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En Afghanistan, les pourparlers de paix n’ont pas fait ralentir le nombre de victimes civiles (ONU)

Un policier à Kaboul, en Afghanistan, qui reste l’un des pays les plus dangereux au monde.
Photo : Obinna Anyadike / IRIN
Un policier à Kaboul, en Afghanistan, qui reste l’un des pays les plus dangereux au monde.

En Afghanistan, les pourparlers de paix n’ont pas fait ralentir le nombre de victimes civiles (ONU)

Paix et sécurité

Le nombre de civils tués et blessés dans le conflit en Afghanistan n'a pas ralenti depuis le début des pourparlers de paix, a indiqué mardi la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

« L'Afghanistan reste parmi les endroits les plus meurtriers au monde pour un civil », a affirmé la MANUA lors de la présentation de son dernier rapport trimestriel.

Le rapport fait état de 5.939 victimes civiles dans le pays (2.117 tués et 3.822 blessés) entre le 1er janvier et le 30 septembre 2020. Bien que le chiffre global des victimes civiles pour les neuf premiers mois de 2020 ait chuté d'environ 30% par rapport à la même période en 2019 et qu’il soit le plus bas pour cette même période depuis 2012, les niveaux élevés de violence se poursuivent et les torts causés aux populations restent démesurés et choquants, déplore la mission onusienne.

La MANUA note avec préoccupation que, du 12 septembre - début des négociations de paix en Afghanistan entre le gouvernement et les Taliban à Doha (Qatar) - au 30 septembre, il n'y a pas eu de réduction du nombre documenté de victimes civiles causées par les parties impliquées dans les pourparlers par rapport aux semaines précédentes.

« Les pourparlers de paix auront besoin de temps pour contribuer à instaurer la paix. Mais toutes les parties peuvent immédiatement donner la priorité aux discussions et prendre d’urgence, et franchement en retard, des mesures supplémentaires pour endiguer les terribles torts causés aux civils », a déclaré Deborah Lyons, Représentante spéciale du Secrétaire général  de l’ONU pour l’Afghanistan.

« Une nouvelle réflexion et une action concrète pour sauvegarder la vie civile vont non seulement sauver des milliers de familles de la souffrance et du chagrin, mais elles peuvent également contribuer à réduire les récriminations et, au contraire, renforcer la confiance entre les négociateurs », a déclaré Mme Lyons, qui est également à la tête de la MANUA.

Recrudescence des incidents violents depuis le début du mois

La période à partir du 1er octobre n'entre pas dans le cadre du dernier rapport trimestriel de la MANUA, mais la mission onusienne et le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, sont de plus en plus préoccupés par les violents incidents qui se sont produits en Afghanistan ces derniers jours.

Les combats ont gagné en intensité dans la province d’Helmand (sud-ouest). Plusieurs attaques aveugles ont été perpétrées dans les provinces de Ghor, (centre), de Nangarhar et de Laghman (est) et une frappe aérienne a été constatée dans la province de Takhar (nord-est).

A Kaboul, un attentat suicide visant des civils a touché un centre éducatif le 24 octobre, tuant au moins 25 civils et blessant plus de 50 autres, la plupart de jeunes étudiants. Cet attentat a été fermement condamné lundi par le Secrétaire général.

Tous ces incidents recensés depuis le début du mois ont tué et blessé plus de 400 civils, précise la MANUA.

M. Guterres rappelle que les attaques délibérées contre des civils constituent de graves violations du droit international humanitaire et peuvent constituer des crimes de guerre. « Ceux qui commettent de tels crimes doivent être tenus pour responsables », a déclaré son porte-parole qui a réaffirmé l’engagement de l’ONU à soutenir un processus de paix dirigé par les Afghans qui mettra fin au conflit.

La MANUA appuie l'appel renouvelé du Secrétaire général à la mise en place d'un cessez-le-feu humanitaire mondial avant la fin de l'année. « Une telle pause dans le conflit en Afghanistan aiderait à lutter contre l'ennemi commun de la Covid-19, ainsi qu'à renforcer les efforts critiques pour préparer l'aide humanitaire avant l'arrivée de l'hiver pour des millions d'Afghans les plus vulnérables », souligne la mission onusienne, ajoutant que « chaque jour sans violence signifie que la vie civile est préservée ».

Les Nations Unies réaffirment que toutes les parties au conflit peuvent et doivent faire davantage pour protéger les civils en œuvrant notamment à mettre fin aux combats. La mission de l’ONU s’est dite prête à aider davantage toutes les parties à prendre les mesures urgentes nécessaires.