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L'ONU espère voir des progrès lors des travaux du Comité constitutionnel syrien à Genève

Le Palais des Nations, siège de l'Office des Nations Unies à Genève.
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
Le Palais des Nations, siège de l'Office des Nations Unies à Genève.

L'ONU espère voir des progrès lors des travaux du Comité constitutionnel syrien à Genève

Paix et sécurité

A deux jours du lancement des travaux du Comité constitutionnel syrien, l'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a déclaré que ce comité devrait être « un signe d’espoir pour le peuple syrien, qui souffre depuis si longtemps ».

Cela pourrait être « un pas dans la bonne direction, un pas hors de ce conflit difficile et vers une nouvelle Syrie », a déclaré le médiateur de l’ONU lors d’une conférence de presse à Genève. « C’est une promesse faite au peuple syrien d’essayer de s’entendre sur un nouvel arrangement constitutionnel pour l’avenir de la Syrie et un nouveau contrat social pour aider à réparer un pays dévasté et brisé ».

Le Comité constitutionnel, composé de 150 membres représentant à parts égales le gouvernement, l’opposition et la société civile, devrait être lancé mercredi à midi au Palais des Nations à Genève. Un petit groupe de 45 personnes travaillera sur les amendements constitutionnels, tandis que l’organe le plus important les votera. M. Pedersen a souligné qu’il s’agirait d’un « processus constitutionnel syrien, dirigé par des Syriens et facilité par les Nations Unies ».

A cet égard, l’Envoyé spécial a rappelé que les femmes occupent près de 30% des sièges du Comité constitutionnel syrien, ce qui est proche de l’objectif initial. « Permettez-moi également de souligner que nous avons visé un taux de représentation des femmes de 30% et que nous sommes en effet très près d’atteindre cet objectif. C’est à la fois pour les 150 et pour l’organe de rédaction des 45 », a-t-il dit aux journalistes avant le lancement du comité.

Pour le médiateur de l’ONU, l’accord visant à établir le Comité constitutionnel engagera finalement toutes les parties au conflit impliquées - le gouvernement, l’opposition et la société civile - à « s’asseoir ensemble, face à face » autour de la table des négociations. « Et enfin, et ce n’est pas le moins important, cela pourrait ouvrir la porte à un processus politique plus large », a ajouté M. Pedersen.

« Une promesse pour nous de pouvoir avancer », selon le médiateur de l’ONU

Selon l’Envoyé spécial de l’ONU, la création d’un comité constitutionnel est d’ailleurs le premier accord politique entre le gouvernement syrien et l’opposition.

« L’accord visant à créer le Comité constitutionnel avec son mandat et son règlement intérieur constitue le premier accord politique entre le gouvernement syrien et l’opposition. C’est mon premier point. Mon deuxième point est que cela marque une acceptation claire de l’autre en tant qu’interlocuteur dans le processus politique décrit dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité », a dit M. Pedersen.

Il a exprimé l’espoir de voir les résultats fructueux des efforts du Comité constitutionnel syrien dans un avenir proche. Mais il a dit qu'il ne savait pas combien de temps cela prendrait. « Les deux parties [le gouvernement syrien et l’opposition] ont convenu de travailler rapidement et sans relâche. Il est impossible de dire combien de temps il leur faudra pour conclure ce travail, mais tant qu’il est fait avec des intentions sérieuses et que nous voyons des progrès... j’ai bon espoir que dans un avenir pas trop lointain, nous verrons des progrès tangibles dans les discussions », a déclaré M. Pedersen.

Plusieurs propositions auraient émergé, mais ça sera aux parties syriennes de s’accorder sur le calendrier des travaux. « L’une des propositions porte sur une rencontre d’une semaine et ensuite deux semaines de pause. Une autre proposition a porté sur une rencontre de trois semaines suivies d’une pause d’une semaine ou deux semaines de travaux et deux semaines de pause. Mais ça sera aux parties de s’accorder sur le format de la durée des travaux », a-t-il insisté.

Il a ajouté qu’il était important de garder à l’esprit que c’était en fait la première fois que les deux parties s’appropriaient le processus, qu’elles se sont entendues sur la procédure, sur la composition des 150 membres. « Donc je pense que c’est une promesse pour nous de pouvoir avancer », a-t-il fait valoir.

Rencontre avec les chefs de la diplomatie de la Turquie, de l’Iran et de la Russie à Genève

Reste que « personne ne croit que le Comité constitutionnel en soi résoudra le conflit », a-t-il dit. « Mais si elle est comprise comme faisant partie d’un processus politique plus large, elle pourrait ouvrir la porte et marquer le début symbolique d’un processus politique, bien sûr très important », a déclaré M. Pedersen. Il importe donc « qu’il soit lancé et accompagné d’autres mesures concrètes et de confiance entre les Syriens eux-mêmes et entre la Syrie et la communauté internationale »

Le médiateur de l'ONU a aussi averti que, pour lancer un processus viable, l’installation du Comité constitutionnel devrait impérativement s’accompagner de mesures ayant un effet concret sur le quotidien des Syriens, s’agissant notamment des personnes détenues et disparues. « J’ai fait appel dès le premier jour où j’ai pris mes fonctions à ce poste pour qu’une question en particulier soit abordée, à savoir la question des [personnes enlevées], des détenus et des personnes disparues », a-t-il insisté.

Selon le diplomate norvégien, des dizaines de milliers de Syriens sont toujours détenus, enlevés ou portés disparus. « Et j’ai lancé un appel, en particulier, pour la libération anticipée des femmes et des enfants. Je pense que si cela pouvait se produire, cela enverrait un signal très fort que nous sommes vraiment très sérieux quant à un nouveau départ pour la Syrie », a-t-il déclaré.

Sur un autre plan, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a annoncé qu’il rencontrerait les Ministres des affaires étrangères de Turquie, d’Iran et de Russie, un jour avant la première réunion du Comité constitutionnel syrien. Le Turc Mevlut Cavusoglu, l’Iranien Mohammad Javad Zarif et le Russe Sergei Lavrov doivent se rencontrer dans la ville suisse avant que les 150 membres du panel syrien ne se réunissent sous les auspices des Nations unies.

Mais aucune présence internationale n’est attendue à la cérémonie d’ouverture du Comité constitutionnel, à l'exception des Nations Unies, a précisé Geir Pedersen.