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Soudan : l'envoyé de l’ONU réclame le plein respect du cessez-le-feu

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, M. Volker Perthes, s'adresse aux journalistes depuis le Soudan.
ONU Info
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, M. Volker Perthes, s'adresse aux journalistes depuis le Soudan.

Soudan : l'envoyé de l’ONU réclame le plein respect du cessez-le-feu

Paix et sécurité

Le Représentant spécial de l'ONU pour le Soudan a appelé les factions militaires rivales qui ont plongé le pays dans le chaos au cours de 11 jours de combats à « respecter pleinement » le cessez-le-feu de 72 heures, alors que les rapports faisant état de violences intercommunautaires et d'attaques dans la région du Darfour occidental suscitent une inquiétude croissante.

Volker Perthes, qui est également chef de la Mission d'assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (UNITAMS), s'est félicité de l'accalmie des combats dans certaines parties du pays entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), tout en notant que « le cessez-le-feu n'est pas entièrement respecté ».

Il a appelé les deux parties à respecter le dernier jour du cessez-le-feu de 72 heures convenu « et à faciliter l'accès humanitaire » à l'ONU et à ses partenaires, qui continuent de fournir une aide vitale dans la mesure où les conditions le permettent.

M. Perthes, qui reste au Soudan avec d'autres hauts responsables de l'ONU, s'est déclaré « profondément préoccupé par les récentes informations faisant état de violences à El Geneina (Darfour occidental), qui semblent de plus en plus prendre une dimension intercommunautaire avec des attaques contre des civils, des pillages et des distributions d'armes au sein des communautés locales ».

Des locaux de l'ONU pillés

Le Représentant spécial a ajouté que les attaques avaient également donné lieu à « d'autres pillages massifs, y compris de locaux de l'ONU ».

Il a une nouvelle fois appelé à la fin immédiate du conflit entre les deux factions, qui ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur l'intégration de leurs forces avant la transition tant attendue vers un régime civil, avant que la violence ne s'intensifie.

Appelant à la protection de tous les humanitaires, de leurs installations et de leurs biens, le chef de l'UNITAMS a déclaré aux généraux rivaux qu'il était « crucial » que les civils puissent quitter en toute sécurité les zones de combats actifs et avoir accès aux « fournitures essentielles ».

Il a salué les efforts déployés par les autorités locales de la région pour désamorcer les tensions et s'est engagé à travailler avec toutes les parties « en vue d'un cessez-le-feu durable assorti d'un mécanisme de surveillance, de négociations politiques et de l'allègement des souffrances humaines ».

Davantage de décès dus aux maladies

S'exprimant pour sa part à Genève, le Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que les violences qui secouent le Soudan ont des conséquences terribles sur la santé.

« En plus du nombre de morts et de blessés causés par le conflit lui-même, l'OMS s'attend à ce qu'il y ait beaucoup plus de décès dus aux épidémies, au manque d'accès à la nourriture et à l'eau et aux perturbations des services de santé essentiels, y compris la vaccination », a-t-il déclaré.

L'OMS estime qu'une vie sur quatre aurait pu être sauvée si les blessés avaient eu accès à des soins médicaux d'urgence de base.

« Mais le personnel paramédical, les infirmières et les médecins ne peuvent pas accéder aux civils blessés, et les civils ne peuvent pas accéder aux services. Dans la capitale Khartoum, 61% des établissements de santé sont fermés et seuls 16% fonctionnent normalement », a fait valoir le chef de l’agence sanitaire mondiale.

24.000 naissances, sans soins hospitaliers

De nombreux patients atteints de maladies chroniques, telles que les maladies rénales, le diabète et le cancer, n'ont pas accès aux établissements de santé ou aux médicaments dont ils ont besoin.

Dans les semaines à venir, environ 24.000 femmes accoucheront dans la capitale, « mais elles n'ont actuellement pas accès aux soins maternels », a signalé M. Tedros.

Le risque de maladies diarrhéiques est élevé, car l'approvisionnement en eau est interrompu et les gens boivent l'eau des rivières pour survivre, a noté le Directeur général de l'OMS.

« Les programmes de nutrition ayant été suspendus, 50.000 enfants courent un risque réel, et les mouvements de civils en quête de sécurité menacent le fragile système de santé dans tout le pays », a-t-il ajouté.

