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De la farine est distribuée par l'UNRWA alors que les bombardements se poursuivent à Gaza.

Le chef de l’ONU appelle à continuer à financer l’UNRWA dont dépendent 2 millions de Palestiniens à Gaza

© UNRWA/Ashraf Amra
De la farine est distribuée par l'UNRWA alors que les bombardements se poursuivent à Gaza.

Le chef de l’ONU appelle à continuer à financer l’UNRWA dont dépendent 2 millions de Palestiniens à Gaza

Paix et sécurité

Après la décision par plusieurs pays de suspendre leur contribution à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, en raison d’accusations graves contre 12 de ses employés, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé dimanche ces pays à revenir sur leur décision, en soulignant que 2 millions d’habitants de Gaza dépendent de l’assistance fournie par cette agence onusienne pour leur survie.

Israël a fourni à l’ONU des informations accusant 12 employés de l’UNRWA à Gaza d’être impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre. Les Etats-Unis ont annoncé vendredi la suspension de tout financement futur de l’UNRWA pendant qu’ils examinent ces allégations et les mesures prises par les Nations Unies pour y répondre. Ils ont été suivi par plusieurs autres pays, dont le Royaume Uni et la France.

Dans une déclaration à la presse, le chef de l’ONU a souligné que les Nations Unies « agissent rapidement » suite aux allégations « extrêmement graves » portées contre plusieurs membres du personnel de l'UNRWA, notant en particulier qu’une enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) de l’ONU « a été immédiatement déclenchée ».

Des Palestiniens déplacés récupèrent de la nourriture dans un point de distribution près d'une école transformée en refuge à Gaza.
© UNRWA/Ashraf Amra
Des Palestiniens déplacés récupèrent de la nourriture dans un point de distribution près d'une école transformée en refuge à Gaza.

Personnes identifiées et licenciées

Sur les 12 personnes impliquées, neuf ont été immédiatement identifiées et licenciées par le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini ; l'un est confirmé mort et l'identité des deux autres est en cours de clarification, a précisé M. Guterres.

« Tout employé de l’ONU impliqué dans des actes de terrorisme sera tenu responsable, notamment par le biais de poursuites pénales. Le Secrétariat est prêt à coopérer avec une autorité compétente capable de poursuivre les individus conformément aux procédures normales du Secrétariat pour une telle coopération », a-t-il ajouté, rappelant que l'UNRWA avait également annoncé précédemment une évaluation complète et indépendante de l'agence le 17 janvier.

Le Secrétaire général a souligné que « 2 millions de civils à Gaza dépendent de l’aide essentielle de l’UNRWA pour leur survie quotidienne », mais que le financement actuel de l’UNRWA ne lui permettra pas de répondre à toutes les exigences pour les soutenir en février. « Tout en comprenant leurs inquiétudes – j’ai moi-même été horrifié par ces accusations – j’appelle vivement les gouvernements qui ont suspendu leurs contributions à garantir au moins la continuité des opérations de l’UNRWA », a-t-il dit.

« Les actes odieux présumés de ces membres du personnel doivent avoir des conséquences. Mais les dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui travaillent pour l’UNRWA, dont beaucoup se trouvent dans des situations parmi les plus dangereuses pour des travailleurs humanitaires, ne devraient pas être pénalisés. Les besoins urgents des populations désespérées qu’ils servent doivent être satisfaits », a-t-il plaidé.

Le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini (photo d'archives).
© UN Photo/Srdjan Slavkovic
Le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini (photo d'archives).

Plaidoyer du chef de l'UNRWA

Samedi, le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a également plaidé en faveur de la poursuite du financement de son agence, estimant que les décisions par plusieurs pays de suspendre leur financement  « menacent notre travail humanitaire en cours dans la région, y compris et en particulier dans la bande de Gaza ».

« Il est choquant de voir une suspension des fonds accordés à l'agence en réaction à des allégations contre un petit groupe d'employés, en particulier compte tenu de l'action immédiate prise par l'UNRWA en résiliant leurs contrats et en demandant une enquête indépendante et transparente. Le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies (BSCI), la plus haute autorité d'enquête du système des Nations Unies, a déjà été saisi de cette affaire très grave », a-t-il dit dans un communiqué de presse.

Il a rappelé que « l'UNRWA est la principale agence humanitaire à Gaza, avec plus de 2 millions de personnes qui en dépendent pour leur simple survie ». « Beaucoup ont faim alors que le temps presse et qu’une famine approche. L'agence gère des abris pour plus d'un million de personnes et fournit de la nourriture et des soins de santé primaires, même au plus fort des hostilités », a-t-il souligné.

Décision de la CIJ

M. Lazzarini a noté que dans son arrêt de vendredi, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël de prendre « des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont il y a un besoin urgent pour remédier aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens dans la bande de Gaza ». 

« La seule façon d’y parvenir est de coopérer avec les partenaires internationaux, en particulier l’UNRWA en tant que plus grand acteur humanitaire à Gaza », a dit le chef de l'UNRWA, précisant que quelque 3.000 employés sur 13.000 à Gaza continuent de se présenter au travail.

« Il serait extrêmement irresponsable de sanctionner une agence et une communauté entière qu'elle sert en raison d'allégations d'actes criminels contre certaines personnes, en particulier en période de guerre, de déplacements et de crises politiques dans la région », a affirmé le Commissaire général, rappelant que l’UNRWA partage chaque année la liste de tout son personnel avec les pays hôtes, y compris Israël et qu’elle n'a jamais reçu de préoccupations concernant des membres spécifiques du personnel.

« Entre-temps, une enquête menée par le BSCI sur ces allégations odieuses établira les faits. En outre, comme je l’ai annoncé le 17 janvier, un examen indépendant réalisé par des experts externes aidera l’UNRWA à renforcer son cadre pour le strict respect par l’ensemble du personnel des principes humanitaires », a ajouté M. Lazzarini, qui a exhorté « les pays qui ont suspendu leur financement à reconsidérer leur décision avant que l'UNRWA ne soit contraint de suspendre sa réponse humanitaire ».

« La vie des habitants de Gaza dépend de ce soutien, tout comme la stabilité régionale », a-t-il dit.

Qu’est-ce que l’UNRWA ?

L'UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, a été créé en 1949 par l’Assemblée générale des Nations Unies avec pour mandat de fournir une aide humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans la zone d’opérations de l’Office en attendant une solution juste et durable à leur sort. 

L'UNRWA opère en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie. 

Des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance à cause du conflit de 1948 continuent d’être déplacés et ont besoin de soutien, près de 75 ans plus tard. 

L'UNRWA aide les réfugiés palestiniens en fournissant des services dans les domaines de l'éducation, des soins de santé, des secours et des services sociaux, de la protection, des infrastructures et de l'amélioration des camps, de la microfinance et de l'aide d'urgence. L'UNRWA est financé presque entièrement par des contributions volontaires.