L'actualité mondiale Un regard humain

Pour le chef du maintien de la paix en R.D. du Congo, un changement important est visible

Pour le chef du maintien de la paix en R.D. du Congo, un changement important est visible

media:entermedia_image:6f8f9e87-d9dd-4704-9a5b-18f988f229a6
« Nos moyens se renforcent et les options de ceux qui résistent au processus se rétrécissent » a déclaré hier le chef du maintien de la paix à Bukavu en République démocratique du Congo (RDC) ajoutant que le démarrage de la Mission de l'ONU au Burundi allait apporter un élément de plus au contrôle des groupes armés dans la région.

Le Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix qui tenait hier une Conférence de presse à Bukavu, dans une des provinces orientales des Kivus, a indiqué qu'il essayait de « venir au Congo tous les 10 mois, car cette mission est importante pour nous, pour le peuple congolais bien sûr, mais aussi pour l'Afrique entière. »

Il a précisé qu'avant de se rendre à Bukavu, il était à Kinshasa, en Ituri et en Ouganda, ajoutant qu'aujourd'hui, il rencontrait le président Kagame à Kigali, la capitale du Rwanda, indique un communiqué publié par la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC).

« Ce qui m'a frappé le plus, c'est le changement très important » qui s'est produit en une année avec le Gouvernement maintenant constitué de toutes les composantes qui, autrefois, « mettaient des milliers de kilomètres entre elles », a-t-il déclaré ajoutant que le changement était plus visible qu'en mai dernier et que « la vie était presque normale là où la MONUC était déployée. »

Indiquant qu'au Kivu, il avait discuté avec le chef de la Brigade et le chef de Bureau de la MONUC des défis à relever et de la façon de s'y prendre.

« Nous avons une force militaire qui devient plus conséquente sur le terrain. Elle est plus équipée et plus mobile. Il y a beaucoup d'options et pour l'instant nous examinons les différentes options. [...]Il faut que les populations retrouvent une vie normale. Il faut régler ces questions qui empoisonnent la vie des Congolais et les relations avec les voisins du Congo, a déclaré M. Guéhenno qui a précisé en avoir parlé au Président Museveni en Ouganda et s'apprêter à en discuter avec le Président rwandais à Kigali.

« Nous sommes arrivés à un moment de basculement où il faut faire les derniers kilomètres. Il ne faut pas lâcher. Nous le ferons avec une armée nationale intégrée », a-t-il ajouté.

Interrogé sur le problème des Interhamwe et des FDD [Forces pour la défense de la démocratie, principal mouvement rebelle armé burundais] et des « limites dans l'action de la MONUC » en ce qui concerne le rapatriement des Interhamwe alors que « les exactions continuent, M. Guéhenno a répondu en soulignant qu'il fallait que « la RDC accélère ses efforts d'intégration de l'armée nationale » et que cette affaire était « avant tout la responsabilité des Congolais. »

« Notre présence militaire dans les Kivus est un élément de l'équation stratégique. Si les groupes étrangers commettent des exactions ou s'en prennent à nos troupes, nous pourrons réagir avec vigueur », a-t-il poursuivi. « Parmi ces groupes, il y a un noyau dur qui a envie de continuer ses actions négatives. Certains combattants sont sous l'emprise de ces dirigeants, il faudra donc desserrer cette emprise. Notre effort, c'est donc aussi de faire passer le message aux FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda regroupant la rebellion hutue rwandaise] et aux combattants de base: s'ils rendent leurs armes, ils seront traités convenablement et possiblement rapatriés au Rwanda où ils seront aussi traités convenablement. »

A propos du déploiement à partir de Bujumbura sur lequel il a également été questionné, le Secrétaire général adjoint a déclaré que l'avantage que lui conférait le fait de se rendre en RDC tous les 10 mois était qu'il voyait les tendances et ne se « laissait pas impressionner. »

« Quand on prend ses distances, l'amélioration est incontestable : départ des troupes étrangères, construction d'un gouvernement de transition et graduellement même si imparfaitement une amélioration visible sur le terrain. Je suis persuadé que la RDC est sur la bonne voie », a-t-il ajouté, soulignant cependant qu'il voyait encore « nombre de problèmes à régler » et qu'il fallait donc « que les Congolais fassent un effort de mobilisation exceptionnel car les tâches à accomplir sont considérables. » Il a indiqué qu'en ce qui concernait les FDLR, il s'agissait d'une responsabilité nationale et que « nous verrons comment y contribuer. »

« Le fait que nos capacités se renforcent nous donne des options nouvelles. Nos moyens se renforcent et les options de ceux qui résistent au processus se rétrécissent », a-t-il déclaré avant de lancer « un message fort aux groupes armés et aux FDLR : ils ont la possibilité de désarmer et ce désarmement sera pacifique, s'il se fait selon les règles mises en place. »

« C'est une occasion que tous les éléments FDLR doivent saisir. Si les combattants FDLR ne désarment pas, leurs options seront réduites, a-t-il ajouté.

Quant à Bujumbura, il a considéré qu'avec le démarrage, le 1er juin, d'une mission de la paix au Burundi, ce n'était plus qu'une question de logistique.

Sur les mesures que peut prendre « la communauté internationale contre le Rwanda et l'Ouganda pour les empêcher de fragiliser le processus en cours au Congo », sujet d'une autre question, M. Guéhenno a indiqué que le Président ougandais souhaitait que certains groupes armés soit désarmés et rapatriés en Ouganda et qu'il avait « reconduit une période de grâce pour ces groupes. »

Signalant qu'il y avait « aussi des Burundais ici », il a indiqué que « la communauté internationale était engagée dans un processus de réinsertion et pouvait donc et devait faire pression pour que les combattants étrangers renoncent à la lutte armée et s'engagent dans un processus de réconciliation nationale. »

« Il y a pas mal d'argent de côté pour faciliter ce processus. Maintenant, la page est tournée, il est essentiel que ces combattants retournent à une vie pacifique », a-t-il ajouté.

Abordant la question des enfants soldats, il a indiqué qu'il s'agissait d'un grand problème. « En Ituri, il y aurait 15.000 combattants dont au moins 6.000 sont des enfants. A Bunia, j'ai vu des enfants porter des armes plus grandes qu'eux. Le problème est important en Ituri et dans les Kivus. Avec le déploiement de la MONUC en Ituri, ce problème a commencé à être traité, a-t-il ajouté.

« Il faut aussi le traiter comme priorité au Kivu. Ces enfants sont victimes et engendrent des victimes. Leur intégration sera difficile et nécessitera beaucoup d'efforts des ONG et des agences comme l'UNICEF. C'est un effort à long terme, nous avons déjà eu l'expérience en Sierra Leone », a souligné M. Guéhenno.

Toujours à propos des opérations de désarmement des groupes armés, il a souligné que la MONUC avait plus de capacités et que « plus la MONUC se renforçait, plus les options de ceux qui veulent utiliser la force se réduisaient. »

A l'égard de « ceux qui pensent faire des victimes civiles » dans les zones où « la MONUC est déployée, notre engagement est clair. » Pour ce qui est du « désarmement forcé, il faut examiner les choses. Il y a aujourd'hui une fenêtre pour les combattants des FDLR, il faut qu'ils la saisissent, c'est le moment où jamais », a-t-il conclu.