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Des manifestants contre les armes nucléaires devant le siège de l'ONU (archive)

Le retour de la menace nucléaire est une pure folie, assure le chef de l’ONU

© ICAN/Seth Shelden
Des manifestants contre les armes nucléaires devant le siège de l'ONU (archive)

Le retour de la menace nucléaire est une pure folie, assure le chef de l’ONU

Paix et sécurité

A l’occasion d’une réunion de haut niveau célébrant la Journée internationale pour l’élimination des armes nucléaires, le chef de l’ONU s’est inquiété mardi d’une nouvelle course aux armements et du déclin de l’architecture du désarmement et de la non-prolifération.

« Si l’on veut empêcher le recours aux armes nucléaires, il n’y a qu’un moyen : les éliminer », a prôné António Guterres, évoquant « le message intemporel porté par les hibakusha, les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki » et son engagement auprès de ces derniers à mobiliser les pays autour de la nécessité de « prohiber l’usage de ces engins de destruction en toutes circonstances, et de les faire disparaitre de la surface de la Terre ». 

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Le Secrétaire général de l’ONU a justifié son ferme propos par l’urgence, et l’évidence, d’une inquiétante course aux armements, au moment où, pour la première fois depuis des décennies, le nombre d’armes nucléaires pourrait augmenter. 

Plus encore, il a constaté que l’architecture mondiale du désarmement et de la non-prolifération se délite. Alors que les Etats modernisent leurs arsenaux, ces armes deviennent plus rapides, plus précises et plus furtives, claire allusion au développement de nouveaux missiles hypersoniques par plusieurs pays, et à l’apport des technologies émergentes, en particulier l’intelligence artificielle, à l’autonomie et à la précision des nouveaux armements. 

Un monde multipolaire et nucléarisé

De plus, le monde est plus instable. « A nouveau, la menace du recours à l’arme nucléaire est brandie », a-t-il déploré. C’est de la pure folie ».

Sa mise en garde s’accordait avec celle de Dennis Francis, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui pour sa part, a noté « depuis quinze ans, un regain de violences à tous les niveaux, des conflits interétatiques et intraétatiques, des agressions fomentées par des Etats et par des acteurs non étatiques. « Un monde multipolaire…doté de l’arme nucléaire » propice, selon lui, à un effet domino dangereux, « avec le risque élevé de trébucher par erreur dans un cauchemar nucléaire ». 

Dennis Francis, notant « la propension humaine à la destruction », a décrit l’élimination de ces armes comme « un impératif moral », et appelé à galvaniser une génération de jeunes militants dans un mouvement mondial. 

António Guterres, lui aussi partisan d’une dénucléarisation complète, a appelé les Etats à renforcer le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires existant et à réaffirmer leur attachement à son application. 

Outre les deux traités sur la non-prolifération et sur l’interdiction des armes nucléaires, ce régime comprend le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Bien que cet accord international ne soit pas entré en vigueur, il atteste avec force, aux yeux d’António Guterres, « la volonté de l’humanité de l’humanité de conjurer, une fois pour toutes, le spectre d’un anéantissement de notre monde » par ces armes.

Le Secrétaire général a donc appelé tous les pays qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier ce traité sans délai et demandé aux Etats nucléaires d’observer un moratoire total sur ces essais. 

Privilégier le dialogue

Enfin, il a exhorté la communauté internationale à redéployer les outils intemporels du dialogue, de la diplomatie et de la négociation pour apaiser les tensions et mettre fin à la menace nucléaire.

Ce dialogue, inscrit parmi les priorités de désarmement et de prévention des conflits du Nouvel Agenda pour la paix de l’ONU, doit selon lui s’étendre à toutes les catégories d’armes nucléaires, aborder l’interaction croissante entre armes stratégiques et classiques, ainsi que le lien entre les armes nucléaires et les technologies émergentes.

« Eloignons-nous du précipice », a conclu le Secrétaire général, en appelant tous les Etats Membres à se rallier à « cette cause essentielle ».