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Transmission de maladies animales : des normes numériques de l’ONU à la rescousse des gouvernements

Les Nations Unies s'efforcent d'éviter la transmission de maladies des animaux aux êtres humains.
Photo FAO/Carly Learson
Les Nations Unies s'efforcent d'éviter la transmission de maladies des animaux aux êtres humains.

Transmission de maladies animales : des normes numériques de l’ONU à la rescousse des gouvernements

Santé

Face aux risques de transmission de maladies des animaux à l’homme, les Nations Unies viennent à la rescousse de ses Etats membres, avec l’adoption de normes numériques. 

Selon la Commission économique de l’ONU pour l’Europe (UNECE), garantir un contrôle adéquat du commerce international des animaux et des produits d’origine animale et permettre l’application adéquate de normes sanitaires strictes sont donc « des mesures importantes pour limiter les risques de transmission des animaux à l’homme ».

« Les coronavirus, dont celui responsable de la pandémie de Covid-19, font partie d’une grande famille de virus qui sont communs chez les animaux et peuvent parfois être transmis à l’homme - un phénomène connu sous le nom de zoonose », rappelle Jean Rodriguez, porte-parole de l’UNECE dans un entretien accordé à ONU Info.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les zoonoses sont un groupe de maladies infectieuses qui se transmettent naturellement de l’animal à l’homme. Le plus grand risque de transmission se situe à l’interface entre l’homme et l’animal par une exposition directe ou indirecte à l’animal, les produits qui en sont issus (par exemple la viande, le lait, les œufs, etc.) et/ou son environnement.

Pourtant la plupart des contrôles existants sur le commerce international des animaux, des plantes et d’autres produits agricoles dans le monde entier sont encore effectués par la délivrance et l’échange de licences, de permis et de certificats sur papier.

« Ce processus est non seulement lent mais aussi plus vulnérable à la fraude, à la falsification et à la corruption, ce qui entrave la mise en œuvre efficace des contrôles de santé et de sécurité par les gouvernements », a ajouté M. Rodriguez.

Echange électronique de certificats sanitaires et phytosanitaires

C’est dans ce contexte que l’ONU a rappelé l’importance des normes du Centre de la facilitation du commerce et des transactions électroniques (CEFACT-ONU) qui facilitent un commerce légal, durable et sûr. « Heureusement, des solutions alternatives sont testées et déployées avec succès », relève l’UNECE.

Pour renforcer les contrôles pouvant garantir à la fois la légalité du commerce international et l’application des normes sanitaires, les gouvernements se tournent de plus en plus vers des mécanismes de protection de haute technologie. Il s’agit parfois de ces normes élaborées par le Centre des Nations unies (CEFACT-ONU) d’UNECE.

Ce dispositif couvre des domaines tels que le système "eCERT" pour l’échange électronique de certificats sanitaires et phytosanitaires, une méthode qui permet de garantir que les plantes et les animaux faisant l’objet d’échanges internationaux sont exempts de maladies.

Cette norme a été mise en œuvre par des pays du monde entier, tels que les Etats de l’Union européenne, les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Kenya, la Corée du Sud, le Chili, la Malaisie, les Philippines, le Sri Lanka et le Japon.

Dans le cadre de la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages, c’est la convention internationale de 1973 sur le commerce des espèces menacées d’extinction (CITES) qui règlemente le commerce de plus de 36.000 espèces d’animaux et de plantes sauvages entre ses 183 Etats parties (182 États et l’Union européenne).

Le travail conjoint entre le secrétariat de la CITES et diverses autres agences onusiennes est de soutenir l’échange de permis électroniques "eCITES" afin de renforcer considérablement les mesures de contrôle du commerce international des espèces inscrites à la CITES.

Le Sri Lanka utilise ce système depuis mars 2020

Toutefois, des lacunes dans la mise en œuvre ont tendance à être exploitées par « des acteurs criminels impliqués dans le commerce illégal d’espèces sauvages ». Et selon des données de la Banque mondiale, l’exploitation forestière et la pêche illégales représentent une valeur estimée à 1.000 milliards de dollars ou plus par an.

Cela en fait le quatrième plus grand commerce illégal mondial après les stupéfiants, la contrefaçon de produits et de monnaie et la traite des êtres humains, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Dans ces conditions, l’UNECE travaille actuellement avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) pour aider les autorités du Groenland, du Mozambique, de l’Ouganda, du Sri Lanka, de la Thaïlande et de Singapour à utiliser ces procédures avancées de contrôle du commerce. S’appuyant sur les normes du CEFACT-ONU, la CNUCED a également mis au point un système électronique avancé de gestion des permis.

Cela permet l’échange électronique d’informations avec les services des douanes et de contrôle aux frontières, ainsi que l’analyse électronique des données et des inspections ciblées sur le commerce des espèces sauvages.

La première utilisation de ce système a été achevée en mars dernier au Sri Lanka où cela a permis aux commerçants et aux organismes gouvernementaux de délivrer et de contrôler à distance les permis CITES.

Plus largement, la poursuite du déploiement de ces nouveaux mécanismes soutiendra la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies de septembre 2019 visant à lutter d’urgence contre le trafic illicite d’espèces sauvages.

L’objectif ultime est de contribuer à la conservation des espèces sauvages, d’assurer la légalité et la durabilité de leur commerce et de contribuer aux efforts visant à protéger les citoyens du monde entier contre de futures pandémies.