L'actualité mondiale Un regard humain

Syrie : l'ONU appelle toutes les parties à soutenir les pourparlers de paix en cours

Des résidents du camp de Tesreen à Alep, en Syrie. Photo OCHA/Josephine Guerrero
Des résidents du camp de Tesreen à Alep, en Syrie. Photo OCHA/Josephine Guerrero

Syrie : l'ONU appelle toutes les parties à soutenir les pourparlers de paix en cours

Alors que le conflit syrien a officiellement cinq ans mardi, plusieurs responsables des Nations Unies ont appelé l'ensemble des acteurs régionaux et internationaux à soutenir les pourparlers de paix en cours à Genève.

« Il y a cinq ans, des milliers de Syriens sont descendus dans les rues et ont demandé un changement politique ; ils ont eu pour toute réponse la violence et la répression », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans une déclaration de presse.

« Rappeler les origines du conflit est important alors que nous célébrons ce triste anniversaire. La destruction qui a englouti la Syrie suite à ces jours d'espoir de mars 2011 n'est pas inévitable », a ajouté le chef de l'ONU.

Le Secrétaire général a estimé que les autorités du pays auraient pu répondre pacifiquement aux demandes légitimes du peuple syrien, par un dialogue sincère et la mise en œuvre de réformes.

Il a également ajouté que les acteurs régionaux et internationaux auraient pu s'unir pour aider la Syrie à stabiliser la situation, au lieu d'instrumentaliser le dans le cadre des rivalités régionales et des intérêts géostratégiques.

« Au lieu de cela, plus de 250.000 Syriens ont été tués. Près de la moitié de tous les Syriens ont été forcés de quitter leurs foyers pour se réfugier à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Le monde a été confronté à une catastrophe humanitaire sans précédent. Les groupes terroristes, tels que Daesh et le Front el-Nosra, ont profité du chaos ambiant. Des combattants étrangers et des milices sectaires sont passés de nuit en Syrie pour rejoindre les combats. Des hommes, femmes et enfants syriens se sentent abandonnés par la communauté internationale », a déploré le Secrétaire général.

Le conflit syrien a été le théâtre de l'utilisation d'armes chimiques, du siège et de la famine comme armes de guerre, mais aussi de la détention illégale, de la torture et des bombardements aveugles de civils, a poursuivi M. Ban, appelant à ce que les responsables de ces crimes soient tenus pour responsables.

« Je répète mon appel au Conseil de sécurité [de l'ONU] à déférer la situation en Syrie à la Cour pénale internationale. En Syrie comme ailleurs, la paix sans justice n'est pas durable », a-t-il appelé.

Dans ce contexte, la diplomatie et l'engagement international et régional afin de trouver une solution au conflit syrien sont d'une importance vitale, a estimé le Secrétaire général.

A ce titre, M. Ban a salué la formation du Groupe international de soutien à la Syrie (GSEE) et l'engagement de ses membres à user de leur influence auprès des parties pour accroître l'accès humanitaire aux civils assiégés et difficiles à atteindre en Syrie et mettre en œuvre une cessation des hostilités.

« Mon Envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, a cette semaine convoqué des négociations inter-syriennes afin de poursuivre la mise en œuvre complète du Communique de Genève, comme base d'une transition politique à l'initiative des Syriens », a rappelé M. Ban, en référence aux « pourparlers de proximité » qui ont repris cette semaine à Genève entre les représentants du gouvernement et de l'opposition.

« Je lance un appel aux parties prenantes syriennes, régionales et internationales et au Conseil de sécurité afin qu'ils assument leurs responsabilités et contribuent au succès de ces négociations, a ajouté M. Ban. « Si nous manquons cette occasion les conséquences pour le peuple syrien et le monde seront trop effrayantes pour les envisager ».

De son côté, M. de Mistura, a réagi face à l'annonce, jeudi 14 mars, du début du retrait des troupes russes de Syrie.

« L'annonce par le Président Poutine, le jour même du début de cette ronde de pourparlers intra-syriens à Genève, est un développement significatif qui, nous l'espérons, aura un impact positif sur l'état d'avancement des négociations à Genève visant à trouver une solution politique au conflit syrien et une transition politique pacifique dans le pays », a déclaré l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, dans une note aux correspondants de presse.

Alors que les négociations de paix se poursuivent à Genève, près de cinq millions de réfugiés ont été contraints de fuir vers les pays voisins, a rappelé de son côté le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, appelant les gouvernements à donner suite à leurs engagements financiers et autres, en faveurs des réfugiés syriens.

« Une tragédie de cette ampleur exige la solidarité au-delà du financement. Nous avons simplement besoin que davantage de pays partagent la charge en accueillant un plus grand nombre de réfugiés, dans ce qui est désormais la plus grande crise de déplacement de notre génération », a déclaré M. Grandi dans un communiqué de presse.

En l'espace de cinq ans, le conflit a engendré 4,8 millions de réfugiés dans les pays voisins, des centaines de milliers en Europe, et 6,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie, pour une population de 20 millions de personnes avant la guerre, a indiqué le Haut-Commissaire, rappelant que le mois dernier, à Londres, les gouvernements se sont engagés à financer à hauteur de 5,9 milliards de dollars l'aide humanitaire et au développement pour la Syrie en 2016.

Outre ces promesses de financement, M. Grandi a appelé à d'autres formes de soutien, y compris un meilleur accès aux moyens de subsistance et à l'éducation, et un plus grand partage de responsabilité, notamment de la part des pays qui bloquent actuellement les réfugiés à leurs frontières.

De son côté, l'Envoyée spéciale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie Pitt, a « célébré ce sombre anniversaire » en apportant son aide à un camp de réfugiés informel à Fayda, au Liban.

L'envoyée spéciale du HCR Angelina Jolie visite un camp de réfugiés syriens. Credit : ONU

Parlant aux journalistes sous une pluie battante, elle a exhorté les gouvernements à traiter des causes profondes du conflit et à faire preuve de courage et de clairvoyance dans leurs décisions.

« Nous avons besoin que les gouvernements du monde entier fassent preuve de leadership : pour analyser la situation et comprendre exactement ce que leur pays peut faire, combien de réfugiés ils peuvent aider et comment », a-t-elle dit.

« Pour commencer, cela implique de se doter d'une procédure d'asile très robuste afin d'être en mesure de faire face aux besoins des familles désespérées et de déterminer qui sont les plus vulnérables et font des demandes d'asile légitimes », a déclaré Mme Jolie Pitt.

« Il est normal d'être déstabilisé par une crise d'une telle complexité et d'une telle ampleur », a-t-elle dit. « Mais nous ne devons pas nous laisser guider par nos craintes ».