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Le risque d’épidémies mortelles terrifie les médecins de Gaza alors que l’aide continue d’arriver

Des familles palestiniennes qui ont fui leur foyer en raison du conflit sont hébergées dans des écoles de l'UNRWA.
© UNICEF/Hassan Islyeh
Des familles palestiniennes qui ont fui leur foyer en raison du conflit sont hébergées dans des écoles de l'UNRWA.

Le risque d’épidémies mortelles terrifie les médecins de Gaza alors que l’aide continue d’arriver

Paix et sécurité

Alors que la pause dans les combats à Gaza se poursuivait mardi, les agences humanitaires de l’ONU ont averti que les livraisons d’aide devaient se multiplier immédiatement pour sauver la vie des blessés et endiguer le risque d’épidémies mortelles qui inquiète les médecins.

Les priorités en matière d'assistance comprennent le transport du carburant vers le nord de l’enclave palestinienne déchirée par la guerre, afin qu’il puisse être utilisé pour faire fonctionner les hôpitaux, fournir de l’eau potable et entretenir d’autres infrastructures civiles vitales.

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Ces services ont été massivement touchés par les semaines de bombardements israéliens en réponse aux massacres du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, qui ont fait quelque 1.200 morts (environ 240 personnes ont été prises en otages).

Les autorités sanitaires de Gaza ont signalé que plus de 15.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tuées à ce jour dans les bombardements et les opérations menées par l'armée israélienne.

Diarrhées et infections respiratoires

Faisant le point depuis le sud de Gaza, un porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), James Elder, a déclaré qu'un médecin de l'hôpital Al-Shifa, dans le nord, lui avait dit que les menaces contre les enfants provenaient « principalement des airs et désormais du terrain », sous forme de diarrhées et d’infections respiratoires.

« En tant que professionnel de la santé, il était terrifié par les épidémies qui se cachent ici et par la façon dont elles dévasteraient les enfants dont le système immunitaire et le manque de nourriture… les affaiblissent dangereusement », a ajouté M. Elder.

Alors que les négociations se poursuivent pour la libération d'autres otages en échange d'une prolongation de la pause dans les combats, l'UNICEF a exprimé sa consternation de voir tant d'enfants et d'adolescents se battre pour leur vie, « avec d'horribles blessures de guerre, (gisant) dans des parkings sur des matelas de fortune, dans des jardins, partout, les médecins devant prendre des décisions horribles sur ce qui est prioritaire ».

Des besoins énormes

Un autre garçon dont la jambe avait été arrachée lors des violences a passé « trois ou quatre jours » à tenter d'atteindre le sud de Gaza, retardé par les points de contrôle, a poursuivi M. Elder. « L’odeur (de décomposition) était claire… et ce garçon avait des éclats d’obus partout. Il était potentiellement aveugle et avait des brûlures sur 50% de son corps ».

Faisant écho aux profondes inquiétudes suscitées par l'ampleur des besoins à Gaza, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a noté qu'une évaluation réalisée dans le nord au début de la pause des combats le 24 novembre avait montré que « tout le monde, partout, a des besoins sanitaires urgents ».

Des chirurgiens opèrent un patient à l'hôpital Al-Quds à Gaza.
OMS
Des chirurgiens opèrent un patient à l'hôpital Al-Quds à Gaza.

Accélération des livraisons d'aide

S'exprimant à Genève, une porte-parole de l'OMS, le Dr Margaret Harris, a noté que c'était « parce qu'ils meurent de faim, parce qu'ils manquent d'eau potable et qu'ils sont entassés…. en gros, si vous êtes malade, si votre enfant a la diarrhée, si vous avez une infection respiratoire, vous n'aurez aucune (aide) ».

Dans sa dernière mise à jour, le Bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU, OCHA, a indiqué que les livraisons d'assistance ont été accélérées au sud de Wadi Gaza, où la majeure partie des quelque 1,7 million de personnes déplacées à l'intérieur de l'enclave ont cherché refuge. « Les principaux prestataires de services, notamment les hôpitaux, les installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement et les abris, ont continué à recevoir quotidiennement du carburant pour faire fonctionner les générateurs », a souligné l'OCHA.

Appel à un cessez-le-feu humanitaire

S'adressant au débat annuel de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine, mardi, le Président de l'Assemblée générale, Dennis Francis; a exhorté les États membres de l'ONU à trouver un terrain d'entente, à discuter les uns avec les autres de bonne foi et à accroître leur détermination collective à mettre fin à la crise.

« Plus la peur, la méfiance, l’appétit de vengeance, la haine et l’anxiété s’enveniment et s’approfondissent – plus le gouffre psychologique se creuse et plus l’ombre qu'il projette sur les générations à venir grandit », a-t-il déclaré.

M. Francis a souligné qu’une sécurité et une stabilité durables au Moyen-Orient « ne peuvent pas et ne seront pas » réalisées sans une paix juste, durable et globale.

Le seul moyen viable de briser le cycle sans fin des conflits, de la violence et des douleurs et souffrances mutuelles, a-t-il dit, passe par une solution à deux États, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale.

Il a salué la pause dans les combats à Gaza, la qualifiant de « percée d’espoir ». Cependant, « ce n’est pas vraiment suffisant », a-t-il ajouté.

« Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire à plus long terme afin que la nourriture, l'eau et l'aide médicale désespérément nécessaires puissent parvenir à tous ceux qui en ont besoin dans la bande de Gaza et dans toutes les zones touchées », a-t-il dit, appelant à un traitement humain et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Il a également souligné que les couloirs d'aide humanitaire doivent rester ouverts et sécurisés.