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La menace de génocide est toujours réelle, déclare le chef de l'ONU, commémorant les victimes dans le monde entier

Recueillement sur une tombe à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par la justice internantionale.
Photo ONU
Recueillement sur une tombe à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par la justice internantionale.

La menace de génocide est toujours réelle, déclare le chef de l'ONU, commémorant les victimes dans le monde entier

Droit et prévention du crime

En réponse à la montée des discours de haine et des discriminations dans le monde, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exhorté les pays à prendre des mesures concrètes pour protéger les minorités et les autres communautés menacées de génocide.

M. Guterres a lancé cet appel dans son message pour marquer la Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime, observée vendredi.

« C’est aux États qu’incombe la responsabilité première de prévenir le génocide, mais les chefs religieux et les responsables locuax, la société civile, le secteur privé et les médias - y compris les médias sociaux, jouent un rôle essentiel », a-t-il déclaré.

Réexaminer l'échec de la prévention

Pour le Secrétaire général, la Journée internationale est l'occasion de se souvenir et de rendre hommage aux victimes et aux survivants de génocides à travers le monde. « C'est une journée pour revenir sur notre échec collectif à prévenir ce crime dans le passé et pour faire mieux désormais », a-t-il ajouté.

Pourtant, plus de 70 ans après l'adoption par la communauté internationale d'une convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, « la menace de génocide reste présente dans de nombreux endroits du monde », a-t-il averti.

« La discrimination et les discours de haine, signes avant-coureurs du génocide, se répandent partout », a-t-il déclaré. « Nous devons faire plus pour mobiliser une plus grande volonté politique et une plus grande détermination afin de lutter contre ces tendances dangereuses. Nous devons faire plus pour respecter notre engagement à libérer l'humanité du fléau du génocide ».

M. Guterres a rappelé que le mois dernier, il avait visité le musée du génocide Tuol Sleng, dans la capitale cambodgienne, Phnom Penh. Il a rencontré des survivants des atrocités commises sous le régime brutal des Khmers rouges, dont le témoignage émouvant a rappelé avec force les souffrances individuelles, la douleur et l'horreur des génocides et des atrocités criminelles.

« Je demande à chaque État membre de prendre des mesures concrètes pour protéger les communautés à risque, notamment les minorités, et pour lutter contre la discrimination et la persécution », a déclaré M. Guterres. « En cette Journée internationale de commémoration victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime, j'exhorte toutes les parties prenantes à utiliser tous les moyens à leur disposition pour prévenir ce crime et y mettre fin ».

Un adolescent rwandais âgé de 14 ans de la ville de Nyamata, photographié en juin 1994, a survécu au génocide.
Photo UNICEF/UNI55086/Press
Un adolescent rwandais âgé de 14 ans de la ville de Nyamata, photographié en juin 1994, a survécu au génocide.

Le pouvoir du sport

La Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, a également souligné la nécessité d'une action mondiale.

Elle s'est adressée à un événement commémoratif à New York qui a examiné le rôle du sport dans la prévention des atrocités.

Mme Nderitu a déclaré que l'histoire a montré les dangers des discours de haine et leur impact s'ils ne sont pas contestés.

« Les discours de haine peuve,t être à la fois un indicateur de risque et un déclencheur des crimes atroces de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité », a-t-elle déclaré.

« Nous l'avons vu à l'approche de l'Holocauste, du génocide contre les Tutsis au Rwanda et à Srebrenica, où le récit de ‘l'autre’ a été utilisé pour déshumaniser et diffamer, contribuant à l'exclusion, à la stigmatisation, à la discrimination, à l'isolement, aux crimes de haine et dans les cas les plus graves, des atrocités, y compris le génocide » a-t-elle ajouté.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, consulte des documents conservés par les archives du musée du génocide de Tuol Sleng à Phnom Penh, au Cambodge, le site de la tristement célèbre prison de sécurité S-21 des Khmers rouges.
Nick Sells
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, consulte des documents conservés par les archives du musée du génocide de Tuol Sleng à Phnom Penh, au Cambodge, le site de la tristement célèbre prison de sécurité S-21 des Khmers rouges.

Un plan d’action contre la haine

L'événement a également vu le lancement d'un plan d'action pour contrer les discours de haine par l'engagement avec le sport.

Connu sous le nom de GAME PLAN, il est le résultat de deux années de consultations menées par la Conseillère spéciale et un groupe de travail composé de représentants des principales ligues sportives des États-Unis et d'ailleurs.

L'initiative trouve son origine dans le sommet mondial « Eliminate Hate » (Eliminer la haine) organisé par des dirigeants locaux dans la ville américaine de Pittsburgh à la suite de l'assaut d'octobre 2018 contre la synagogue Tree of Life - l'attaque antisémite la plus meurtrière de l'histoire du pays.

L'un des coprésidents du groupe de travail sur le sport est Michele Rosenthal, ancienne responsable des affaires communautaires de l'équipe de football des Pittsburgh Steelers, dont les deux frères ont été tués dans l'attaque.

Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, qui s'est également adressé à l'événement, a souligné comment le sport peut contribuer à rendre le monde meilleur.

« Dans le sport, tout le monde parle la même langue, au-delà des frontières, des cultures et des religions », a-t-il déclaré. « Le sport peut développer un sens de la compréhension et de la sensibilisation à la diversité, il peut combattre les stéréotypes et les discours de haine ».