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Gaza : l’aide humanitaire toujours insuffisante, déplorent les agences de l’ONU

Un homme porte un colis de biscuits à haute teneur énergétique, une aide acheminée par le couloir humanitaire maritime.
© WFP/Jaber Badwan
Un homme porte un colis de biscuits à haute teneur énergétique, une aide acheminée par le couloir humanitaire maritime.

Gaza : l’aide humanitaire toujours insuffisante, déplorent les agences de l’ONU

Paix et sécurité

Alors que l’armée israélienne poursuit ses frappes et son offensive terrestre sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, les populations de l’enclave palestinienne reçoivent beaucoup trop peu d’aide, au point que de plus en plus d’enfants meurent de faim, ont averti vendredi des agences humanitaires des Nations Unies. 

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Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les Gazaouis ne reçoivent certainement pas la quantité dont ils ont désespérément besoin « pour éviter une famine, pour éviter toutes les horreurs que nous voyons ».

« Il y a très, très peu d’argent qui circule en ce moment », a déclaré lors d’un point régulier de l’ONU à Genève, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA.

Cette alerte d’OCHA intervient alors que de plus en plus d’agences mettent en garde sur les conséquences des obstacles persistants de l’accès à l’aide à Gaza. Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), les enfants meurent de faim en raison de ces obstacles.

85 % des enfants n’ont pas mangé pendant une journée entière 

Une enquête instantanée menée récemment par les Nations Unies a montré que 95 % des enfants âgés de six à 23 mois - c’est-à-dire essentiellement les moins de cinq ans - consomment deux groupes alimentaires différents ou moins par jour. « Mais ce qui me choque le plus, c’est que 85 % des enfants n’ont pas mangé pendant une journée entière au moins une fois au cours des trois jours précédant l’enquête », a affirmé la Dre Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Il s’agit d’une enquête instantanée, ils ont fait le tour de la question, et ce sont des enfants de moins de cinq ans qui n’ont pas mangé toute la journée, et ce au cours des trois derniers jours précédant l’enquête. On peut donc se demander si les vivres sont bien distribués. Non, les enfants meurent de faim », a-t-elle affirmé.

Face à cette situation, l’OCHA continue d’insister sur le fait que l’obligation des autorités israéliennes de faciliter l’acheminement de l’aide ne s’arrête pas à la frontière.

« Leur obligation ne s’arrête pas lorsque vous déposez de l’autre côté de la frontière, à quelques mètres seulement, et que vous vous éloignez en voiture pour laisser aux humanitaires le soin de traverser des zones de combat actives - ce qu’ils ne peuvent pas faire - pour aller chercher l’aide. Donc, pour répondre à votre question, non, l’aide qui arrive n’arrive pas à la population », a ajouté M. Laerke.

L’OCHA plaide pour les points de passage terrestres

En réponse à une question sur l’apport du pont flottant géré par l’armée américaine, l’OCHA rappelle que tous les moyens d’acheminer l’aide étaient les bienvenus. « Alors quand cette réalité ne fonctionne pas, c’est bien sûr une mauvaise nouvelle », a-t-il fait valoir.

Une façon de souligner qu’il n’a jamais été prévu, ni réaliste, de faire du pont flottant le principal canal d’acheminement de l’aide. « Il aurait pu être un complément et nous ne cessons de le souligner ». 

Pour le bureau onusien, le seul moyen d’acheminer l’aide à grande échelle et à grande vitesse est de passer par des points de passage terrestres. « Et c’est là que nous rencontrons ces problèmes ». 

Selon l’OCHA, les humanitaires ont besoin d’un plus grand nombre de ces points de passage terrestres. « Nous avons besoin qu’ils soient ouverts et nous avons besoin qu’ils puissent être utilisés en toute sécurité pour récupérer l’aide lorsqu’elle est déposée ».

Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah, au sud de Gaza, après des frappes aériennes israéliennes.
© WFP/Ali Jadallah
Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah, au sud de Gaza, après des frappes aériennes israéliennes.

L’UNRWA met en garde contre la propagation des maladies 

En écho à ces inquiétudes, le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a indiqué jeudi que la guerre à Gaza a engendré « un mépris flagrant » pour la mission des Nations Unies, y compris « des attaques scandaleuses contre les employés, les installations et les opérations de l’UNRWA ».

Alors que les Palestiniens déplacés, dont beaucoup ont fui la violence quatre ou cinq fois pendant la guerre, s’efforcent de survivre dans des abris surpeuplés où les produits d’hygiène sont rares, l’UNRWA met en garde contre la propagation des maladies et le manque de médicaments

Des abris surpeuplés et le manque d’hygiène favorisent la propagation des maladies infectieuses à Gaza, a averti l’agence onusienne, relevant qu’il n’y a pas assez de vaccins ou de médicaments pour répondre aux besoins de la population.

« Les équipes de l’UNRWA continuent de fournir des soins de santé aux personnes vulnérables, y compris les enfants et les personnes âgées. Mais les vaccins et les médicaments sont loin d’être suffisants. Nous avons besoin d’un accès sûr et sans restriction », a écrit l'UNRWA sur le réseau social X.

Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah après les frappes aériennes israéliennes.
© WFP/Ali Jadallah
Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah après les frappes aériennes israéliennes.

Conflit et menaces compromettent le travail des ONG palestiniennes

Sur un autre volet, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé s’est dit profondément préoccupé par l’impact sur les organisations de la société civile palestinienne de l’escalade des opérations militaires israéliennes à Gaza, ainsi que par les menaces et intimidations persistantes auxquelles ces organisations sont confrontées de la part d’Israël.

À Gaza, plusieurs membres du personnel d’ONG locales ont été tués, blessés ou détenus, et de nombreux employés ont été déplacés à plusieurs reprises, y compris en dehors de la bande depuis le 7 octobre 2023.

Dans l’ensemble du territoire palestinien occupé, le personnel des organisations de la société civile risque en permanence d’être harcelé, arrêté, détenu arbitrairement, soumis à des mauvais traitements, voire d’être expulsé en raison de son travail par les trois détenteurs de devoirs, y compris l’Autorité palestinienne et les autorités de facto. 

En 2021, six ONG palestiniennes bien connues de défense des droits de l’homme ont été désignées par Israël comme « organisations terroristes » sans preuve, et les allégations à leur encontre n’ont toujours pas été prouvées. 

« L’impact négatif de ces désignations sur la société civile du territoire palestinien occupé a été massif : réduction du soutien des donateurs, perte de personnel, crainte de travailler sur des questions importantes en matière de droits de l’homme, moral du personnel », ont fait valoir les services du Haut-Commissaire Volker Türk.