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TNP : l'Iran déterminé à poursuivre ses activités d'enrichissement de l'uranium

TNP : l'Iran déterminé à poursuivre ses activités d'enrichissement de l'uranium

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Alors que l'Iran a déclaré, lors de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, que son pays était déterminé à poursuivre ses activités d'enrichissement de l'uranium, à des fins exclusivement pacifiques, les Etats-Unis ont regretté que certains pays continuent d'invoquer le recours à l'énergie atomique à des fins pacifiques pour mettre au point des armes nucléaires et dénoncé le programme clandestin d'armes nucléaires conduit par l'Iran depuis deux décennies.

Kamal Kharrazi, ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a déclaré, hier, à la Conférence des Parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2005, qui se déroule au siège de l'ONU à New York du 2 au 27 mai, que « l'Iran était déterminée à poursuivre ses activités dans tous les domaines légaux de la technologie nucléaire, y compris l'enrichissement, et à fournir les garanties nécessaires pour montrer que ce programme était mis en œuvre à des fins exclusivement pacifiques ».

« Il est inacceptable que certains États tentent de limiter l'accès aux technologies nucléaires à des fins pacifiques », a affirmé Kamal Kharrazi.

De l'avis du ministre iranien, le développement d'un système de bouclier antimissile ne contribuera qu'à relancer une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. En conséquence, Kamal Kharrazi a demandé que de nouveaux efforts soient déployés au sein de la Conférence du désarmement à Genève pour négocier un accord qui viserait la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.

« Les mesures de désarmement unilatérales sont tout aussi importantes et ne devraient pas se limiter au simple retrait des ogives nucléaires, a par ailleurs souligné le ministre iranien. Des négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles devraient en outre être lancées sans plus attendre ».

« Il est également important, a-t-il ajouté, que les États soumettent des informations sur leurs arsenaux, le nombre d'armes nucléaires en leur possession et fournissent des informations sur leur projet de bouclier antimissile balistique ».

Kamal Kharrazi a aussi proposé que, dans le cadre de cette Conférence d'examen, les États interdisent juridiquement le recours aux armes nucléaires. L'Iran suggère ainsi à la Conférence d'adopter une décision interdisant aux États nucléaires de menacer ou de recourir à l'arme nucléaire contre les États qui n'en sont pas dotés.

Pour sa part, le Secrétaire d'État adjoint aux affaires de désarmement des Etats-Unis, Stephen Rademaker, a noté que des progrès importants avaient été accomplis en vue de faire progresser la réalisation des objectifs du TNP. Il a notamment cité la décision de la Libye de mettre un terme à son programme clandestin d'enrichissement d'uranium, qu'il considère comme un véritable succès.

Cependant, a nuancé le Secrétaire d'État adjoint, le Traité doit faire face à certains des défis les plus complexes de son histoire en raison de cas de non-respect de ses dispositions.

La Corée du Nord, a précisé Stephen Rademaker, viole non seulement ses obligations de non–prolifération mais également ses obligations en vertu du régime de garanties établi par le Protocole additionnel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) auquel elle a souscrit en cherchant à développer ses capacités de conversion et d'enrichissement d'uranium. Le Corée du Nord a ensuite annoncé son retrait du Traité et affirmé posséder des armes nucléaires, a souligné le représentant américain.

Sur la question du nucléaire nord-coréen, le Secrétaire d'État adjoint a précisé que les États-Unis tentaient de ramener Pyongyang à la table des négociations dans le cadre des pourparlers à Six qui, selon lui, constituent la seule voie à suivre.

Stephen Rademaker a aussi regretté que certains pays continuent d'invoquer le recours à l'énergie atomique à des fins pacifiques pour mettre au point des armes nucléaires.

« Depuis deux décennies, a-t-il dénoncé, l'Iran, aidé par le réseau de contrebande du [scientifique pakistanais] A. Q. Khan, a conduit un programme d'armes nucléaire clandestin ».

« Après deux ans et demi d'enquête menée par l'AIEA et malgré les nombreux appels lancés par l'agence, a-t-il continué, beaucoup de questions restent sans réponse. Encore aujourd'hui, l'Iran persiste à ne pas coopérer pleinement. L'Iran a clairement dit qu'elle entendait conserver son infrastructure nucléaire de manière secrète, bâtie en violation de ses obligations de garantie aux termes du TNP, et qu'elle continuerait à développer ses capacités nucléaires bien qu'elle s'était engagée à les suspendre en novembre dernier, en continuant par exemple la construction de l'important réacteur à eau d'Arak ».

Sur la question du nucléaire iranien, a souligné Stephen Rademaker, les pourparlers en cours avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne doivent mener à une solution diplomatique, et à un accord sur la cessation complète du programme iranien d'enrichissement et de conversion de l'uranium ainsi qu'au démantèlement des installations et équipements iraniennes.

Des défis sont nés également des activités d'acteurs non étatiques, a poursuivi Stephen Rademaker. « Il peut s'agir d'individus comme dans le cas du réseau de contrebande de A. Q. Khan qui a fourni du matériel à des États parties au TNP ».

La deuxième catégorie d'acteurs non étatiques qui nous préoccupe également concerne les organisations terroristes, a indiqué Stephen Rademaker, qui a souligné la nécessité de tout faire pour enrayer leurs actions en améliorant la sécurité des installations nucléaires, en mettant un terme à la contrebande de matériel nucléaire, en assurant un contrôle efficace des exportations et en démantelant les réseaux terroristes dans le monde.

S'exprimant au nom de l'Union européenne, Nicolas Schmidt, ministre délégué aux affaires étrangères du Luxembourg, a déploré, de son côté, que la République populaire démocratique de Corée se soit retirée du TNP. Il a exhorté ce pays à respecter pleinement les obligations internationales en matière de non-prolifération qui lui incombent en vertu du Traité et de son accord de garanties avec l'AIEA.

« Tout programme clandestin d'armement nucléaire doit être démantelé de manière complète, vérifiable et irréversible », a déclaré Nicolas Schmidt.

Sur la question iranienne, l'Union européenne s'est déclarée unie dans sa détermination à ne pas laisser l'Iran accéder à des capacités nucléaires militaires.

Elle appelle l'Iran à respecter pleinement l'ensemble de ses engagements internationaux et à fournir à la communauté internationale les garanties objectives que son programme nucléaire a une finalité exclusivement pacifique.

Voir l'ensemble des déclarations à la Conférence sur le TNP dans les communiqués de presse de l'ONU : communiqué du 3 ami 2005, communiqué du 2 mai 2005.

Voir également nos dépêches du 3 mai 2005, du 2 mai 2005 et du 29 avril 12005.