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Le 5 mars 2022, dans l'ouest de l'Ukraine, des enfants et des familles se dirigent vers la frontière pour passer en Pologne.

Ukraine : plus de 2 millions de personnes ont fui le pays à cause des combats, selon le HCR

© UNICEF/Viktor Moskaliuk
Le 5 mars 2022, dans l'ouest de l'Ukraine, des enfants et des familles se dirigent vers la frontière pour passer en Pologne.

Ukraine : plus de 2 millions de personnes ont fui le pays à cause des combats, selon le HCR

Paix et sécurité

Le nombre de personnes ayant quitté l’Ukraine dépasse désormais le cap deux millions, a annoncé mardi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), relevant que parmi eux, plus de 100.000 sont des ressortissants étrangers.

« Aujourd’hui, le flot de réfugiés venus d’Ukraine atteint 2 millions. 2 millions », a tweeté le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, quelques minutes auparavant.

Selon le dernier décompte du HCR, il s’agit exactement de 2.011.312 réfugiés fuyant l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe le 24 février. 

Dans un pays d’environ 44 millions d’habitants, cela représente environ 4,5% de la population ukrainienne.

En début de matinée, M. Grandi a indiqué sur la radio française France Inter que la situation des Ukrainiens est la crise de réfugiés la plus rapide en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. 

« Nous assistons à cette guerre depuis 10-12 jours, je pense que demain nous arriverons au chiffre de deux millions d’Ukrainiens qui auront passé les frontières des pays limitrophes », a-t-il affirmé.

Près de 100.000 réfugiés ukrainiens en Russie

Les guerres des Balkans, en Bosnie et au Kosovo, dans les années 1990 avaient aussi provoqué d’énormes afflux de réfugiés, « peut-être deux ou trois millions, mais sur une période de huit ans. Là, c’est huit jours », a précisé M. Grandi. 

« D’autres régions du monde ont vu cela, mais en Europe, c’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il fait valoir.

Sur ces deux millions de réfugiés, la Pologne en a reçu plus de la moitié (1.204.403), la Hongrie en a accueilli plus de 191.348 et près de 140.745 se sont rendus en en Slovaquie, précise le HCR. 

Près de 99.300 sont arrivées en Russie. Dans le même temps, le chiffre atteint près de 83.000 à la fois pour la Moldavie et la Roumanie.  Autre indication, plus de 210.000 personnes ont été prises en charge dans d’autres pays européens.  

Un bon nombre des gens ayant fui l’Ukraine – essentiellement des femmes et des enfants – poursuivent ensuite leur route ailleurs en Europe pour rejoindre de la famille ou des amis. 

« Ils bougent vers d’autres pays, ils vont vers là où ils ont des connexions, de la famille. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on craint une deuxième vague de personnes qui auront beaucoup moins de ressources et de connexions, et qui seront d’autant plus vulnérables », a dit M. Grandi.

Selon l’agence onusienne, cet afflux ne devrait pas s’arrêter. D’autant qu’il y a des centaines de milliers de personnes en mouvement, qui essaient de fuir les zones de combats et de se réfugier d’abord à l’intérieur de l’Ukraine, dans des zones plus sûres. 

Le 5 mars 2022, dans l'ouest de l'Ukraine, des enfants et des familles se dirigent vers la frontière pour passer en Pologne.
© UNICEF/Viktor Moskaliuk
Le 5 mars 2022, dans l'ouest de l'Ukraine, des enfants et des familles se dirigent vers la frontière pour passer en Pologne.

Le partenariat de l’OIM avec la plateforme d’hébergement numérique « Airbnb »

Avec l’espace de sécurité qui se réduit, les gens vont inévitablement essayer de passer les frontières internationales. Selon l’ONU, quatre millions de personnes pourraient vouloir quitter l’Ukraine les prochaines semaines ou mois pour échapper à la guerre.

Parmi ces deux millions de réfugiés, plus de 100.000 sont des ressortissants étrangers, a dit mardi à la presse un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais de nombreux restent bloqués en Ukraine, a ajouté Paul Dillon, dénonçant les discriminations auxquelles ces personnes ont été confrontées ces derniers jours au moment de tenter de fuir le pays.

