L'actualité mondiale Un regard humain

Président soudanais accusé de génocide : Ban Ki-moon souligne l'indépendance de la CPI

Président soudanais accusé de génocide : Ban Ki-moon souligne l'indépendance de la CPI

Un groupe d'enfants déplacés dans le camp de Zalingei, Ouest-Darfour.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé lundi que la Cour pénale internationale (CPI) était une institution indépendante, alors que le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a demandé l'arrestation du président soudanais Omar Al-Bachir pour « génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour ».

« Le Secrétaire général souligne que la Cour est une institution indépendante et que les Nations Unies doivent respecter l'indépendance du processus judiciaire », a déclaré dans un communiqué la porte-parole de Ban Ki-moon, Michèle Montas.

« Les opérations de maintien de la paix au Soudan poursuivront leur travail important d'une manière impartiale en coopérant de bonne foi avec tous les partenaires. Les Nations Unies continueront aussi leurs opérations humanitaires et de développement qui sont cruciales », a ajouté Mme Montas.

« Le Secrétaire général espère que le Gouvernement du Soudan continuera à coopérer pleinement avec les Nations Unies au Soudan, tout en remplissant son obligation d'assurer la sécurité du personnel et des biens des Nations Unies », a-t-elle dit.

Luis Moreno-Ocampo a réclamé lundi à trois juges de la CPI la délivrance d'un mandat d'arrêt à l'encontre d'Omar Al-Bachir. Une telle décision devrait prendre plusieurs mois. M. Moreno-Ocampo affirme avoir des éléments de preuve qui démontrent que le président du Soudan a commis des crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour. Khartoum a immédiatement rejeté ces accusations et a menacé d'une « réaction » si l'affaire est portée devant les Nations Unies.

Lors d'une communication téléphonique samedi avec le président Al-Bachir, Ban Ki-moon a exprimé sa préoccupation face au lien établi par le Soudan entre le mandat d'arrêt demandé par le Procureur de la CPI (qui avait été annoncé par la presse la semaine dernière) et les opérations de maintien de la paix au Soudan.

« Le Secrétaire général a dit au président Al-Bachir qu'il était préoccupé par une déclaration faite par le Représentant permanent du Soudan aux Nations Unies établissant un lien entre l'initiative du Procureur de la CPI et les deux opérations de maintien de la paix des Nations Unies déployées au Soudan », a rapporté lundi un porte-parole adjoint du Secrétaire général, Farhan Haq, lors du point de presse quotidien à New York.

Ban Ki-moon a rappelé au président Al-Bachir que « l'ONU n'a pas d'influence sur le Procureur de la CPI ».

Sur le terrain, l'ONU a déployé la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS) qui a pour mandat d'aider à la mise en oeuvre de l'Accord global de paix entre le Nord et le Sud Soudan. Elle poursuit aussi depuis six mois le déploiement de l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) qui a pour mandat de protéger les populations civiles au Darfour et de contribuer à la conclusion d'un accord de paix.

Une patrouille de la MINUAD a subi la semaine dernière une attaque qui a fait sept morts et 19 blessés parmi ses casques bleus.

A cet égard, le Secrétaire général a indiqué au président soudanais qu'il était « gravement préoccupé par l'ampleur et la brutalité de cette violente attaque », lui demandant d'enquêter sur ses circonstances.

Par ailleurs, a rapporté le porte-parole, la MINUAD a affirmé aujourd'hui sa volonté de continuer ses opérations dans la région et de continuer à remplir son mandat.

Toutefois le personnel non essentiel est en cours de relocalisation, en raison de la détérioration de la situation dans tout le Darfour.