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Syrie : l’envoyé de l’ONU se dit prêt à aller à Idlib pour escorter des civils

Sur cette photo d'archives, le PAM fournit une aide d'urgence dans les zones rurales d'Idlib. Alors qu’une offensive gouvernementale se profile, l’ONU met en garde contre une éventuelle catastrophe humanitaire.
PAM/Hussam Alsaleh
Sur cette photo d'archives, le PAM fournit une aide d'urgence dans les zones rurales d'Idlib. Alors qu’une offensive gouvernementale se profile, l’ONU met en garde contre une éventuelle catastrophe humanitaire.

Syrie : l’envoyé de l’ONU se dit prêt à aller à Idlib pour escorter des civils

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a mis en garde jeudi contre les conséquences pour les civils de l’opération militaire de grande envergure que le gouvernement s’apprêterait à lancer pour reprendre le fief rebelle d’Idlib, dans le nord-ouest du pays.

S'adressant à des journalistes à Genève, M. de Mistura a proposé d'accompagner personnellement les habitants d'Idlib avant toute attaque contre la dernière zone occupée par l'opposition dans le pays, un geste qu’il avait proposé pour Alep en 2016.

« Il n’y a pas d'autre Idlib. Où peuvent-ils aller ? », a déclaré M. de Mistura. « Chaque fois qu’il y a eu une crise… il y avait un endroit où beaucoup pouvaient choisir de partir. Mais il n'y a pas d'autre Idlib ».

Le sort d’Idlib est important car il s’agit essentiellement d’une population civile déplacée ou évacuée d’autres zones de conflit dans le pays, alors que les forces gouvernementales ont repris le contrôle de plusieurs territoires. Rien qu’au cours des six derniers mois, 500.000 personnes sont arrivées à Idlib après avoir fui les offensives du gouvernement à Deraa, dans la Ghouta orientale et dans d’autres zones tenues par l’opposition.

Les propos de l’Envoyé spécial font écho à l’appel lancé mercredi par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui s’est dit profondément préoccupé par les risques croissants d’une « catastrophe humanitaire » dans le cas d’une opération militaire de grande envergure dans cette province qui compte près de trois millions de personnes et se trouve à la frontière avec la Turquie.

Idlib compte également une « concentration extrêmement élevée de combattants étrangers », a déclaré M. de Mistura, ajoutant que cela représentait environ 10.000 membres d'Al Nusra ou d'Al Qaïda, considérés comme terroristes par l'ONU.

Bien que « personne ne conteste » le droit du gouvernement syrien de combattre ces terroristes, ni son droit de recouvrer « toute son intégrité territoriale », il n’y a « aucune justification » à l’emploi d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, a-t-il ajouté. Réitérant la déclaration du Secrétaire général des Nations unies mercredi, il a noté que l’utilisation aveugle d’armes dans des zones peuplées pouvait constituer des crimes de guerre.

Dans ce contexte, M. de Mistura s’est dit prêt, personnellement et physiquement, à escorter des civils d’Idlib à travers un couloir humanitaire pour qu’ils trouvent refuge en un lieu sûr et puissent retourner chez eux une fois les combats terminés.

Les efforts de l'ONU pour trouver une solution pacifique au conflit en Syrie devraient se poursuivre avec des réunions prévues à Genève les 10 et 11 septembre avec des représentants de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, a déclaré M. de Mistura. Ces discussions devraient être suivies le 14 septembre par des rencontres avec des délégations de haut niveau de sept autres États membres : Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, Etats-Unis, France, Jordanie, et Royaume-Uni.