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Les Etats Membres décidés à réformer l'ONU, selon le Président de l'Assemblée générale

Les Etats Membres décidés à réformer l'ONU, selon le Président de l'Assemblée générale

Jean Ping, Président de l'Assemblée générale
Peut-être pour la première fois, « on a l'impression que ça bouge », a estimé Jean Ping, Président de l'Assemblée générale à l'issue d'une session de consultations de l'Assemblée consacrées à l'étude des propositions du Secrétaire général pour une réforme des Nations Unies.

« Je pense que la réforme est importante pour tout le monde, pour tous les Etats Membres. Imaginez un seul instant que la réforme soit par exemple reportée », les conséquences en seraient considérables « au niveau de l'opinion publique, au niveau des Etats Membres » alors qu'on « espère tellement réformer cette Organisation », a déclaré hier le Président de l'Assemblée générale, Jean Ping, Représentant du Gabon, lors d'un point avec la presse francophone, au Siège de l'ONU à New York.

Cet entretien intervenait alors que les consultations officieuses de l'Assemblée générale sur le Rapport intitulé « Dans une liberté plus grande: vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous » sont presque achevées.

A cet égard, le Secrétaire général avait exprimé « sa satisfaction devant la participation active dont elles ont fait l'objet ».

Si l'on parle toujours de la réforme, et qu'elle n'en voit pas encore le jour, « on a l'impression maintenant que les Etats Membres sont décidés à procéder à une réforme », a déclaré le Président de l'Assemblée générale.

Interrogé sur l'élargissement du Conseil de sécurité, il a mentionné les nouvelles options du « Groupe uni pour le consensus » mené par l'Italie et le Pakistan et du G4, composé du Brésil, de l'Inde, de l'Allemagne et du Japon qui viennent s'ajouter à celles du Rapport sur les menaces, les défis et le changement du Groupe de personnalités de haut niveau.

L'Italie a notamment proposé, au lieu « d'ajouter des chaises » sans modifier la matrice du Conseil, d'adopter une approche régionale en plus des sièges nationaux, « seule voie grâce à laquelle il y aura un gagnant, l'ONU et aucun perdant ».

Jean Ping a néanmoins estimé improbable de parvenir à une décision sur cette question avant le Sommet qui doit avoir lieu en septembre, à l'occasion de la Conférence d'examen de la Déclaration du Millénaire.

« Cette réforme ne vise pas que le Conseil de sécurité », a-t-il rappelé. « Elle vise toutes les institutions à l'exception de la Cour internationale de justice » et « peut-être aussi du Conseil de tutelle, qui va sans doute disparaître ».

« La réforme vise le développement, les problèmes de sécurité, les questions des droits de l'homme et de l'Etat de droit ».

« Si vous regardez les questions concernant le développement, elles sont tellement importantes, d'abord pour les pays en développement qui attendent beaucoup de cette réforme ».

« On a l'impression que ça bouge, peut-être pour la première fois de manière concrète », a estimé le Président de l'Assemblée générale qui a cité les propositions du Chancelier britannique Gordon Brown et de Tony Blair, qui ont proposé un « financement du développement par l'emprunt » et les propositions du Président Jacques Chirac, « qui a proposé des taxations pour obtenir de nouvelles sources de financement ».

De même, l'objectif de consacrer 0,7% du PNB des pays riches en faveur de l'aide publique au développement commence à faire l'objet de propositions concrètes, a-t-il rappelé. « On commence à envisager comment on va tendre » vers cet objectif.

Interrogé sur les « importantes réticences » des pays du Sud, face à l'absence d'exigences suffisantes à l'endroit des pays du Nord, Jean Ping a rappelé que le Rapport du Secrétaire général était une proposition.

« La balle est dans le camp des Etats Membres. C'est nous qui allons décider de ce que nous allons faire », a-t-il souligné, rappelant que les critiques les plus pointues portaient sur une approche du développement « exclusivement » liée à la sécurité au lieu d'en faire « une fin en soi ».

« C'est à nous de corriger cela », a-t-il estimé. « Nous avons vu de la part des pays donateurs une volonté affichée de faire quelque chose », en contrepartie, il importe de répondre aux préoccupations en matière de « bonne gouvernance, de pollution ».

« Il n'y a pas de frictions, mais en revanche il y a beaucoup d'espoir », a-t-il affirmé, indiquant que les regards se portaient maintenant sur la réunion du G8 au Royaume-Uni, les décisions de l'Union européenne, la réunion de haut niveau des ministres des finances ».

En réalité, a-t-il souligné, « si vous prenez un continent comme l'Afrique », touché par les guerres, « les Africains sont intéressés par les problèmes de sécurité, et ils savent très bien qu'il n'y a pas de développement sans sécurité ».

Les pays du Nord doivent savoir que « c'est réciproquement la pauvreté et la misère qui est un des terreaux de l'insécurité et du terrorisme ».

image  Entretien avec Jean Ping, retransmis par la Radio de l'ONU (audio)