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Le chef du HCR réclame le respect du droit humanitaire international à Gaza

Des gens font la queue à Gaza pour obtenir un repas chaud, le seul de la journée.
© WFP/Ali Jadallah
Des gens font la queue à Gaza pour obtenir un repas chaud, le seul de la journée.

Le chef du HCR réclame le respect du droit humanitaire international à Gaza

Aide humanitaire

Le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a réclamé jeudi le respect du droit humanitaire international à Gaza et dans d’autres conflits dans le monde, lors d’un exposé devant les membres du Conseil de sécurité.

« Les parties aux conflits – de plus en plus, partout, presque toutes – ont cessé de respecter les règles fondamentales de la guerre, et parfois même font semblant de le faire ; les civils sont tués en nombre croissant ; le viol et d'autres formes de violence sexuelle sont utilisés comme armes de guerre ; les infrastructures civiles sont touchées et détruites ; les travailleurs humanitaires deviennent des cibles », a dénoncé Filippo Grandi.

Le HCR fait face à une conséquence spécifique de ces violations. Puisque cette conduite brutale des hostilités vise non seulement à détruire mais aussi à terrifier les civils, ceux-ci – de plus en plus souvent – ​​n’ont d’autre choix que de fuir, terrorisés.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, prononce son discours d'ouverture lors de la session d'orientation du Forum mondial sur les réfugiés 2023.
© UNHCR/Pierre Albouy
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, prononce son discours d'ouverture lors de la session d'orientation du Forum mondial sur les réfugiés 2023.

L'exemple de Gaza

Selon M. Grandi, « ce qui se passe à Gaza depuis les attaques du Hamas du 7 octobre dernier et tout au long de l’offensive israélienne en est un bon exemple ».

« Parmi les nombreuses images de ce conflit qui nous hanteront longtemps, il y a celle de personnes désespérées, piégées et souvent tuées dans une zone de guerre. Leur sécurité devrait être notre – votre – préoccupation primordiale », a-t-il dit s’adressant aux quinze membres du Conseil.

« Alors qu’ils doivent être protégés où qu’ils se trouvent, le dilemme atroce de savoir si les Palestiniens doivent quitter Gaza – ou non – est un dilemme qu’Israël a la responsabilité claire d’éviter ; car oui, il existe bel et bien un droit universel de demander l’asile, auquel répondent si souvent les pays voisins de conflits, et que je défendrai toujours, par principe. Mais dans ce cas, il y a aussi – et surtout – l’obligation juridique internationale d’une puissance occupante de ne pas forcer la population civile à fuir le territoire qu’elle occupe », a-t-il estimé.

« Et un nouvel exode forcé des Palestiniens ne fera que créer un problème insoluble supplémentaire et rendra impossible la recherche d’une solution à ce conflit qui dure depuis des décennies », a-t-il ajouté.

114 millions de personnes dans le monde forcées de fuir

Au-delà du conflit à Gaza, le chef du HCR a rappelé que la guerre, la violence et les persécutions ont forcé 114 millions de personnes à fuir leur foyer, selon le dernier décompte de l’agence onusienne. Le mois prochain, le HCR mettra à jour ce chiffre et il « sera plus élevé », a ajouté M. Grandi, qui a évoqué également dans son exposé les conflits en Syrie, au Myanmar, en République démocratique du Congo, en Ukraine, et au Soudan.

« C'est un paysage politique sombre que celui que je vois autour de nous, de mon point de vue humanitaire : des décisions de politique étrangère à courte vue, souvent fondées sur deux poids, deux mesures, avec des paroles en faveur du respect de la loi, mais peu de force de la part de ce Conseil pour réellement la faire respecter et – avec elle – la paix et la sécurité », a estimé Filippo Grandi.

Il a affirmé que « le droit international humanitaire est la représentation la plus claire de l’effort visant à trouver un terrain d’entente ».

Il a rappelé aux membres du Conseil de sécurité que l’an dernier, il leur avait demandé d’utiliser leur voix – pas leurs voix. « Mais la cacophonie de ce Conseil signifie que vous avez continué à présider à une cacophonie de chaos plus large à travers le monde », a-t-il regretté.

« Il est trop tard pour les dizaines de milliers de personnes déjà tuées à Gaza, en Ukraine, au Soudan, en RDC, au Myanmar et dans tant d’autres endroits. Mais il n’est pas trop tard pour concentrer votre attention et votre énergie sur les crises et les conflits qui restent non résolus, afin qu’ils ne puissent pas s’envenimer et exploser à nouveau », a-t-il dit. « Il n’est pas trop tard pour intensifier l’aide destinée aux millions de personnes déplacées de force afin qu’elles rentrent chez elles volontairement, en toute sécurité et dans la dignité. Il n’est pas trop tard pour essayer de sauver des millions d’autres personnes du fléau de la guerre ».