Depuis le début du conflit, l'OMS a vérifié 16 attaques contre le secteur de la santé, qui ont fait au moins huit morts jusqu'à présent.

Des réfugiés soudanais s'abritent sous des arbres dans un village au Tchad à 5 km de la frontière.
© UNHCR/Aristophane Ngargoune
Des réfugiés soudanais s'abritent sous des arbres dans un village au Tchad à 5 km de la frontière.

Des milliers de personnes fuient les combats 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés s’est fait l'écho des appels répétés lancés pour que les hostilités cessent immédiatement et que toutes les parties s'engagent dans des efforts de paix significatifs, « une nécessité urgente pour éviter une autre crise majeure de déplacement qui pourrait déstabiliser davantage une région fragile ».

Dans une déclaration, Filippo Grandi s’est dit « très préoccupé par le fait que le conflit brutal qui sévit actuellement au Soudan contraint des dizaines de milliers de personnes à quitter leur foyer en quête de sécurité, tant à l'intérieur du pays qu'au-delà de ses frontières ».

« Les besoins humanitaires au Soudan étaient déjà énormes avant la flambée de violence, notamment ceux des 3,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Leur nombre augmente rapidement, bien qu'aucune statistique ne soit encore disponible », a fait valoir le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

« Au moins 20.000 réfugiés soudanais ont fui vers le Tchad, un pays aux ressources limitées qui accueillait déjà près de 600.000 réfugiés », a signalé M. Grandi, précisant que « les nouveaux arrivants sont originaires du Darfour, l'une des régions du Soudan les plus touchées par la violence et où l'instabilité croissante pourrait entraîner des déplacements beaucoup plus importants dans les semaines à venir ».

Le chef du HCR a également indiqué que d'autres Soudanais étaient entrés en Egypte et que son agence discute avec le gouvernement égyptien de la manière de s'assurer que les personnes ayant besoin d'une protection internationale soient accueillies et traitées de manière adéquate.

Au moins 4.000 réfugiés du Soudan du Sud - parmi les 1,1 million de réfugiés des pays voisins actuellement accueillis par le Soudan - ont été contraints de rentrer prématurément chez eux dans une profonde incertitude et seront probablement suivis d'autres, a également dit M. Grandi mercredi.

Le Haut-Commissaire a appelé tous les pays voisins du Soudan « à garder leurs frontières ouvertes aux personnes en quête de sécurité et de protection », affirmant que l’agence renforce son soutien aux gouvernements de ces pays qui se préparent à accueillir un plus grand nombre d'arrivants.

Le HCR, avec le reste des Nations Unies, reste au Soudan « pour soutenir sa population et continue d'opérer partout où il peut accéder en toute sécurité et utilise également certains des réseaux communautaires mis en place pendant la pandémie, a dit M. Grandi. L’agence a l'intention d'intensifier ses opérations partout au Soudan dès que possible.

Le Haut-Commissaire a appelé la communauté internationale à fournir d'urgence des ressources adéquates pour soutenir les efforts du HCR, depuis longtemps extrêmement sous-financées dans la région.

« Nous devons répondre d'urgence aux besoins des réfugiés ainsi qu'à ceux des pays et communautés d'accueil, d'autant plus que de plus en plus de personnes cherchent à se mettre à l'abri. Il est possible d'éviter une catastrophe totale, mais le temps presse », a conclu M. Grandi.

Pitié pour les enfants : la vie doit primer

Dans une déclaration commune, la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, et la Représentante spéciale sur la violence contre les enfants, Najat Maalla M'jid, se sont déclaré alarmées par le nombre de civils tués, y compris des enfants.

« La vie, la protection et le bien-être des enfants doivent primer sur les opérations de combat, et nous appelons toutes les parties à cesser les hostilités et à assurer la protection totale de tous les enfants », ont dit les deux hautes responsables.

« Les parties doivent en outre s'abstenir d'attaquer les infrastructures civiles conformément au droit international humanitaire, en particulier celles qui touchent les enfants, notamment les écoles et les installations médicales, ainsi que les systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement », ont-elles précisé.

Elles ont également rappelé aux militaires engagés dans les combats que « quel que soit leur rôle, les enfants de moins de 18 ans ne doivent en aucun cas être impliqués dans un conflit armé, le recrutement et l'utilisation d'enfants étant interdits par le droit international ».