs sociaux pour échanger avec des personnes âgées depuis leurs balcons.

L’association souhaite désormais se lancer encore de nouveaux défis.

La Grande Evasion, Valence, France.
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La Grande Evasion, Valence, France.

En France, dans le cadre de La Grande Évasion, plus de 50 pilotes vont se relayer pour parcourir 5.000 km en trois mois sur certaines des plus belles routes du pays, dans ce qui sera le premier « Tour de France » en triporteur électrique. Les pilotes volontaires s’arrêteront dans les villes et villages pour rencontrer, saluer et inciter les gens à s’engager dans le mouvement.

En ce qui concerne l’avenir, les bénévoles et les cyclistes espèrent un monde plus bienveillant et plus accueillant. Ils espèrent voir une plus grande empathie envers ceux qui vivent dans l’isolement ou avec une mobilité réduite.

Vous aussi, vous pouvez inviter un proche, un voisin ou un parfait inconnu à une escapade à travers les villes et les campagnes. Commencez dès aujourd’hui.