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Conséquences d'une attaque dans le centre ville de Kharkiv, en Ukraine.

Ukraine : plus de 14.000 personnes déplacées dans la région de Kharkiv en quelques jours

© IOM
Conséquences d'une attaque dans le centre ville de Kharkiv, en Ukraine.

Ukraine : plus de 14.000 personnes déplacées dans la région de Kharkiv en quelques jours

Paix et sécurité

Alors que des milliers de personnes ont été déplacées en l’espace de quelques jours au nord-est de l’Ukraine, les agences humanitaires des Nations Unies se sont alarmées de l’augmentation des besoins humanitaires et des déplacements forcés à la suite de la nouvelle offensive terrestre russe dans la région de Kharkiv.

Plus de 14.000 personnes ont été déplacées par les combats dans la région de Kharkiv, où Moscou a lancé un nouvel assaut d’ampleur le 10 mai, a déclaré mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

De son côté, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) note que plus de 10.000 personnes ont été évacuées la semaine dernière de leurs villages dans les zones frontalières de la région de Kharkiv par les autorités ukrainiennes avec l’aide de volontaires et d’organisations humanitaires. 

Près de 189.000 personnes tout près de la frontière

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la majorité des personnes évacuées, qui ont dû quitter leurs maisons avec seulement quelques effets personnels, sont déjà très vulnérables et comprennent principalement des personnes âgées et des personnes à faible mobilité ou handicapées qui n’ont pas été en mesure de fuir plus tôt. 

Si plus de 14.000 personnes ont été déjà déplacées dans la région de Kharkiv, « près de 189.000 autres [personnes] vivent toujours à moins de 25 kilomètres de la frontière avec la Fédération de Russie, confrontées à des risques importants en raison des combats en cours », a ajouté le Représentant de l’OMS en Ukraine, le Dr Jarno Habicht, lors d’un point de presse. 

Les habitations et les infrastructures civiles sont gravement endommagées, et les habitants de toute l’Ukraine, y compris ici à Kiev, sont confrontés à des pénuries d’électricité à la suite d’attaques contre des installations électriques essentielles, a-t-il dit.

Ces mouvements de populations interviennent dans un contexte de poursuite « des attaques aériennes incessantes », prolongeant et exacerbant une « situation déjà désastreuse ». Plus de deux ans après l’invasion totale de la Russie, les bombardements et les attaques régulières continuent de faire des victimes et de détruire des habitations et des infrastructures essentielles dans tout le pays. 

Poursuite des déplacements

« La semaine dernière, la ville de Kharkiv a connu une alerte aux raids aériens qui a duré 16 heures sans interruption », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Shabia Mantoo, porte-parole du HCR.

« En outre, les attaques contre l’infrastructure énergétique qui ont touché la population dans toute l’Ukraine sont particulièrement critiques à Kharkiv, où l’approvisionnement en énergie est déjà bien inférieur à la capacité standard, ce qui affecte les ménages, la capacité de production et l’économie », a-t-elle ajouté. 

La grande majorité des personnes évacuées ont exprimé leur souhait de rester avec des membres de leur famille ou dans des logements locatifs et des sites collectifs à Kharkiv et de ne pas s’éloigner de leur domicile, afin de pouvoir y retourner lorsque la situation le permettra. 

Face à ce regain de tension, le HCR craint que les conditions à Kharkiv - la deuxième plus grande ville d’Ukraine, qui accueille déjà quelque 200.000 personnes déplacées - ne deviennent encore plus difficiles si l’offensive terrestre et les attaques aériennes incessantes se poursuivent. Cela pourrait contraindre de nombreuses personnes à quitter Kharkiv pour des raisons de sécurité et de survie, en cherchant une protection ailleurs.

Un maison détruite à Kharkiv, en Ukraine.
© UNICEF/Oleksii Filippov
Un maison détruite à Kharkiv, en Ukraine.

Plus de 20.000 amputations

Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) note qu’avec l’aggravation de la situation sécuritaire, les besoins humanitaires dans la région augmentent de façon exponentielle. L’OMS a ainsi déployé la semaine dernière du personnel supplémentaire pour répondre aux besoins sanitaires immédiats de la population.

Sur le terrain, le conflit a considérablement augmenté le nombre de patients souffrant de traumatismes. Anticipant cette possible escalade, l’OMS avait prépositionné au cours des trois derniers mois plus de 22 tonnes de fournitures médicales pour le traitement des traumatismes aigus, les interventions chirurgicales et la gestion des maladies chroniques. 

L’OMS finance actuellement des équipes de soins intensifs et des ambulances pour soutenir les services médicaux d’urgence. Du 21 avril au 12 mai, 115 transferts de soins critiques ont été facilités par ces équipes, dont 109 ont nécessité des soins intensifs. 

Parallèlement, les équipes de l’OMS continuent d’intensifier le renforcement des capacités en matière de santé mentale et de soutien psychosocial pour les travailleurs de la santé. 

« Avec plus de 10 millions de personnes souffrant d’une forme ou d’une autre de troubles mentaux et plus de 20.000 amputations réalisées depuis l’invasion russe en 2022, les besoins dans ces deux domaines sont immenses et il est urgent d’y répondre parallèlement à d’autres réformes à long terme », a affirmé le Dr Habicht, Représentant de l’OMS en Ukraine.