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Gaza : les humanitaires demandent l’ouverture de tous les points d’accès alors que l’exode de Rafah accentue la faim

Des familles fuient l'intensification des opérations militaires à Rafah, dans le sud de Gaza.
© UNRWA
Des familles fuient l'intensification des opérations militaires à Rafah, dans le sud de Gaza.

Gaza : les humanitaires demandent l’ouverture de tous les points d’accès alors que l’exode de Rafah accentue la faim

Paix et sécurité

Alors que les bombardements israéliens se poursuivent, avec des combats se déroulant dans le nord, le centre et le sud de Gaza, l’exode de Rafah alimente la faim dans l’enclave palestinienne surtout pour les enfants, ont alerté jeudi des agences humanitaires des Nations Unies, qui demandent l’ouverture de tous les points de passage de l’aide.

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Selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM), l’accès limité aux parties méridionales de Gaza risque de provoquer « les mêmes niveaux catastrophiques de faim que ceux observés dans le nord de l’enclave palestinienne ».

« Le nord de la bande de Gaza, qui a été l’épicentre des alertes à la famine, connaît aujourd’hui une amélioration grâce à l’accès accordé au cours du mois dernier. Cependant, dans le centre et le sud de la bande de Gaza, les niveaux de faim se détériorent rapidement », a détaillé dans son dernier rapport de situation, l’agence onusienne basée à Rome. 

Malnutrition aiguë

Le PAM note que l’incursion israélienne à Rafah a un impact dévastateur sur les civils et les opérations humanitaires. « Les adultes et les enfants sont épuisés par les déplacements constants, la faim et la peur ». « Le PAM ne peut pas faire grand-chose à Rafah, les stocks étant très bas et la mobilité très réduite ».

En écho à cette alerte du PAM, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) indique que la réduction de l’aide à Gaza aggrave le sort des enfants souffrant de « malnutrition aiguë ».

Depuis la mi-janvier, plus de 93.000 enfants palestiniens âgés de six mois à moins de cinq ans ont fait l’objet d’un dépistage de la malnutrition. 7.280 d’entre eux ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë, dont 1.676 comme souffrant de malnutrition aiguë sévère.

Selon l’OCHA, la capacité des partenaires nutritionnels à renforcer leur présence opérationnelle et à fournir les services nécessaires a été entravée malgré l’augmentation continue du nombre de cas de malnutrition détectés. 

Une enquête de suivi post-distribution menée par le groupe sectoriel de la nutrition montre que la diversité alimentaire s’est détériorée en mai. Près de 95 % des enfants âgés de six à 23 mois mangent deux catégories différentes de denrées alimentaires ou moins par jour. En outre, 85 % des enfants n’ont pas mangé pendant une journée entière au moins une fois au cours des trois jours précédant l’enquête.

Chute de 70% du flux d’aide humanitaire depuis le 7 mai

Ces données inquiétantes interviennent dans un contexte d’accès difficile des humanitaires dans l’enclave palestinienne. La quantité de nourriture et d’autres aides entrant à Gaza, déjà insuffisante pour répondre aux besoins croissants, a encore diminué depuis le 7 mai, avec une moyenne quotidienne de 58 camions d’aide humanitaire atteignant Gaza entre le 7 et le 28 mai, contre une moyenne quotidienne de 176 camions d’aide entre le 1er avril et le 6 mai.

L’OCHA signale également que le flux d’aide humanitaire vers la bande de Gaza a chuté de près de 70 % depuis le 7 mai, et que ce qui entrait dans le territoire palestinien avant cette date était « déjà insuffisant pour répondre aux besoins croissants ».

« Les organisations humanitaires ont du mal à accéder à l’aide humanitaire, en particulier à partir du point de passage de Karam Abu Salem/Kerem Shalom, en raison du conflit actif, des routes impraticables, des munitions non explosées, des pénuries de carburant, des retards aux points de contrôle et des restrictions israéliennes ».

Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah après les frappes aériennes israéliennes.
© WFP/Ali Jadallah
Des milliers de familles gazaouies évacuent la ville de Rafah après les frappes aériennes israéliennes.

Seul un hôpital reste fonctionnel, partiellement, à Rafah

Et malgré l’arrivée de certains produits commerciaux à Gaza, la population n’a pas les moyens de payer les prix élevés.

« Nous avons besoin de plus d’aide pour entrer par le sud car les gens ont besoin d’un régime alimentaire diversifié, d’un accès aux soins de santé et à l’eau. La situation exige une réponse multisectorielle et stratégiquement équilibrée », a insisté le PAM, relevant l’importance d’avoir « un environnement propice de la communauté humanitaire pour répondre aux besoins des populations ».

Sur le terrain, les agences humanitaires continuent de distribuer de l’aide alimentaire en dépit de difficultés importantes et de la diminution des stocks de nourriture. Depuis le début du mois de mai, le PAM a fourni une assistance à un million de personnes à Gaza.

Par ailleurs, à cause des combats qui s’étendent et des ordres d’évacuation, les établissements de santé, les secours et les services sociaux sont forcés de fermer à Rafah, les uns après les autres. Seul un hôpital reste fonctionnel, bien que partiellement, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).