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Guinée-Bissau : Kofi Annan engage la classe politique et militaire à s'élever au-delà de l'intérêt personnel

Guinée-Bissau : Kofi Annan engage la classe politique et militaire à s'élever au-delà de l'intérêt personnel

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Dans un contexte toujours marqué par le soulèvement militaire du 6 octobre 2004, le Secrétaire général appelle la classe politique et militaire de la Guinée-Bissau à s'élever au-delà des intérêts partisans et préconise dans son dernier rapport le maintien du Fonds d'urgence et une réforme du mandat du Bureau de l'ONU dans le pays, afin d'intégrer le développement et le renforcement des institutions.

« La Guinée-Bissau a accompli des progrès considérables depuis le conflit de 1998-99. Maintenant que le processus de transition est presque terminé, de nouveaux problèmes apparaissent, ainsi qu'en témoigne le soulèvement militaire du 6 octobre 2004 » expose le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la Guinée-Bissau au Conseil de sécurité, qui était réuni aujourd'hui en consultations à huis clos pour entendre un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général, Joao Bernardo Honwana.

Dans un contexte marqué principalement par le soulèvement du 6 octobre dernier, condamné par le Conseil de sécurité (voir notre dépêche du 2 novembre 2004), qui avait abouti au meurtre du chef d'état-major des forces armées, le général Verissimo Correia Seabra, et du chef des ressources humaines, le colonel Domingos de Barros, le Secrétaire général déplore que « l'optimisme nuancé du début de la période de transition ait cédé le pas à un scepticisme croissant et à l'impression de plus en plus nette que le pouvoir militaire représente le plus gros obstacle à la consolidation de la démocratie et de la paix ».

Face au « sentiment croissant d'exaspération à l'idée que les interventions militaires récurrentes empêchent la reprise de l'aide au développement, des possibilités économiques et de l'amélioration des conditions de vie », Kofi Annan encourage dans son rapport les autorités de la Guinée-Bissau à poursuivre la transition politique de manière pacifique, notamment en tenant des élections présidentielles, comme prévu dans la Charte de transition politique.

« J'engage donc toutes les parties prenantes, en particulier les dirigeants politiques et militaires, à s'élever au-dessus des ambitions et des intérêts partisans pour aider à préserver et consolider la paix et la stabilité au cours de la période de transition et au-delà », et notamment « ceux qui détiennent le pouvoir militaire [à respecter] rigoureusement le principe de la subordination aux autorités politiques civiles », déclare le Secrétaire général.

Proposant dans son rapport une révision du mandat du Bureau d'appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS), le Secrétaire général espère ainsi qu'il pourra aider le pays à « surmonter ses difficultés actuelles », notamment en intégrant les activités de développement et de consolidation de la paix et par l'organisation des élections présidentielles l'an prochain pour assurer le retour à la normale au regard de la Constitution.

« En réponse à la demande du Président par intérim, Henrique Pereira Rosa, l'ONU est prête à apporter un appui technique à leur organisation et à coordonner les observateurs internationaux » indique le rapport du Secrétaire général, qui précise que le Bureau et l'équipe de pays des Nations Unies contribueront au renforcement des capacités institutionnelles de manière à permettre aux pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire de fonctionner de façon plus efficace.

L'ONU contribuera aussi au renforcement du respect des droits de l'homme.

Dans l'immédiat, estime le Secrétaire général, dans la mesure où le pays « manque constamment de revenus, il faudrait prolonger jusqu'en juin 2005 le Fonds d'urgence pour la gestion économique, qui devrait être clos en décembre 2004, afin de permettre au Gouvernement de faire face à ses priorités budgétaires urgentes ».

Par ailleurs, « il faudra accorder une attention particulière à la question de la réforme de l'armée » et promouvoir le développement de mécanismes nationaux de gestion des conflits, indique le Secrétaire général dans son rapport, qui préconise de mettre en place un fonds similaire au Fonds d'urgence pour la gestion économique afin de faciliter la planification et l'exécution du processus de réforme des forces de sécurité.

« L'ONU aidera les autorités à mettre en œuvre le Programme d'action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, indique le rapport qui engage le Gouvernement à « collecter et détruire les armes légères détenues par des particuliers » et à collaborer avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et les Etats voisins.

Résumant ses autres priorités à moyen et à long terme, le rapport précise que « l'ONU devrait œuvrer avec les donateurs à la conception et à la mise en place de programmes visant à mettre en place et responsabiliser des organismes de la société civile, y compris des organisations de femmes, à s'attaquer aux difficultés que rencontrent les jeunes, notamment en leur offrant des possibilités de participation à la vie du pays et aux mécanismes nationaux et enfin à reconstruire l'infrastructure sociale et publique (voir sur le dernier point sur la situation, notre dépêche du 22 octobre 2004).