Par ailleurs, l’agence de l’ONU pour les migrations a déclaré avoir conclu un partenariat avec la plateforme d’hébergement numérique « Airbnb ». L’objectif est de mettre en relation les personnes ayant fui l’Ukraine avec des possibilités d’hébergement gratuit à court terme dans l’un de ces cinq pays limitrophes de Kyïv.

La semaine dernière, l’entreprise a offert un logement à 100.000 réfugiés ukrainiens. A ce jour, plus de 26.000 propriétaires se sont inscrits pour proposer leur logement gratuit ou à prix réduit dans de nombreux pays du monde. 

« Un logement sûr, privé et abordable est essentiel en ce moment », a insisté M. Dillon.

L’OCHA et le CICR réitèrent leur appel pour des « passages sûrs »

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a « besoin de couloirs sûrs pour fournir de l’aide humanitaire dans les zones d’hostilités » en Ukraine, a déclaré le Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité lundi. 

« M. Griffiths a insisté sur trois choses : Les civils, qu’ils restent ou partent de n’importe quel endroit en Ukraine, doivent être respectés et protégés. L’aide humanitaire doit être livrée en toute sécurité, en particulier là où les besoins sont les plus urgents. Nous avons besoin de toute urgence d’un système qui permette d’y parvenir », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA.

Sur le terrain, l’agence onusienne a mis en place depuis hier lundi une équipe à Moscou afin d’assurer la liaison avec les autorités locales, y compris le ministère de la Défense, afin de faire avancer ce système d’actions non-conflictuelles. 

« Ils se sont rencontrés hier et ils se rencontrent à nouveau aujourd’hui », a détaillé M. Laerke.

Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit être en contact avec toutes les parties au conflit. L’organisation basée à Genève appelle à nouveau à un acheminement « sûr » de l’aide humanitaire. Il s’agit ainsi de garantir le départ volontaire vers une ville « sûre » de ceux qui le souhaitent. 

Sur le terrain, des « affrontements de plus en plus violents » se poursuivent dans la banlieue de Kyïv. 

« À Irpin, à environ 25 km au nord-ouest de la capitale, environ 2 000 civils auraient été évacués, selon la police locale », a annoncé l’OCHA dans son dernier rapport de situation daté du lundi 7 mars 2022. 

L’OMS a déjà fourni 76 tonnes d’aide médicale en Ukraine 

Dans les localités de Donetsk, les autorités ukrainiennes auraient évacué au moins 1.500 personnes des zones gouvernementales vers la partie occidentale du pays. 

Dans la région voisine contrôlée par le gouvernement, à Louhansk, un train a évacué plus de 2.000 personnes, des villes comme Sievierodonetsk et Popasna.

Reprenant des rapports du ministère ukrainien de l’énergie, l’OCHA signale que près de 650.000 personnes sont privées d’électricité et au moins 130.000 personnes restent privées de gaz dans l’est, le nord et le sud du pays. 

« Les équipes de réparation ont besoin de [fenêtres de silence] sécurisées car la détérioration rapide de la situation sécuritaire les empêche de rétablir les services essentiels, notamment l’électricité, le gaz et l’eau », a plaidé l’OCHA, redoutant qu’une « extension géographique rapide de l’offensive militaire n’entraîne une hausse constante des victimes civiles et des besoins humanitaires ».

Depuis l’ouest de l’Ukraine, un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que plus de 76 tonnes d’aide médicale ont pu entrer dans le pays. Tarik Jasarevic, a affirmé que quelques tonnes ont pu être distribuées lundi soir à Kyïv.

L’agence s’efforce de fournir rapidement du matériel médical à l’Ukraine, où les hôpitaux manquent d’oxygène, d’insuline, d’équipements de protection individuelle, de matériel chirurgical et de produits sanguins. L’approvisionnement en oxygène, les vaccins pour enfants et l’expertise en santé mentale figurent parmi les principales priorités dans la région de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU.