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Trois mois après l’escalade de violence à Gaza, la situation reste tendue, selon l’envoyé de l’ONU

Un enfant joue avec un cerf-volant là où une frappe aérienne israélienne a eu lieu à Gaza.
© UNRWA/Mohamed Hinnawi
Un enfant joue avec un cerf-volant là où une frappe aérienne israélienne a eu lieu à Gaza.

Trois mois après l’escalade de violence à Gaza, la situation reste tendue, selon l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient a expliqué lundi aux membres du Conseil de sécurité que la situation restait tendue entre Israéliens et Palestiniens après les récents affrontements à Gaza et il a appelé toutes les parties à maintenir le calme.

La bande de Gaza a été le théâtre de violentes hostilités en mai, marquées par des tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens et des bombardements de l’armée israélienne. Le cessez-le-feu a été déclaré le 20 mai, après 11 jours d’affrontements, qui ont fait plus de 240 morts, la majorité du côté palestinien, et des milliers de blessés.

« Plus de trois mois se sont écoulés depuis l'escalade meurtrière entre Israël et les militants à Gaza et la situation reste tendue », a souligné le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.

« En réponse, l'ONU continue d'engager toutes les parties à maintenir le calme et à fournir une assistance urgente aux habitants de Gaza », a-t-il ajouté, précisant que le 19 août, le Qatar a annoncé une contribution de 40 millions de dollars sur quatre mois aux Nations Unies pour fournir une aide en espèces à quelque 100.000 familles dans le besoin à Gaza.

Il a remercié les donateurs pour leur généreux soutien, tout en réaffirmant que de nouvelles contributions sont nécessaires de toute urgence.

Le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, informe (par vidéoconférence) le Conseil de sécurité (photo d'archives).
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, informe (par vidéoconférence) le Conseil de sécurité (photo d'archives).

Niveaux préoccupants de violence

De manière générale, l’envoyé de l’ONU a souligné la poursuite « de niveaux préoccupants de violence » dans tout le territoire palestinien occupé au cours du mois écoulé.

Il a noté que la violence des colons contre les civils palestiniens est mentionnée de manière récurrente dans ses rapports au Conseil. « D'autres mesures doivent être prises pour s'assurer qu'Israël s'acquitte de son obligation de protéger les civils palestiniens contre la violence, y compris de la part des colons israéliens, et d'enquêter sur les responsables de ces attaques et de faire en sorte qu’ils rendent des comptes », a-t-il dit. Il a réitéré que les forces de sécurité devaient faire preuve d'une retenue maximale et n'utiliser la force meurtrière que lorsque cela est strictement inévitable pour protéger la vie.

L’envoyé de l’ONU a souligné également que les organisations de la société civile palestinienne et les défenseurs des droits humains continuent de subir des restrictions à leurs libertés d'expression, de réunion et d'association, et que les démolitions et les confiscations israéliennes de maisons et d'autres structures palestiniennes se sont poursuivies.

« J'exhorte Israël à cesser la démolition et la saisie des biens palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, conformément à ses obligations au titre du droit international humanitaire », a-t-il dit.

Besoin de solutions politiques à Gaza

Revenant à la situation à Gaza, il constaté un assouplissement progressif et partiel des restrictions d'accès par les autorités israéliennes. « Bien que les mouvements et l'accès à l'intérieur et à l'extérieur de Gaza doivent être encore améliorés, aucun soutien humanitaire ou économique ne permettra à lui seul de relever les défis auxquels Gaza est confrontée », a-t-il estimé. 

Selon lui, l'approche progressive actuelle n’est pas une solution pour la population de Gaza. « Gaza a besoin de solutions politiques qui verront une levée complète des bouclages israéliens, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité des Nations Unies et le retour d'un gouvernement palestinien légitime à Gaza, et la création d'un État palestinien indépendant et souverain, dont Gaza fait partie intégrante », a-t-il dit. 

Il a estimé aussi nécessaire que le Hamas et d'autres groupes armés arrêtent le lancement d'engins incendiaires, de roquettes et de mortiers.

Tor Wennesland a noté que l'état des finances de l'Autorité palestinienne restait précaire. Alors que le transfert mensuel des revenus de dédouanement d'Israël à l'Autorité palestinienne se produit régulièrement, « Israël continue de déduire un montant équivalent à ce qui est payé par l'Autorité palestinienne aux familles de prisonniers et de martyrs ».

Il a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à sortir de l'impasse sur le programme de paiement des prisonniers et a appelé les donateurs à fournir un soutien financier urgent à l'Autorité palestinienne.

En conclusion, l’envoyé de l’ONU a estimé que des changements tangibles étaient nécessaires sur le terrain, en particulier pour les personnes vivant en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, et à Gaza.

Il s’est dit extrêmement préoccupé par « la situation financière désastreuse à laquelle l'Autorité palestinienne est confrontée et sa capacité à résister aux crises budgétaire et sanitaire en cours ». « Cela peut affecter tous les Palestiniens. Il est essentiel que l'Autorité palestinienne soit habilitée à exercer ses responsabilités dans tout le territoire palestinien occupé, y compris concernant la reconstruction dans la bande de Gaza », a-t-il dit.