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Syrie : le chef de l'ONU inquiet suite à des frappes aériennes meurtrières à Idlib

Des enfants se rendent à l'école au milieu de ruines dans la ville de Maarat al-Numaan, dans le gouvernorat d'Idlib (archives).
Photo UNICEF/Giovanni Diffidenti
Des enfants se rendent à l'école au milieu de ruines dans la ville de Maarat al-Numaan, dans le gouvernorat d'Idlib (archives).

Syrie : le chef de l'ONU inquiet suite à des frappes aériennes meurtrières à Idlib

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l'ONU s’est dit « profondément préoccupé » par les frappes aériennes qui auraient visé le village de Zardana, dans le nord de la région d'Idlib, dans la nuit du 7 au 8 juin, faisant des dizaines de morts, dont des enfants.

António Guterres « demande une enquête approfondie sur les attaques, en particulier les allégations selon lesquelles il y aurait eu une deuxième attaque contre les premiers secours afin d'établir les responsabilités », a déclaré son porte-parole  dans un communiqué publié dimanche soir.

Le chef de l’ONU a rappelé qu'Idlib fait partie de l'accord de désescalade conclu à Astana et appelle ses garants à respecter leurs engagements.

Le Secrétaire général a également souligné la situation précaire des quelque 2,3 millions de personnes qui se trouvent dans le gouvernorat d'Idlib, dont 60% sont des civils déplacés par le conflit dans d'autres régions, les plus récents venant de la Ghouta orientale.

Il a appelé à la cessation immédiate des hostilités et exhorté toutes les parties prenantes à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des infrastructures civiles.

L’ONU inquiète du sort des 2,5 millions de personnes à Idlib

Cette attaque intervient dans un contexte où « la situation continue d’être assez dramatique en Syrie », a déclaré Panos Moumtzis, Coordinateur humanitaire de l’ONU pour la Syrie, lors d’une conférence de presse ce lundi à Genève.

Plus de 920.000 personnes ont été déplacées au cours des quatre premiers mois de l’année, un chiffre record depuis le début du conflit il y a 7 ans. Au total, il y a près de 6,2 millions de déplacés internes, et quelque 5,6 millions de de Syriens sont toujours réfugiés dans les pays voisins.

La situation pourrait s’empirer avec les conséquences des raids aériens observées la semaine dernière à Idlib.

« Nous craignons de voir se développer un scénario identique de la Ghouta orientale à Idlib. La protection des civils est une préoccupation majeure, compte tenu notamment du fait qu’un grand nombre de familles, de femmes et d’enfants y vivent. Plus de la moitié des 2,5 millions de citoyens d’Idlib sont des déplacés internes », a dit M. Moumtzis.

Compte tenu de la forte densité de la population, du taux élevé de déplacés internes et de la congestion excessive, l’ONU estime qu’il est absolument essentiel de trouver une solution pacifique. Dans ces conditions, le Coordinateur humanitaire régional de l’ONU pour la Syrie a appelé les grandes puissances à négocier un règlement négocié pour mettre fin à la guerre et éviter un bain de sang à Idlib. « Nous nous inquiétons de voir 2,5 millions de personnes poussées vers la frontière turque. Il n’y a plus de zone où les déplacer en Syrie. Il n’y a pas d’autre Idlib vers où les envoyer », a-t-il déclaré.

En attendant, les humanitaires anticipent et ont déjà préparé un « plan de contingence pour Idlib, mais aussi pour Afrine, ainsi que dans le sud de la Syrie ». « Donc en tant qu’humanitaires, nous prévoyons tous les scénarios avec des projections qui tablent sur plus de déplacés, mais aussi sur la façon dont nous devons répondre à ces besoins », a dit M. Moumtzis aux journalistes.

Les conditions de retour ne sont pas encore en place en Syrie

Par ailleurs, au sujet d’éventuels retours de réfugiés syriens dans leur pays, le Coordinateur humanitaire régional de l’ONU pour la Syrie a rappelé la position des Nation Unies selon laquelle, « les conditions à l’intérieur de la Syrie ne sont pas prêtes pour permettre un rapatriement volontaire de personnes déplacées et de réfugiés ».

Mais si des réfugiés décident de rentrer chez eux de façon spontanée, la communauté internationale et les organismes humanitaires vont « tout faire pour apporter de l’assistance aux zones de retour ».

Selon l’ONU, ces retours doivent se faire sur la base du volontariat, un mouvement volontaire respectant les normes de protection et qu’ils se fassent « d’une façon où la dignité des personnes est respectée ».